Né le 16 décembre 1919 à Rive-de-Gier (Loire), mort en action le 20 juillet 1944 à La Versanne (Loire) ; tôlier ; soldat de 2ème classe, chef de groupe, Forces Françaises de L’Intérieur (FFI), détachement de La Versanne.

Fils de Michel et d’Andrée Pichenot. Marié à Catherine Boyadjis, père de deux enfants. Domicilié à Izieux (Loire), commune aujourd’hui rattachée à Saint-Chamond (Loire), lieu- dit Ricolin.
Mobilisé, il fut affecté au dépôt du Bataillon de l’Air n° 105 et incorporé le 8 juin 1940. Le 15 juin 1940, il passa à la 1ère compagnie, puis le 27 juin 1940 à la 4ème Cie. Affecté le 4 août 1940 au parc 23/131, démobilisé par le CD de Perpignan le 30 septembre 1940 pour être versé dans les Chantiers de Jeunesse, il fut libéré le 2 février 1941. En juillet 1942, il fit une demande de passeport et s’engagea avec sa femme comme travailleur volontaire en Allemagne où il se retrouva à Aschersleben, province de Sachsen. Revenu en permission en France, il aurait déclaré à son père : « plutôt mourir que retourner en Allemagne » et il décida de rejoindre un maquis. Sa femme repartit seule en Allemagne, leurs deux enfants étant confiés à leurs grands-parents paternels. Son cheminement jusqu’au groupe de maquisards n’est pas connu.
Début juin 1944, un groupe de résistants dont une jeune femme, composé en majorité de mineurs d’origine polonaise, s’était d’abord installé dans des bâtiments de ferme entre le col de la République et Saint-Genest-Malifaux (Loire). Le 12 juillet 1944, sept d’entre eux participèrent à une opération de réquisition : un camion, intercepté sur la Nationale 82, fut conduit à Saint-Régis-du-Coin (Loire) à la villa du président de la Légion des Combattants du canton par ailleurs administrateur du Nouvelliste, journal vichyste lyonnais. Sur place, les maquisards saisirent les denrées alimentaires qu’ils chargèrent sur le véhicule et l’affaire fit grand bruit dans le voisinage. Le propriétaire déposa plainte auprès des autorités d’occupation, plusieurs dénonciations parvinrent à la Kommandantur et la Feldgendarmerie de Saint-Etienne fut chargée de faire cesser les pillages qui se succédaient dans le secteur. Vers le 16 juillet, le groupe de maquisards, contraint de quitter son refuge, s’installa quelques kilomètres plus loin, dans une ferme inhabitée des Grands-Bois au lieu-dit « Les loges de Montheux » sur la commune de La Versanne. On ne les perdit pas de vue pour autant : « Ils sont encore par là ; ce matin deux d’entre eux étaient sur la route à proximité de l’Hôtel du Grand-Bois, l’un armé d’une mitraillette et l’autre d’un fusil de chasse… déclara à la police allemande la délatrice la plus zélée ; elle aurait même ajouté : « le patron les ravitaille en boissons et il y a souvent avec eux un GMR qui habite sur la route de Bourg-Argental … et qui répare leurs motos. ». Une intervention sur les lieux fut lancée le 20 juillet par la Feldgendarmerie avec l’aide de la Gestapo allemande et d’agents français.
Au petit matin, une troupe, d’environ 400 soldats sur des camions, accompagnée de voitures de tourisme, fut déployée sur le secteur : les allemands formèrent des barrages sur toutes les routes et encerclèrent l’Hôtel du Grand-Bois situé sur la RN82. L’établissement fut fouillé et le registre contrôlé : une seule cliente, accompagnée de sa fille en bas âge, fut sortie de sa chambre pour être interrogée et le patron fut requis pour indiquer le chemin jusqu’aux Loges de Montheux, à quelques centaines de mètres. Plus bas, sur la route, deux cyclistes furent interpellés par les agents de la Gestapo : l’un d’eux, Jean Goyet, Garde Mobile Républicain en congé, porteur d’une arme qu’il aurait justifiée par son statut de policier, dut de les suivre ; l’autre put continuer son chemin vers Saint-Etienne. Dument renseignés sur les lieux, tous les allemands avancèrent vers le refuge et la troupe se positionna en éventail autour de la ferme. A proximité, des paysans travaillant dans leurs champs allèrent être témoins du combat et en rapportèrent le récit. La fumée sortait de la cheminée, un maquisard qui se rasait devant la maison cria « Les voilà ! » et il tomba le premier sous le feu des mitraillettes. Les autres se réfugièrent à l’intérieur et ripostèrent mais ne purent faire face très longtemps devant le nombre d’assaillants et la soudaineté de l’attaque ; à court de munitions, ils durent se rendre. Trois hommes, dont le chef du groupe mains liées dans le dos, furent d’abord faits prisonniers puis passés par les armes derrière la maison, avec un quatrième, blessé au ventre. Plus loin dans la prairie, les soldats allaient poursuivre leur triste besogne, achevant d’au moins une balle dans la tête tous les autres partisans souvent déjà blessés, ainsi qu’en témoigne la description des corps dans l’état-civil. Le corps de Charles Bergeretti portait une blessure au côté droit et deux balles dans la tête.
L’acte de décès rédigé le 20 juillet 1944, d’abord établi pour un « inconnu », fut modifié par un jugement du Tribunal Civil de Saint-Etienne en date du 21 mars 1945. Charles Bergeretti est Mort pour la France. Son nom figure sur le Mémorial de La Versanne aux loges de Montheux, sur les Monument aux Morts d’Izieux à Saint-Chamond et de Rive-de-Gier, sur la plaque commémorative de la CGT-FSM à Saint-Chamond. D’abord enterré à La Versanne, il fut inhumé définitivement au cimetière d’Izieux.
Sources

DAVCC Caen, cote 21P 20369 - Arch. Dép. Rhône : Mémorial de l’Oppression, cote 3808 W 833 - Arch. Mun. Saint-Etienne (Loire) : Fonds ANACR-Loire - Jean-Michel Steiner : 2 juillet 1944. La Versanne. Loire : Un maquis Franco-Polonais de la MOI-FTP exterminé par la Wehrmacht, in Le Résistant de La Loire N°157-158, 1er semestre 2010 - Mémoire des Hommes – Etat-civil de La Versanne (Loire).

Michelle DESTOUR

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