La citadelle de Pont-Saint-Esprit (Gard) fut, entre février et août 1944, l’un des principaux lieux d’incarcération, de torture et d’exécutions de la 8e compagnie du 3e régiment de la Division Brandebourg. C’est de là que fut extrait un nombre indéterminé de résistants, la plupart arrêtés dans le Gard, l’Ardèche, la Drôme et le Vaucluse, pour être exécutés sommairement et précipités dans le Rhône. Seuls les corps d’une dizaine d’entre eux furent retrouvés. D’autres résistants qui y furent internés ont été déportés. La 8e compagnie commença à s’installer à Pont-Saint-Esprit fin janvier 1944. Elle y transféra son centre d’instruction fin mars. Composée de recrues françaises et, dans une moindre mesure, espagnoles et de cadres allemands, cette unité spéciale de la Wehrmacht, contrôlée par l’Abwehr et communément confondue avec les Waffen SS, était directement reliée à l’état-major de la XIXe armée allemande dont la QG était autour d’Avignon. Ses éléments sévirent des Cévennes aux Alpes-Maritimes et sont responsables ou co-responsables avec la Wehrmacht et le Sipo-SD (Gestapo) des principaux crimes de guerre commis dans cette région. Dans le Gard, les "Waffen SS" de la 8e compagnie de la division Brandenburg sévirent également à Alès et furent responsables des charniers de Servas. et de Saint-Hilaire-de-Brethmas.

Pont-Saint-Esprit (Gard), entrée de la citadelle
Pont-Saint-Esprit (Gard), entrée de la citadelle
Pont-Saint-Esprit (Gard), plaque commémorative des morts de la citadelle
Pont-Saint-Esprit (Gard), plaque commémorative des morts de la citadelle
À l’instar des ponts médiévaux italiens, le Pont-Saint-Esprit comprenait une véritable cité hospitalière avec église, hôtellerie, asile pour les voyageurs, hospice pour les malades et les isolés. Sur la rive droite du Rhône, là où s’affirma la cité, fut édifiée la Citadelle (entre 1595 et 1620), en grande partie détruite par les bombardements alliés en 1944. Pendant la guerre et l’occupation, nombreux ont été les patriotes résistants emprisonnés, torturés, exécutés, précipités dans le fleuve, d’où le nom de "Citadelle de la Souffrance" qui lui a été donné, notamment par l’historien Aimé Vielzeuf.
L’occupant et ses complices ont trouvé dans les fortifications édifiées par Vauban des lieux propices (même s’ils ne sont pas exclusifs) pour tenter de mater tous ceux qui s’opposent à leur dessein. Alès (Gard) en est un exemple avec son Fort Vauban, intact, longtemps prison des Républiques, aujourd’hui en grande partie désaffecté. Pont-Saint-Esprit est un autre exemple, même si actuellement il reste bien peu de choses de la Citadelle pratiquement démolie, à la suite de la guerre et à ses séquelles.
Pont-Saint-Esprit, ville carrefour :
Cette petite ville du département du Gard, située sur le Rhône, aux confins des départements de l’Ardèche et du Vaucluse, sur des axes de communication Est-Ouest et Nord-Sud très importants est ce qu’on appelle volontiers une plaque tournante. Elle l’a été aussi pour l’action résistante et la répression.
Pont-Saint-Esprit, ville de résistance et la répression dans la vallée de la Cèze (Gard) :
À la fin 1942, les troupes d’Occupation (encore peu nombreuses) s’installèrent à la Citadelle qui leur servit de casernement, tandis que l’Hôtel de l’Europe devient le siège de la Kommandantur puis de la Gestapo.
En janvier 1943, un émissaire de Jean Moulin "Max", chargea Raoul Trintignant (père de l’acteur Jean-Louis), responsable de l’Armée secrète (AS) à Pont de trouver un terrain susceptible de permettre des atterrissages de petits avions et des parachutages ; ce qui fut effectif au domaine de Saint-Georges, commune de Vénéjean. De novembre 1943 au début de 1944, quelques opérations de répression sont menées par les troupes d’Occupation allemandes et italiennes contre les maquis de la vallée de la Cèze (Gard), mais sans grand succès.
