Né le 15 septembre 1898 à Colmar (Haut-Rhin annexé à l’Empire allemand), massacré le 30 mars 1944 à La Bachellerie (Dordogne) ; victime civile d’origine juive.

Charles Netter fut l’une des nombreuses victimes de la division Brehmer en Dordogne.
Du 26 mars au 2 avril 1944, la division Brehmer, ou division B de l’initiale du patronyme de son chef, le général Brehmer, accompagnée par des éléments de la Sipo-SD et de la Brigade nord-africaine et bénéficiant de renseignements collectés par des délateurs, collaborationnistes ou non, et par l’administration de Vichy, traversa le département de la Dordogne, traquant les maquisards et massacrant des civils en représailles dans le cadre d’opérations de répression, mais aussi en conduisant une politique génocidaire à l’encontre des nombreux Juifs réfugiés dans le département ; les hommes furent abattus parce que juifs tandis qu’à de nombreuses reprises, les femmes et les enfants furent arrêtés, transférés à Drancy puis déportés vers les centres de mise à mort, Auschwitz-Birkenau principalement.
En zone dite libre puis zone sud, les Juifs avaient été recensés en application d’une loi de Vichy du 2 juin 1941, le jour même de la promulgation du second statut des Juifs ; un recensement spécifique des Juifs étrangers intervint en janvier 1942 ; enfin, une loi de Vichy du 11 décembre 1942 imposa en zone sud la mention « juif » sur la carte d’alimentation et sur la carte d’identité des Juifs français et étrangers.
Le 30 mars au matin, un détachement composé de 300 à 400 hommes fut envoyé à La Bachellerie. Il était en possession de listes établies en concertation avec la Milice : communistes ou supposés tels, ressortissants anglais, personnes soupçonnées d’aider le Maquis, et, enfin, les Juifs. À l’issue des opérations de police et de la sélection qui en résultèrent, seize hommes, dont dix Juifs, furent arrêtés et massacrés les 30 mars et 1er avril au lieu-dit La Genèbre. Leurs noms figurent sur la stèle érigée en ce lieu. Tandis que les hommes, et même deux enfants de quatorze et quinze ans, ont été fusillés, les autres membres des familles juives, c’est-à-dire les femmes, les vieillards et les enfants, furent transférés au 35e Régiment d’infanterie de Périgueux. Mis à l’écart des autres détenus, ils ont été mal nourris, maltraités, et les femmes furent contraintes à des taches humiliantes. Après quelques jours, ces 33 personnes ont été transférées à Drancy, puis au camp d’Auschwitz, par le convoi n° 71 du 13 avril 1944. La plus jeune des victimes, Liliane Gerst, avait deux ans, mais 16 autres enfants l’accompagnaient. La plupart d’entre elles ont été dirigées vers les chambres à gaz et les fours crématoires. C’est donc quarante-trois Juifs de La Bachellerie qui furent ce jour-là fusillés ou déportés. Cinq seulement des déportés purent revenir.
Charles Netter était l’époux d’Adrienne Meyer, née le 13 décembre 1903 à Valenciennes. Repliés de Strasbourg, ils étaient domiciliés à La Bachellerie. Ils avaient trois enfants, dont Yves, né le 22 novembre 1932 à Anzin, et Monique, née le 8 novembre 1936 à Valenciennes. Le 30 mars, Charles Netter, après avoir été rassemblé avec neuf autres victimes, fut conduit au lieu-dit La Genèbre, sur la même commune, où il fut exécuté. Son épouse Adrienne, ainsi que Yves (11 ans) et Monique (7 ans) furent également arrêtés, transférés au 35e RAD de Périgueux puis à Drancy, où ils arrivèrent le 6 avril 1944 pour être déportés à Auschwitz par le convoi n° 71.
Son nom apparaît sur le Monument aux morts de la commune de La Bachellerie ainsi que sur le monument commémoratif dédié aux fusillés de la commune (stèle de La Genèbre).
Les noms des déportés juifs sont inscrits sur le monument commémoratif inauguré dans la commune le 18 mai 2008.
Le nom de Charles Netter est également inscrit sur une plaque apposée à Valenciennes avec une étoile juive, "A nos Héros. A nos Martyrs", plaque qui énumère les "fusillés par les Nazis : Dreyfus Sée Albert, Lazard Maurice, capitaine, chevalier de la Légion d’honneur, Netter Charles, ancien président de l’ACI de Valenciennes". La plaque cite aussi des "Morts au champ d’honneur : Jeszurin Ignace, lieutenant pilote DFC, Tchertoff Isidore FFL, Besserman Henri FFI. S’agit-il de même la même personne ?
Voir : Lieu de massacre : La Bachellerie et ses environs (Dordogne), 30-31 mars 1944
Sources

SOURCES : Charles : Registre d’état civil de La Bachellerie. Arch. dép. Dordogne, 60 W 14 ; 1573 W 6 ; 1 W 1809. CDJC, DCXXVI-12. — Adrienne : CDJC, carnet de fouilles de Drancy n° 113. — Yves et Monique : Klarsfeld, Mémorial des enfants, p. 348. — Il existe deux photos de Charles et Adrienne Netter : CDJC-coll. Yveline Ferment-Martin, MXII_12152. — Bernard Reviriego, Les Juifs en Dordogne, 1939-1944, Périgueux, Éditions Fanlac-Archives départementales de la Dordogne, 2003, pp. 243-245, 418-419. — Guy Penaud, Les crimes de la division Brehmer, La traque des résistants et des juifs en Dordogne, Corrèze, Haute-Vienne (mars-avril 1944), Périgueux, Éditions La Lauze, 2004, p. 211-217, 404. — Paul Mons, La folie meurtrière de la division Brehmer, mars-avril 1944, Dordogne-Corrèze, Haute-Vienne, Brive-la-Gaillarde, Éditions Les Monédières, 2016, p. 127-130.— Martial Faucon, Les enfants martyrs de la Bachellerie ou l’un des plus odieux crimes nazis en Périgord, Memoria-Edition, 2009.— Jean-Paul Bedoin-Anacr Dordogne, Chemins de la mémoire… Dordogne. Volume 1, Conseil général de la Dordogne, 2011, p. 43-48. — Jean-Marc Parisis, Les inoubliables, récit, Paris, Flammarion, 2014.

Bernard Reviriego, Dominique Tantin

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