Né le 4 août 1893 à Kolstein (Bas-Rhin annexé à l’Empire allemand), massacré le 2 avril 1944 à Azerat (Dordogne) ; victime civile d’origine juive.

René Kahn fut l’une des nombreuses victimes de la division Brehmer en Dordogne.
Du 26 mars au 2 avril 1944, la division Brehmer, ou division B de l’initiale du patronyme de son chef, le général Brehmer, accompagnée par des éléments de la Sipo-SD et de la Brigade nord-africaine et bénéficiant de renseignements collectés par des délateurs, collaborationnistes ou non, et par l’administration de Vichy, traversa le département de la Dordogne, traquant les maquisards et massacrant des civils en représailles dans le cadre d’opérations de répression, mais aussi en conduisant une politique génocidaire à l’encontre des nombreux Juifs réfugiés dans le département ; les hommes furent abattus parce que juifs et, à plusieurs reprises, les femmes et les enfants furent arrêtés, transférés à Drancy puis déportés vers les centres de mise à mort, Auschwitz-Birkenau principalement.
En zone dite libre puis zone sud, les Juifs avaient été recensés en application d’une loi de Vichy du 2 juin 1941, le jour même de la promulgation du second statut des Juifs ; un recensement spécifique des Juifs étrangers intervint en janvier 1942 ; enfin, une loi de Vichy du 11 décembre 1942 imposa en zone sud la mention « juif » sur la carte d’alimentation et sur la carte d’identité des Juifs français et étrangers.
René Kahn avait épousé Suzanne Loewenstein, née le 2 novembre 1892 à Fribourg (Allemagne). Le couple, réfugié en Dordogne, était domicilié à Hautefort. René Kahn fut abattu le 2 avril 1944 au cimetière d’Azerat par un détachement de la division Brehmer. Son épouse, arrêtée le même jour, fut transférée à Drancy puis déportée sans retour à Auschwitz-Birkenau par le convoi n° 71 parti le 13 avril 1944.
Cinq autres Juifs furent massacrés au même endroit les deux jours précédents : Tobias Grunbaum et Joseph Cohen (arrêtés à Grange-d’Ans), Nathan Schenkel et Nephtali Grün (arrêtés à La Bachellerie), Pierre Khantine (arrêté à Rouffignac).
Leurs noms sont inscrits sur une plaque commémorative apposée sur le mur du cimetière.
La division Brehmer à Hautefort fut particulièrement acharnée dans sa traque des Juifs puisque sept femmes arrêtées à Hautefort furent déportées et cinq hommes fusillés, dont René Kahn.
Voir La Bachellerie et ses environs (Dordogne), 30-31 mars 1944
Sources

SOURCES : Registre d’état civil d’Azerat (où il est donné comme fusillé le 2 avril). — Arch. dép. Dordogne, 1573 W 8, Rapport du 28 septembre 1944 rédigé par M. Lagrange, instituteur d’Hautefort. — CDJC - carnet de fouilles de Drancy n° 114 et CDJC CCXV-40a (pour Suzanne Kahn-Loewenstein). — Bernard Reviriego, Les Juifs en Dordogne, 1939-1944, Périgueux, Éditions Fanlac-Archives départementales de la Dordogne, 2003, pp. 245, 247, 250-251, 371-72. — Anacr Dordogne, Mémorial de la Résistance en Dordogne… Sous la terreur nazie, Périgueux, Copédit, 1985, p. 238 (où il apparaît sous le nom de Kalm). — Guy Penaud, Les crimes de la division Brehmer, La traque des résistants et des juifs en Dordogne, Corrèze, Haute-Vienne (mars-avril 1944), Périgueux, Éditions La Lauze, 2004, p. 257-406. — Paul Mons, La folie meurtrière de la division Brehmer, mars-avril 1944, Dordogne-Corrèze, Haute-Vienne, Brive-la-Gaillarde, Éditions Les Monédières, 2016, pp. 97-100.

Bernard Reviriego, Dominique Tantin

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