Hesmond (Pas-de-Calais), 4 septembre 1944
Le 4 septembre 1944 des éléments de la 245e division d’infanterie allemande en repli depuis Dieppe (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), fusillent et massacrent 16 otages civils à Hesmond (Pas-de-Calais) au lieu-dit le Fonds des Vachaux.
Dans la nuit du 31 août 1944, les derniers Allemands ont quitté Dieppe (Seine-Inférieure, Seine-Maritime). Les éléments de la 245e Infanterie-Division, ainsi que les dernières troupes de la Kriegsmarine et de la Luftwaffe partent après avoir détruit une partie des installations portuaires. Les Canadiens libéreront la ville le 1er septembre 1944. L’évacuation allemande avait débuté le 28 août : la troupe réquisitionnait tous les moyens de locomotion à Dieppe puis le long de sa route de retraite. C’est ainsi que les Allemands vont requérir lors de leur passage à Arques-la-Bataille, proche de Dieppe, sept ouvriers agricoles et leurs attelages. La route de repli suivie par certains éléments de ces troupes va les amener à longer la côte vers le nord en direction de Boulogne. La prise d’otages d’Arques-la-Bataille se termine tragiquement à Hesmond, (village du Pas-de-Calais proche de la partie côtière du département), par le massacre collectif de 16 civils avec parmi eux, six fusillés civils du village d’Offin et les sept ouvriers agricoles requis en Seine-Inférieure.
Article paru dans le quotidien La Voix du Nord le 3 septembre 2014
Offin : le spectre du massacre de 1944 est toujours présent dans les mémoires
Le 4 septembre 1944, seize personnes étaient fusillées par les troupes allemandes en déroute. Plus tôt, un soldat allemand avait été abattu lors d’un accrochage avec les résistants. Ce jeudi, une commémoration a lieu à Offin et à Hesmond.
Alors qu’à Montreuil, la foule applaudit les troupes canadiennes qui libèrent la ville, à 15 km de là, à Offin, c’est l’effroi. Les troupes allemandes refluent devant les alliés. « C’est une armée en déroute composée d’hommes en proie à la peur », explique René Lesage, du comité d’histoire du Haut-Pays qui a enquêté sur le drame d’Offin. Et ils ont raison d’avoir peur. Ils sont harcelés par les résistants qui sont entrés en insurrection. À Offin, ce sont des éléments de la 245e division d’infanterie de la Wehrmacht qui se trouvent dans le secteur. Ils viennent de Seine-Maritime. Ils ont avec eux des chevaux réquisitionnés en même temps que leurs propriétaires à Arques-la-Bataille (76). Un détachement allemand est cantonné à la ferme du Fond de Lebiez. « Dans la nuit, il y a eu un accrochage entre les soldats et les résistants aux environs de cette ferme, poursuit René Lesage. Et un soldat allemand a été tué. Les résistants ont pris la fuite et ont trouvé protection auprès des troupes canadiennes. »
Un survivant
Ceux qui se trouvaient à la ferme Surmont, à Offin, non loin de là, n’ont pas eu cette chance. Il y a là une vingtaine de personnes. Des Offinois avec les Surmont, les Duhamel et les Souffrin. Et aussi quelques hommes d’Arques-la-Bataille, qui suivaient leurs chevaux réquisitionnés. « Vers 11 h 30, alors qu’ils viennent d’apprendre qu’un de leurs camarades a été tué par des résistants, un détachement allemand débarque dans la ferme Surmont. Ils ont déjà une prisonnière, une femme originaire de Tchécoslovaquie, qui posait des ballots de paille sur le corps du soldat abattu. Elle obéissait probablement à un ordre des résistants. Dans la ferme, les soldats embarquent 14 hommes » Ces derniers et la femme sont conduits à Hesmond et fusillés dans un champ. Il y aura un survivant : René Martin, qui s’est évanoui juste avant que la grêle de balles ne s’abatte sur le groupe.
Après le massacre, les soldats reprennent leur route. Non sans faire deux autres victimes supplémentaires qui se trouvaient sur leur passage. En février 1945, dans un article de Nord Matin, un certain Lieutenant Nagel, officier Allemand, est mis en cause. L’auteur de l’article affirme qu’une instruction est ouverte pour retrouver les auteurs du massacre d’Offin. « Il semble bien qu’à l’inverse d’Oradour-sur-Glane, personne n’ait eu à répondre de ce crime de guerre », conclut René Lesage.
Fusillés à Hesmond :
Ernest Bisson, 46 ans* otage civil d’Arques-la-Bataille 76
Gérard Fabry, 22 ans * otage civil d’Arques-la-Bataille 76
Jules Duhamel, 43 ans* otage civil d’Arques-la-Bataille 76
Julien Boucourt, 22 ans * otage civil d’Arques-la-Bataille 76
Marcel Parrain, 20 ans* otage civil d’Arques-la-Bataille 76
Abel Cuffel, 39 ans* otage civil d’Arques-la-Bataille 76
André Houssay, 18 ans * otage civil d’Arques-la-Bataille 76
Yves Duhamel, 17 ans
Michel Duhamel, 19 ans
Louis Surmont, 20 ans
Robert Surmont, 20 ans
Roger Surmont, 16 ans
Paul Souffrin, 20 ans
Mélania Andreickova, 31ans.