La tension monta dans le secteur à la suite de l’exécution de deux miliciens locaux, Georges Guez et son fils, le 8 novembre 1943, par un groupe de Francs-Tireurs et Partisans (FTP) du Vaucluse : ils avaient fourni à la Gestapo une liste de 100 otages. Pont-Saint-Esprit devint un centre important de concentration de troupes allemandes avec l’arrivée dans le Gard le 26 février 1944 de la division SS Hohenstaufen commandée par le général W. Bittrich (ancien commandant de la division Das Reich) qui installa son PC à Nîmes. À Pont-Saint-Esprit, au début mars, la division avait installé ses hommes de troupe dans la Citadelle et sa Kommandantur à l’Hôtel de l’Europe. Cette installation avait été précédée, vers le 28 janvier 1944, par celle du PC et de la logistique (le Tross) de la 8e compagnie Brandebourg qui venaient de Marseille. Un détachement de la compagnie s’installa à peu près au même moment à Viviers. Spécialisés dans l’infiltration de la Résistance en se faisant passer pour des réfractaires au STO (Service du travail obligatoire) cherchant à rejoindre le maquis, les éléments Brandebourg servirent probablement de « poissons-pilotes » aux opérations de répression de grande ampleur menées par la division Hohenstauffen dans le secteur, notamment dans la chasse aux maquisards de Bir Hakeim (Voir Capel Jean), ce qui entraina, le 3 mars, la destruction du hameau des Crottes, à Labastide-de-Virac, en Basse Ardèche. Le hameau des Crottes fut pillé et incendié, laissant quinze cadavres de civils (dont quatre enfants et quatre femmes) le 3 mars 1944 à cinq heures du matin.
La répression devait encore s’accentuer après le départ de la division Hohenstaufen.
C’est à ce moment que les principaux services de la 8e compagnie furent regroupés à Pont-Saint-Esprit. D’après le témoignage de plusieurs de ses membres, le PC et le logement des cadres se trouvaient au château, le logement de la troupe était à l’Hôtel de l’Europe et à l’école de garçons, le garage et son personnel à l’Hôtel du Louvre, le dépôt de munitions et la prison à la citadelle. Mais l’école de filles réquisitionnée elle aussi fin mars permit l’installation du centre d’instruction replié d’Eaux-Bonnes (Pyrénées-Atlantiques), soit une centaine d’hommes, qui, en uniforme allemand, faisaient un mois et demi d’instruction militaire dans la cour de l’école ou sur les bords du Rhône. En avril, les repas de l’unité furent préparés à l’hôtel des 3 Pigeons dont le tenancier, arrêté le 25 mars, avait été libéré le 25 avril à cette condition. Le plan ci joint dressé par un militaire allemand faisait régulièrement la liaison entre les détachements de la compagnie fournit une idée précise de son emprise sur la ville. Alors que le commandement de la 8e compagnie (capitaine Traeger) était déplacé à Villeneuve-lès-Avignon (Gard), à proximité du QG de la XIXe Armée allemande, l’essentiel de son infrastructure est restée à Pont-Saint-Esprit, tandis que ses sections étaient basées à Viviers (Ardèche) jusqu’en mai, à Cavaillon (Vaucluse), à Alès (Gard, à partir d’avril) et que son groupe mobile circulait entre Nice (Alpes-Maritimes) et Avignon, tout en venant parfois à Pont-Saint-Esprit. En fait, les trois sections de la compagnie stationnèrent à un moment ou un autre à Pont-Saint-Esprit, toutes les recrues jusqu’en août 1944 y vinrent se former et les déplacements entre les divers cantonnements furent nombreux, Pont-Saint-Esprit restant au centre de toute cette activité. À côté de jeunes Français, militants des groupes collaborationnistes (surtout du Parti populaire français/PPF) ou voyous, issus notamment du milieu corso-marseillais, sont passés par Pont-Saint-Esprit une trentaine d’Espagnols venus de la Légion Azùl, rapatriés du front russe, préférant continuer la guerre aux côtés de l’Allemagne plutôt que de rentrer en Espagne. Après avoir participé à des opérations dans région, ce groupe commandé par le sous-lieutenant Barke, fut dirigé vers la frontière espagnole pour infiltrer les filières de passage. On voit sur le plan qu’il y avait également une compagnie italienne dont le statut est mal défini. Ses soldats ont fourni les gardiens de la citadelle, les seuls à faire preuve de quelque humanité pour les prisonniers. Il s’agissait probablement d’anciens soldats de l’armée italienne ayant préféré cette situation plutôt que d’être requis dans les chantiers de la Todt ou en Allemagne.
