Né le 9 février 1887 à Haguenau (Bas-Rhin), massacré le 1er avril 1944 à Hautefort (Dordogne) ; victime civile d’origine juive.

Henri Kauffmann fut l’une des nombreuses victimes de la division Brehmer en Dordogne.
Du 26 mars au 2 avril 1944, la division Brehmer, ou division B de l’initiale du patronyme de son chef, le général Brehmer, accompagnée par des éléments de la Sipo-SD et de la Brigade nord-africaine et bénéficiant de renseignements collectés par des délateurs, collaborationnistes ou non, et par l’administration de Vichy, traversa le département de la Dordogne, traquant les maquisards et massacrant des civils en représailles dans le cadre d’opérations de répression, mais aussi en conduisant une politique génocidaire à l’encontre des nombreux Juifs réfugiés dans le département ; les hommes furent abattus parce que juifs et les femmes et les enfants furent arrêtés, transférés à Drancy puis déportés vers les centres de mise à mort, Auschwitz-Birkenau principalement.
En zone dite libre puis zone sud, les Juifs avaient été recensés en application d’une loi de Vichy du 2 juin 1941, le jour même de la promulgation du second statut des Juifs ; un recensement spécifique des Juifs étrangers intervint en janvier 1942 ; enfin, une loi de Vichy du 11 décembre 1942 imposa en zone sud la mention « juif » sur la carte d’alimentation et sur la carte d’identité des Juifs français et étrangers.
La division Brehmer fut, à Hautefort, particulièrement acharnée dans sa traque des Juifs puisque, le 1er avril 1944, sept femmes y furent arrêtées puis déportées et cinq hommes ont été fusillés, dont Samuel Hess. Ce dernier était, selon certaines sources, domicilié à Thenon, mais il semble qu’au moment des faits il se soit trouvé à l’hospice d’Hautefort. Il a été fusillé à Hautefort, près du village de la Nouaillette, le 1er avril 1944. Sa valise a été retrouvée brûlée à côté de lui. Les deux autres victimes enlevées à l’hospice étaient vraisemblablement Maurice Ullmer et Samuel Hess. Cet épisode relatif à l’hospice ne peut être pour l’instant prouvé par des écrits, mais il est avéré que Maurice Ullmer et Henri Kaufmann avaient été pensionnaires en 1942 de l’hospice de La Jarthe à Saint-Astier, qui n’accueillait que des Juifs. Celui-ci étant menacé par les Allemands, les responsables de l’Aide Sociale Israélite de Périgueux entreprirent, au début de l’année 1944, de supprimer cet hospice et de « planquer » les vieillards, comme on le faisait pour les enfants.
Henri Kaufmann vivait à l’hospice de vieillards de la Jarthe, commune de Saint-Astier, puis à celui d’Hautefort. Il fut abattu à Hautefort, près du village de la Nouaillete, le 1er avril 1944. Sa valise a été brûlée à côté de lui.
Extrait du rapport des Renseignements généraux du 27 décembre 1944. Arch. Dép. Dordogne, 1573 W 6.
"Le 2 avril 1944, Hautefort reçut la visite des policiers allemands de Périgueux venus chercher des Juifs. Dès leur arrivée, ils ont prié le maire de la commune de bien vouloir convoquer à la mairie les gendarmes de la brigade, ce qui fut fait. Dès leur arrivée ces derniers reçurent l’ordre d’accompagner les Allemands au domicile des Juifs et à l’hôpital. Trois d’entre eux étaient en traitement. Accompagnés de M. Hospital, secrétaire de mairie et d’un gendarme de la brigade de Hautefort, trois soldats en armes se rendirent dans cet établissement et demandèrent à la sœur Saint-Michel de leur indiquer les chambres où se trouvaient les Juifs sus-mentionnés. Ces derniers furent fouillés puis invités à suivre les militaires. Chargés sur un camion où étaient déjà d’autres personnes arrêtées dans d’autres localités voisines, ils furent emmenés en direction de Badefols d’Ans. Ce camion revint quelques instants après et les soldats se firent conduire chez M. Cahen Jérôme et l’arrêtèrent ainsi que sa femme. D’autre part, certains Israélites ayant réussi à s’enfuir, leur domicile fut pillé. Vers 20 heures, les Allemands quittaient la localité. Le lendemain, dans un champ en bordure de la R.N. 62, on découvrit les cadavres des personnes arrêtées."
Quatre autres Juifs domiciliés à Hautefort ont été fusillés : Maurice Ullmer et Samuel Hess qui furent arrêtés à l’hospice d’Hautefort ont été fusillés à Hautefort, près du village de la Nouaillette. Jacob Cahen (époux de Rose Aline Levy) a été fusillé à Tourtoirac dans un champ en bordure de la RN 62. René Kahn (époux de Suzanne Loewenstein), domicilié à Hautefort, a été fusillé dans le cimetière d’Azerat le 1er avril.
Quatre femmes furent arrêtées et déportées à Auschwitz par le convoi n° 71 : Sarah Isaac née Willig, Suzanne Kahn née Loewenstein (épouse de René Kahn), Fanny Loewenstein née Willig, Rose Aline Levy (épouse de Jacob Cahen).
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Dordogne, 51 W 1814 ; 1573 W 6 ; 1573 W 8 ; 1 W 1815-2, Rapport d’activité de la gendarmerie pour le mois d’avril 1944. — Registre d’état civil de Hautefort. — CDJC CCXV-40 a, archives non cotées du consistoire du Bas-Rhin. —
Bernard Reviriego, Les Juifs en Dordogne, 1939-1944, Périgueux, Éditions Fanlac-Archives départementales de la Dordogne, 2003, p. 247-248, 374. — Guy Penaud, Les crimes de la division Brehmer, La traque des résistants et des juifs en Dordogne, Corrèze, Haute-Vienne (mars-avril 1944), Périgueux, Éditions La Lauze, 2004, p. 280, 405. — Paul Mons, La folie meurtrière de la division Brehmer, mars-avril 1944, Dordogne-Corrèze, Haute-Vienne, Brive-la-Gaillarde, Éditions Les Monédières, 2016, p. 89.

Bernard Reviriego, Dominique Tantin

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