Né le 5 septembre 1916 à Paris (Xe arr.), abattu le 4 mai 1944 à Lyon (Rhône), à l’angle de la rue des 3 Maries et de la rue du Palais de Justice (Ve arr.) ; manœuvre ; membre des Jeunesses communistes et du Parti communiste ; résistant au sein de l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE).

Joseph Heinich était le fils de Sloïm (Shlomo, Sloime) Heinich et de Sura Beila (Sarah) Moïse. Ses parents étaient Juifs roumains originaires de Jassy (Iași). Il naquit au 196 rue Saint-Maur, domicile de la sage-femme qui l’accoucha. Sa famille vivait à l’époque 4 rue Darwin (XVIIIe arr.). Les Heinich s’installèrent ensuite 3 rue Marcel Sembat (XVIIIe arr.). Joseph Heinich avait deux sœurs et deux frères, nés entre 1912 et 1930 à Paris. Sa mère fut couturière et son père, tailleur et marchand d’habits. Ils furent tous deux naturalisés Français par décret du 5 août 1924. Joseph Heinich adhéra dès l’âge de 16 ans aux Jeunesses communistes puis au Parti communiste. Il était un militant très actif. Le 3 juin 1937, il se maria avec Sali Backer (Bäcker) à Paris (XVIIIe arr.). Il fut manœuvre et demeura 31 rue Letort dans le XVIIIe arrondissement de Paris.
Lorsque l’armée allemande envahit la France, Joseph Heinich quitta Paris et s’installa à Lyon (Rhône) où il demeura 8 rue Omer Louis (IIIe arr.).
Le 20 juillet 1942, son frère Georges Heinich fut déporté à Auschwitz par le convoi numéro 8 au départ d’Angers (Maine-et-Loire). Le 18 septembre 1942, son père fut déporté à Auschwitz par le convoi numéro 34 au départ de Drancy.
La lecture de la notice écrite par l’historien David Diamant nous apprend que Joseph Heinich s’engagea dans la Résistance et qu’au sein de l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE), il participa à de nombreuses actions. D’après ce texte, Joseph Heinich prit part en particulier à trois opérations : à la tête d’un groupe, il attaqua les services de l’UGIF, montée des Carmélites, et détruisit des listes potentiellement dangereuses pour de nombreux Juifs. Quelques mois plus tard, il dirigea une action contre une importante usine métallurgique de la région. Avec une vingtaine d’hommes, il détériora de nombreuses machines, contraignant l’entreprise à l’inactivité pendant plusieurs mois. Par ailleurs, il exécuta un dénonciateur. On trouve, en effet, dans le résumé des opérations exécutées par les groupes de combat de l’UJRE et dans le livre de Paul Garcin, trois opérations correspondantes : en janvier 1944, dix hommes détruisirent des dossiers dans les bureaux de l’UGIF, montée des Carmélites. En février, un groupe de cinq hommes exécutèrent un mouchard dans le quartier de la Croix-Rousse. Le 21 mars 1944, à 20 heures, dix-huit combattants UJRE, FTP-MOI et FTPF, firent exploser la quasi totalité des machines-outils de l’usine Million, 58 avenue de la Ferrandière (Villeurbanne), qui travaillait pour le compte des Allemands.
Le 4 mai 1944, Joseph Heinich fut abattu à l’angle de la rue des 3 Maries et de la rue du Palais de Justice (Lyon, Ve arr.). D’après sa femme et David Diamant, il fut arrêté par la police française qui connaissait son activité politique. Alors qu’il tentait de s’enfuir, un inspecteur lui tira trois balles dans la tête. Étrangement, il n’existe aucune trace de cet événement dans les rapports journaliers du commissariat central de Lyon.
Joseph Heinich fut homologué sergent FFI et obtint le titre d’interné résistant. Il fut reconnu Mort pour la France en 1946 et décoré de la médaille de la Résistance en février 1960. Son nom apparaît sur une plaque commémorative située 31 rue Letort : « Ici a vécu Joseph Heinich résistant combattant le nazisme abattu le 4 mai 1944 à Lyon à l’âge de 27 ans Mort pour la France ». Inhumé le 14 mai 1944 au cimetière de la Guillotière (Lyon), son corps fut exhumé en novembre 1948 et enterré le 13 décembre au cimetière de Bagneux (Hauts-de-Seine), 31e division, 11e ligne, 17e tombe.
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Rhône, 3808W978 (nom orthographié Heinick, dossier vide), 45W50.— Arch. Mun. Lyon, 1899W015 (nom orthographié Heinick), acte de décès 630 (Ve arr.).— Arch. Dép. Paris, registre d’inhumation du cimetière de Bagneux, répertoire des transports de corps, liste nominative de recensement de population de 1931, fichier des électeurs de la Seine 1921-1939.— Arch. Nat. (en ligne), décrets de naturalisation de l’année 1924.— SHD, Vincennes, inventaire de la sous-série 16P.— SHD, Vincennes, 19P69/21.— David Diamant, Combattants, héros et martyrs de la Résistance : biographies, dernières lettres, témoignages et documents, 1984.— Paul Garcin, Interdit par la censure : 1942-1944, 1944.— Mémoire des hommes.— Mémorial Genweb.— Site Internet du Mémorial de la Shoah.— Site Internet de Yad Vashem.— État civil.

Jean-Sébastien Chorin

Version imprimable