Tués par les Allemands en retraite après l’exécution :
Léonce de Bournonville, 66 ans ; Louis Maillard, 48 ans.
Article paru dans le quotidien La Voix du Nord le 3 septembre 2014
Offin : le spectre du massacre de 1944 est toujours présent dans les mémoires
Le 4 septembre 1944, seize personnes étaient fusillées par les troupes allemandes en déroute. Plus tôt, un soldat allemand avait été abattu lors d’un accrochage avec les résistants. Ce jeudi, une commémoration a lieu à Offin et à Hesmond.
Alors qu’à Montreuil, la foule applaudit les troupes canadiennes qui libèrent la ville, à 15 km de là, à Offin, c’est l’effroi. Les troupes allemandes refluent devant les alliés. « C’est une armée en déroute composée d’hommes en proie à la peur », explique René Lesage, du comité d’histoire du Haut-Pays qui a enquêté sur le drame d’Offin. Et ils ont raison d’avoir peur. Ils sont harcelés par les résistants qui sont entrés en insurrection. À Offin, ce sont des éléments de la 245e division d’infanterie de la Wehrmacht qui se trouvent dans le secteur. Ils viennent de Seine-Maritime. Ils ont avec eux des chevaux réquisitionnés en même temps que leurs propriétaires à Arques-la-Bataille (76). Un détachement allemand est cantonné à la ferme du Fond de Lebiez. « Dans la nuit, il y a eu un accrochage entre les soldats et les résistants aux environs de cette ferme, poursuit René Lesage. Et un soldat allemand a été tué. Les résistants ont pris la fuite et ont trouvé protection auprès des troupes canadiennes. »
Un survivant
Ceux qui se trouvaient à la ferme Surmont, à Offin, non loin de là, n’ont pas eu cette chance. Il y a là une vingtaine de personnes. Des Offinois avec les Surmont, les Duhamel et les Souffrin. Et aussi quelques hommes d’Arques-la-Bataille, qui suivaient leurs chevaux réquisitionnés. « Vers 11 h 30, alors qu’ils viennent d’apprendre qu’un de leurs camarades a été tué par des résistants, un détachement allemand débarque dans la ferme Surmont. Ils ont déjà une prisonnière, une femme originaire de Tchécoslovaquie, qui posait des ballots de paille sur le corps du soldat abattu. Elle obéissait probablement à un ordre des résistants. Dans la ferme, les soldats embarquent 14 hommes » Ces derniers et la femme sont conduits à Hesmond et fusillés dans un champ. Il y aura un survivant : René Martin, qui s’est évanoui juste avant que la grêle de balles ne s’abatte sur le groupe.
Après le massacre, les soldats reprennent leur route. Non sans faire deux autres victimes supplémentaires qui se trouvaient sur leur passage. En février 1945, dans un article de Nord Matin, un certain Lieutenant Nagel, officier Allemand, est mis en cause. L’auteur de l’article affirme qu’une instruction est ouverte pour retrouver les auteurs du massacre d’Offin. « Il semble bien qu’à l’inverse d’Oradour-sur-Glane, personne n’ait eu à répondre de ce crime de guerre », conclut René Lesage.
Fusillés à Hesmond :
Ernest Bisson, 46 ans* otage civil d’Arques-la-Bataille 76
Gérard Fabry, 22 ans * otage civil d’Arques-la-Bataille 76
Jules Duhamel, 43 ans* otage civil d’Arques-la-Bataille 76
Julien Boucourt, 22 ans * otage civil d’Arques-la-Bataille 76
Marcel Parrain, 20 ans* otage civil d’Arques-la-Bataille 76
Abel Cuffel, 39 ans* otage civil d’Arques-la-Bataille 76
André Houssay, 18 ans * otage civil d’Arques-la-Bataille 76
Yves Duhamel, 17 ans
Michel Duhamel, 19 ans
Louis Surmont, 20 ans
Robert Surmont, 20 ans
Roger Surmont, 16 ans
Paul Souffrin, 20 ans
Mélania Andreickova, 31ans.
Tués par les Allemands en retraite après l’exécution :
Léonce de Bournonville, 66 ans ; Louis Maillard, 48 ans.
Sources
SOURCES : Hommage aux fusillés et aux massacrés de la Résistance en Seine Maritime. 1940-1944. Edité par l’Association Départementale des familles de fusillés de la Résistance de Seine-Maritime. 1992. – Article de la presse locale Hesmond-Offin 1944 (2014). – Mémorial GenWeb.
Jean-Paul Nicolas