Dès l’installation de la 8e compagnie à Pont-Saint-Esprit, ses éléments participèrent à des opérations de répression, parfois assez loin de leur base, puisque, par exemple, une vingtaine d’entre eux étaient présents lors de l’attaque du Maquis Ventoux à Izon-la-Bruisse* (Drôme) le 22 février 1944 (trente cinq morts). La violence répressive alla crescendo, conformément aux instructions reçues de Berlin, tout autour de la localité, dans le Sud Ardèche, le Nord Vaucluse, la Drôme du Sud. Le recensement de ces actions reste à faire, mais, parmi elles, citons l’exécution à Sanilhac* (Ardèche), le 21 avril, de dix otages tirés de la citadelle ou arrêtés à Viviers en représailles d’une embuscade où la 8e compagnie avait eu des pertes, l’arrestation de vingt quatre résistantes, résistantes ou suspects à Bollène-La Croisière (Vaucluse) le 11 mai, un expédition le 1er juin dans la région de Nyons (Drôme), la participation des Brandebourg au massacre de Valréas* (Vaucluse) le 12 juin (cinquante trois exécutés ou tués), treize arrestations encore à Saint-Paulet-de-Caisson (Gard) le 13 juin, etc. Ces expéditions, souvent préparées par les groupes civils de la compagnie (chargés des infiltrations), étaient généralement effectuées par ses éléments militaires, accompagnant des commandos de la Wehrmacht ou de la Luftwaffe, en présence, fréquente mais non obligatoire de policiers de la Geheim Feldpolizei (GFP, la police de sécurité militaire dont l’antenne était à Avignon) ou du Sipo-SD (venant de Marseille ou de ses petites antennes d’Avignon ou Nîmes, il n’y avait pas de « Gestapo » à Pont-Saint-Esprit). À Pont-Saint-Esprit même et aux alentours, les Brandebourg firent régner la terreur. Ils contrôlaient les routes, patrouillaient, menaçaient, écoutaient aux portes, réquisitionnaient, entretenaient des indicateurs et des indicatrices. Ainsi le 6 mars, Allemands et Brandebourg procédèrent à une importante rafle, qui, d’après les résistants, se basait sur la liste dressée par Guez, un agent administratif que la Résistance avait exécuté avec son père en novembre 1943. Ce jour-là, la commune fut isolée par des barrages routiers, la poste, le central téléphonique et l’hôtel de ville furent occupées, la population contrôlée, de nombreuses maisons fouillées et quarante-quatre personnes arrêtées en ville et tout autour dont de nombreuses femmes ; parmi elles, mesdames Trintignant et Chabrol, épouses des deux responsables de l’Armée secrète (AS) du secteur qui furent arrêtés par la suite. Les prisonniers restèrent incarcérés dans la citadelle plusieurs jours, voire, pour certains, plusieurs semaines. Le 10 mars, de nouvelles rafles furent opérées contre des responsables, chefs de réseaux ou simples sympathisants (dix nouvelles arrestations). De très nombreux prisonniers furent soumis aux coups, aux vexations, aux tortures. L’objectif de l’opération était de démanteler l’important réseau de soutien dont bénéficiait le maquis Bir Hakeim* (AS). Cette action se prolongea les semaines suivantes. Une nouvelle vague d’arrestations eut lieu le 11 mai à Pont-Saint-Esprit en même temps que dans la région, amplifiée par la trahison de l’ancien maquisard Bozzi, originaire de Pont-Saint-Esprit et devenu membre de la Brandebourg. La citadelle a acquis alors une terrible réputation. La brutalité atteignit un raffinement qui