Né le 11 juin 1919 à Strasbourg (Bas-Rhin), massacré le 30 mars 1944 à La Bachellerie (Dordogne) ; victime civile d’origine juive.

Marius Gerst fut l’une des nombreuses victimes de la division Brehmer en Dordogne.
Du 26 mars au 2 avril 1944, la division Brehmer, ou division B de l’initiale du patronyme de son chef, le général Brehmer, accompagnée par des éléments de la Sipo-SD et de la Brigade nord-africaine et bénéficiant de renseignements collectés par des délateurs, collaborationnistes ou non, et par l’administration de Vichy, traversa le département de la Dordogne, traquant les maquisards et massacrant des civils en représailles dans le cadre d’opérations de répression, mais aussi en conduisant une politique génocidaire à l’encontre des nombreux Juifs réfugiés dans le département ; les hommes furent abattus parce que juifs et, à plusieurs reprises, tandis que, bien souvent, les femmes et les enfants furent arrêtés, transférés à Drancy puis déportés vers les centres de mise à mort, Auschwitz-Birkenau principalement.
En zone dite libre puis zone sud, les Juifs avaient été recensés en application d’une loi de Vichy du 2 juin 1941, le jour même de la promulgation du second statut des Juifs ; un recensement spécifique des Juifs étrangers intervint en janvier 1942 ; enfin, une loi de Vichy du 11 décembre 1942 imposa en zone sud la mention « juif » sur la carte d’alimentation et sur la carte d’identité des Juifs français et étrangers.
Le 30 mars au matin, un détachement composé de 300 à 400 hommes fut envoyé à La Bachellerie. Il était en possession de listes établies en concertation avec la Milice : communistes ou supposés tels, ressortissants anglais, personnes soupçonnées d’aider le Maquis, et, enfin, les Juifs. A l’issue des opérations de police et de la sélection qui en résulta, seize hommes, dont dix Juifs, furent arrêtés et massacrés les 30 mars et 1er avril. Leurs noms figurent sur la stèle de La Genèbre.
Tandis que les hommes, et même les enfants, car Charles et Marcel Vogelhut n’étaient âgés que de 14 et 15 ans, étaient abattus, les autres membres des familles juives, c’est-à-dire les femmes, les vieillards et les enfants, furent transférés au 35e Régiment d’infanterie de Périgueux. Mis à l’écart des autres détenus, ils furent mal nourris, maltraités, et les femmes furent contraintes à des taches humiliantes. Après quelques jours, ces 33 personnes furent transférées à Drancy, puis déportées au camp d’Auschwitz-Birkenau, par le convoi n° 71 du 13 avril 1944.
La plus jeune des victimes, Liliane Gerst, avait deux ans, mais seize autres enfants l’accompagnaient. La plupart d’entre elles furent dirigées vers les chambres à gaz et les fours crématoires.
C’est donc 43 Juifs de La Bachellerie qui ont été ce jour-là fusillés ou déportés. Cinq seulement de ces déportés purent revenir.
Marius Gerst était réfugié en Dordogne avec son épouse Régine Chaja Rifka Gold, née le 13 mars 1915 à Kolbuszowa. Il fut massacré le 30 mars 1944 dans ce village, au lieu-dit Moulin de Muguet. Sa femme fut arrêtée le même jour, transférée à Drancy le 6 avril et déportée sans retour vers Auschwitz-Birkenau par le convoi n° 71 parti le 13 avril 1944 de la gare de Bobigny.
Mais, ce même jour, le beau-père de Marius Gerst, Rubin Gold, fut aussi fusillé, tandis que furent arrêtés et déportés par le même convoi n° 71, sa fille Liliane (2 ans), sa belle-mère, Myrla, ses belles-sœurs, Sarah, Chana, Ida, ses nièces, Rosette (9 ans) et Colette (5 ans) Krieger, ses neveux, Maurice Lichtensztejn (7 ans), Paul Schupak (9 ans).
Son nom apparaît sur le Monument aux morts de la commune de La Bachellerie ainsi que sur le monument commémoratif dédié aux fusillés de la commune (stèle de La Genèbre).
Les noms des déportés juifs sont inscrits sur le monument commémoratif inauguré le 18 mai 2008.
Voir La Bachellerie et ses environs (30 mars -1er avril 1944)
Sources

SOURCES : Registre d’état civil de La Bachellerie. — Arch. dép. Dordogne, 15 :73 W 6 ; 1 W 1809 – dont procès-verbal ; 1 W 1901 ; 60 W 14. — CDJC DCXXVI-12. — Régine : CDJC - carnet de fouilles de Drancy n° 172, Klarfeld, Mémorial des enfants, p. 1038 et photo à la même page Arch. dép. Dordogne, 60 W 14. — Liliane : Klarsfeld, Mémorial des enfants, p. 346, photo p. 1039. — Bernard Reviriego, Les Juifs en Dordogne, 1939-1944, Périgueux, Éditions Fanlac-Archives départementales de la Dordogne, 2003, pp. 243-245, 336. — Guy Penaud, Les crimes de la division Brehmer, La traque des résistants et des juifs en Dordogne, Corrèze, Haute-Vienne (mars-avril 1944), Périgueux, Éditions La Lauze, 2004, pp. 211-217, 403. — Paul Mons, La folie meurtrière de la division Brehmer, mars-avril 1944, Dordogne-Corrèze, Haute-Vienne, Brive-la-Gaillarde, Éditions Les Monédières, 2016, p. 127-130. — Martial Faucon, Les enfants martyrs de La Bachellerie ou l’un des plus odieux crimes nazis en Périgord, Memoria-Edition, 2009.

Bernard Reviriego, Dominique Tantin

Version imprimable