ZINS Charles
Né le 10 juillet 1896 à Piskorowice (Pologne), abattu sommairement le 21 juin 1944 à Lisle (Dordogne) ; commerçant ; victime civile d’origine juive.
Dans le cimetière du Nord à Reims
Sur le monument aux martyrs de la Résistance et de la Déportation à Reims
Sur la stèle de la synagogue de Reims
SOURCE : Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson
Fait prisonnier lors de l’offensive allemande de mai-juin 1940, Charles Zins fut transféré en Allemagne, puis libéré en 1941. Il revint à Reims où sa petite entreprise passa sous le contrôle d’un administrateur provisoire en mars 1941, puis fut radiée du registre du commerce le 5 juillet 1941. À la suite d’une dénonciation, Cécile Zins fut interpellée le 10 septembre 1941 en train de vendre des chemises sur un marché sans avoir de patente et fit dès lors l’objet d’une surveillance policière. En juin 1942, lors de la distribution des étoiles jaunes, les Zins furent signalés comme « partis de Reims ; adresse inconnue ». Ils avaient réussi à passer en zone non occupée au printemps 1942 et s’étaient installés à Lisle en Dordogne dès le 10 avril 1942. Leur fils Bernard était réfugié chez des amis à Périgueux.
Le 21 juin 1944, vers 10 heures, des Allemands et des miliciens cernèrent le bourg de Lisle en interdisant à la population de sortir des maisons et menèrent des actions de représailles. Selon le récit de Charles Altorffer, directeur des Cultes d’Alsace et de Lorraine qui fut chargé en septembre 1939 de la direction du service des réfugiés d’Alsace-Lorraine à Périgueux, ces actions font suite à une manifestation patriotique qui avait eu lieu quelques jours plus tôt dans le bourg. « À Lisle, il y eut des arrestations, des blessés et un mort. N’ayant pas trouvé à s’occuper autrement, les miliciens ont pillé et rossé les Juifs réfugiés à Lisle. Ils leur ont même volé les objets de piété. […]. Quelques jours plus tard, je me suis rendu auprès du chef de la milice de Périgueux, à qui j’ai dit ma façon de penser. A mon grand étonnement il m’a présenté des excuses et m’a remis les objets du culte dérobés aux Juifs de Lisle […] ».
Le corps de Charles Zins a été découvert le 25 juin 1944 dans la commune voisine de Bussac.
L’acte de décès numéro 3 dressé le 29 juin 1944 à l’état civil de Bussac déclare : « Le 25 juin 1944 dix-sept-heures trente minutes nous avons constaté le décès paraissant remonter à quatre ou cinq jours de Charles Zins […] Le corps a été trouvé sur le territoire de notre commune ».
Selon le certificat médical délivré par Louis Fargeot, médecin à Lisle et mentionné en marge de l’acte de décès, « la mort est due à deux balles au moins, l’une dans la région de la tempe gauche, l’autre dans la nuque », ce qui laisse supposer une exécution à bout portant suivie du coup de grâce.
Le corps a été identifié par son épouse qui a « formellement reconnu chaussures et mouchoir du défunt ».
Charles Zins a été reconnu « Mort pour la France ».
À Reims où Charles Zins est inhumé dans le cimetière du Nord, son nom est inscrit sur la stèle de la synagogue et sur la liste des victimes civiles du monument aux martyrs de la Résistance et de la Déportation.
SOURCES : Arch. Dép. Marne M 3096, Juifs, renseignements fournis aux autorités occupantes. — Arch. Dép. Dordogne, 1573 W 6. — Serge Ejnès, Histoire des Juifs de Reims pendant la Seconde Guerre mondiale, Reims, 1995 — Jocelyne Husson, La déportation des Juifs de la Marne, Presses universitaires de Reims, 2001. — Bernard Reviriego, Les Juifs en Dordogne, 1939-1944, Périgueux, Éditions Fanlac-Archives départementales de la Dordogne, 2003, p. 259, 502. — Charles Altorffer, " Au service des réfugiés alsaciens dans le Sud-Ouest (1939-1945) ", Outre-Forêt, revue du Cercle d’Histoire et d’Archéologie de l’Alsace du Nord, éditions de la Société d’histoire de l’Alsace du Nord. — ANACR Dordogne, Mémorial de la Résistance en Dordogne… Sous la terreur nazie, Périgueux, Copédit, 1985, p. 35. — État civil, Bussac (acte de décès).
Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson, Bernard Reviriego