se passe de commentaires. À titre d’exemples, citons les cas de Camille Brunel dont la barbe fut brûlée pendant des heures par Fustier avec la flamme d’un briquet, de Louis Riffard, boulanger à Saint-André-de-Roquepertuis (Gard) qui ravitaillait le maquis, battu à mort, le crime étant ensuite maquillé en suicide (il fut retrouvé pendu dans sa cellule !), d’Émile Marty, battu pendant des heures et qui revint dans sa cellule, méconnaissable. Les exécutions sommaires étaient nombreuses et les rumeurs amplifiaient un nombre qui reste, par ailleurs inconnu (voir supra). L’étendue des arrestations et des crimes commis est d’autant plus difficile à évaluer que certains prisonniers pouvaient venir de loin. Le plus connu d’entre eux est Jean-Louis Vigier, membre d’un réseau de renseignements de la France combattante (le sous-réseau Ail du réseau Alibi), arrêté le 30 mai 1944 dans un restaurant parisien, torturé rue des Saussaies, puis transféré à la citadelle de Pont-Saint-Esprit pour être confronté à un résistant qui avait parlé sous la torture. À nouveau torturé, craignant de parler, il tenta de se suicider en sautant du haut de la citadelle alors qu’on le conduisait à un nouvel interrogatoire. Relevé par ses tortionnaires, les chevilles éclatées, à nouveau interrogé, il fut finalement condamné à mort mais transféré le 25 juillet à la prison Sainte-Anne à Avignon. La responsabilité de plusieurs Brandebourg dans les tortures et les crimes fut bien établie : celle du lieutenant Demetrio, adjoint au commandant de la compagnie, chef de la 1e section, affecté de février à juin à Pont-Saint-Esprit, qui décidait au château Welcome du sort final des prisonniers, assisté du sergent Glockner, qui recevait les indicateurs (et se chargeait de l’instruction politique des recrues), celle du caporal Pierre Dupouy, de Bayonne, un « vieux » de la compagnie, qui faisait office de juge d’instruction, avec l’adjudant Lachmund, responsable d’un des groupes civils, à ses côtés, celle de Robert Fustier, « secrétaire interrogateur », qui a convoyé Vigier depuis Paris, celle de Joseph Roman, ancien maire de la petite commune gardoise de Saint-Laurent-de-Carnols, qui s’enfonça dans l’abjection en participant à tout jusqu’aux exécutions sommaires, celle de Roger Saladin, autre tortionnaire, surnommé « le boxeur », celle d’Honoré Paolino, dit Piccolo, d’Antibes (Alpes-Maritimes), brute alcoolique chargée des exécutions. Celles-ci n’avaient pas lieu du haut de la citadelle comme le voulait la rumeur, mais sur le pont du Rhône où les prisonniers étaient conduits et exécutés d’une balle dans la nuque, le corps étant jeté dans le fleuve. D’après un sous-officier allemand travaillant dans les services administratifs de la compagnie, le même sort, camouflé en « tentative d’évasion », aurait été réservé à deux Brandebourg, Ronzier-Joly et Cogrel, emprisonnés pour « des vols à main armée, des arrestations illégales et des perquisitions abusives ». Ils auraient été abattus en mars ou mai 1944 par le feldwebel Holmann, nazi fanatique en charge de l’armurerie de la compagnie. Le motif de leur liquidation peut surprendre puisque toutes les actions de la 8e compagnie s’accompagnaient de la mise au pillage des fermes et maisons perquisitionnées. Sans doute ceux-là avaient déplu à l’encadrement qui en a profité pour faire un exemple.
