Né à Saint-Laurent-de-Cerdans (Pyrénées-Orientales) le 27 septembre 1911, mort abattu le 21 août 1944 par des Allemands à Coustouges (Pyrénées-Orientales) ; ouvrier sandalier à Saint-Laurent-de-Cerdans ; résistant (AS)

Jean Giraud était le fils de François Giraud, cordier et de Justine Ferrer, sans profession âgés respectivement de trente-quatre et trente-trois ans en 1911. Son frère, Joseph Giraud, fut un militant du Parti socialiste SFIO de Saint-Laurent-de-Cerdans et un conseiller municipal de cette petite ville.
Célibataire, Jean Giraud travaillait dans une usine de sandales de Saint-Laurent-de-Cerdans, activité importante de cette localité industrielle du Haut Vallespir, près de la frontière franco-espagnole.
Jean Giraud était, depuis le début de 1943, un résistant de Saint-Laurent-de-Cerdans. Membre de l’AS (Armée secrète), il était sans doute également membre d’un réseau dont l’activité était le passage de messages destinés à Londres ou Alger et de fugitifs (« Évadés de France » ou autres). Il était aussi en contact avec le groupe de guerrilleros espagnols de l’AGE implantés dans la commune (Voir Sabatier Émile).
Accompagné par Antonio Esposito, un guérilléro, Jean Giraud fut abattu le 21 août 1944 par un Allemand sur le territoire de Coustouges près de la borne frontière n° 540, au bord de la Muga, cours d’eau qui sert de frontière entre la France et l’Espagne pendant quelques kilomètres depuis sa source. Esposito fut, pour sa part, blessé au genou. C’était le lendemain de la Libération des Pyrénées-Orientales. Giraud s’était rendu près de la frontière afin de récupérer des armes que les Allemands (des gardes frontière du détachement cantonné à Can Demont) auraient pu abandonner ainsi que le relate l’abbé Bousquet, curé de Saint-Laurent-de-Cerdans dans son journal (entrée 21 août 1944) dont Raymond Sala cite quelques extraits dans son livre (op. cit.). Les Allemands qui occupaient le Haut Vallespir (douaniers et membres de la Sipo-SD) avaient l’ordre de gagner la plaine du Roussillon afin de s’agréger au Marschgruppe dont l’objectif était d’atteindre la vallée du Rhône. Mais, le 19 août, leur colonne fut interceptée près de Céret (Pyrénées-Orientales) au Pont de Reynès (Voir Madern Dominique). Ils rebroussèrent chemin et entrèrent (une centaine au total, arrêtés par les Espagnols pour franchissement illégal de la frontière et introduction de devises étrangères) en territoire espagnol par Coustouges afin de gagner Figueres (où ils furent désarmés) via Maçanet de Cabrenys.
Giraud pensait donc que les Allemands ne se trouvaient plus en territoire français lorsqu’il fut intercepté par un groupe d’Allemands attardés et égarés dans la montagne. Ces derniers avaient quitté la ferme de Can Demont et avaient emprunté le sentier qui se mène vers le thalweg de la Muga, à proximité de la borne frontière 540. Il fut la dernière victime des forces d’occupation allemandes dans les Pyrénées-Orientales. Un Allemand fut aussi tué dans cet affrontement. Il fut inhumé au cimetière de Coustouges et identifié en 1961. Un autre Allemand, blessé au Pont de Reynès, sans doute Ludwig Buttner (Voir Madern Dominique), succomba des suites de ses blessures dans ce secteur. Il fut enterré près de la ferme de Can Demont et exhumé dans le courant des années 2000.
Jean Giraud fut déclaré « Mort pour la France ». Son nom figure sur le monument aux morts de Saint-Laurent-de-Cerdans.
Sources

SOURCES : Arch. dép. Pyrénées-Orientales, 2 E 5250, registre de l’état-civil de Saint-Laurent-de-Cerdans. — Raymond Gual, Jean Larrieu, Vichy, l’occupation nazie et la Résistance catalane, II b, De la Résistance à la Libération, Prades, Terra Nostra, 1998, p. 921. — Raymond Sala, Histoire et mémoires pyrénéennes. Saint-Laurent-de-Cerdans, Canet, Trabucaire, 2015, 229 p. [pp.219-220]. — Georges Sentis, Dictionnaire biographique de résistants et des civils des Pyrénées-Orientales tués par les Allemands et les collaborateurs, Perpignan, Marxisme / régions, 2012, 28 p. [p. 25]. — Cristià [Christian] Xanxo, La Libération de Catalunya Nord ou le retrait allemand. Samedi 19 et dimanche 20 août 1944, Prades, Terra Nostra, 2015, 151 p. [p. 112]. — Site MemorialGenWeb consulté le 21 novembre 2017.

André Balent

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