Des recrues arrivèrent à Pont-Saint-Esprit jusqu’en juillet-août 1944, la dernière vague étant composée de jeunes Marseillais gravitant dans le PPF de Simon Sabiani. La compagnie quitta Pont-Saint-Esprit le 18 août, trois jours après le bombardement des Alliés, suivant l’armée allemande dans son repli. Ses derniers crimes dans la région eurent lieu à Bagnols-sur-Cèze (Gard) où le groupe de Pont-Saint-Esprit, rejoint par celui de Cavaillon, stationna du 20 au 23 août, mais la 8e compagnie Brandebourg en commit d’autres sur le front alsacien et même en Allemagne.
Plusieurs des tortionnaires de la citadelle de Pont-Saint-Esprit furent arrêtés après la Libération, parfois exécutés sommairement s’ils avaient déserté et étaient restés en France, le plus souvent jugés plus tard par des cours de justice et des tribunaux militaires : Fustier, arrêté à Avignon (Vaucluse), fut l’un des premiers condamnés à mort. Passé devant la cour de justice du Vaucluse le 20 octobre 1944, il fut fusillé le 25. Roman et Saladin, condamnés par la cour de justice de Nîmes le 27 février 1946, furent fusillés le 13 mai, Paolino, condamné le 15 juin 1946 par la même cour de justice, fut exécuté le 1er octobre. Bozzi, condamné à 20 ans de travaux forcés, sortit assez vite de prison pour s’engager dans la Légion et combattre en Indochine où il sera tué en 1954. Un certain nombre de Français (Dupouy par exemple) et la plupart des cadres allemands disparurent et ne furent pas retrouvés. Quant condamnation de militaire allemand par les tribunaux militaires français il y eut, ce fut le plus souvent par contumace. Demetrio, lui, comparut entre 1950 et 1951 devant les tribunaux militaires de Marseille, de Lyon et de Bordeaux, bénéficiant ici d’un acquittement, là d’un non lieu et finalement d’un nouvel acquittement annulant une condamnation à dix ans de réclusion.
Bilan des exécutions à la citadelle de Pont-Saint-Esprit :
Combien de détenus, combien de victimes passèrent ainsi par la Citadelle ? On ne le saura jamais avec précision puisque les registres d’écrou ont disparu avec la destruction de la plus grande partie de la Citadelle à la suite du bombardement allié du 15 août 1944 (qui permit d’ailleurs aux détenus de s’évader). À l’époque, le bruit courut que quatre-vingt-dix à cent personnes avaient été exécutées et jetées dans le Rhône. Dans son ouvrage Au temps des longues nuits, Aimé Vielzeuf s’appuyant sur une déclaration de Fustier, l’un des tortionnaires les plus "réputés" pour son sadisme, fait état de 2 000 emprisonnés, dont 1 500 déportés et 100 à 150 suppliciés précipités dans le Rhône. Aimé Vielzeuf, avec son honnêteté habituelle, a reconnu volontiers, dans une lettre adressée à Claude Émerique le 5 juin 2000, que ces chiffres étaient très excessifs : pour les arrestations, « je mettrai 350 à 450… (d’autres font état de 200). Le nombre des exécutés est aussi à revoir à la baisse... on n’a retrouvé que les corps d’une dizaine ». Aimé Vielzeuf estimait en définitive que le nombre des exécutés oscillait « entre 25 et 35... ». La brochure éditée par le conseil général du Gard intitulée Les lieux de mémoire de la Seconde Guerre mondiale a estimé à "une vingtaine le nombre des malheureux ainsi exécutés", ce qui, en l’état des connaissances, paraît
Prisonniers à la citadelle de Pont-Saint-Esprit exécutés ou disparus vraisemblablement exécutés là, liste partielle demandant à être complétée et éventuellement corrigée :
ABAT Georges, Valence, exécuté le 7 juin 1944 ou dans la nuit du 8 au 9 juin ; cadavre découvert à Sauveterre (Gard) ;
CHABRIER Louis, arrêté à Courlas (Gard) le 6 mars et disparu, d’après Aimé Vielzeuf.
CHAPUIS Henri, arrêté à Saint-Paulet-de-Caisson (Gard) début juillet 1944, exécuté dans la nuit du 27 au 28 juillet ;
COULOMB Urbain, garde forestier, arrêté à Saint-Paulet-de-Caisson (Gard) début juillet 1944, exécuté dans la nuit du 27 au 28 juillet ; son corps a été retrouvé dans le Rhône ;
COULON Fernand, arrêté à Pont-Saint-Esprit, exécuté avec les otages de Sanilhac (Ardèche) le 21 avril 1944 ;
FILLION Isidore, lieutenant de l’armée de l’Air, membre d’une mission parachutée, exécuté le 12 juillet 1944, « Mort pour la France » (site mémoire des hommes) ;
GLUSCHMANN, ancien légionnaire allemand, juif ;
GUENDON Kléber, alias Antonin Dupré, d’Oppède (Vaucluse), disparu ; « Mort pour la France » (site Mémoire des hommes) ;
KUPPERSCHMIDT Roger, Alsacien juif, arrêté à Saint-Géniès-en-Coiron (Ardèche) le 22 mai 1944 exécuté le soir même ou dans la nuit du 24 au 25 mai, corps retrouvé le lendemain à Pont-Saint-Esprit ;
LACOSTE Lesin, contrôleur des contributions indirectes à Aubenas (Ardèche), arrêté le 2 mai 1944, exécuté et jeté dans le Rhône dans la nuit du 29 au 30 mai.
LÉVY Salomon, d’Avignon (Vaucluse), juif, exécutée avec les otages de Sanilhac (Ardèche) le 21 avril.
LIÉGEOIS Jean, René, originaire de Nancy, maquisard arrêté à Buis-les-Baronnies vers le 3 juin, exécuté dans la nuit du 7 au 8 juin ou dans la nuit du 8 au 9. Son corps aurait été retrouvé à Sauveterre ; « Mort pour la France » (site Mémoire des hommes) ;
LIOTAUD Louis de Propiac (Drôme), exécuté vers le 7 juin ou dans la nuit du 8 au 9 ;
MARCOVICI Sami, arrêté le 26 avril 1944 à Oppède (Vaucluse), juif, exécuté dans la nuit du 22 au 23 mai ou le 23 au soir ;
MAURIN Albertine, de Bourg-Saint-Andéol (Ardèche), arrêtée le 13 avril 1944, exécutée avec les otages de Sanilhac (Ardèche) le 21 avril.
PONCET Marcellin, agriculteur à Ménerbes (Vaucluse), arrêté le 26 avril 1944, disparu ;
RAYNAUD Charles, exécuté le 7 ou dans la nuit 8 au 9 juin 1944 ;
RIFFARD Louis, boulanger à Saint-André-de-Roquepertuis (Gard), emprisonné le 21 mars 1944, se serait pendu le 23 mars ;
ROURE Albert , arrêté le 28 juin 1944 à Ménerbes (Vaucluse), disparu ;
SANTOS Antonio, de Saint-Paulet-de-Caisson (Gard), exécuté dans la nuit du 27 au 28 juillet 1944 ;
SAULE LANDI (Mme), de Nîmes [Gard), arrêtée dans la nuit du 26-27 mai 1944, exécutée dans la nuit du 8 au 9 juin ;
SAUVAN Ismaël, garagiste à Oppède (Vaucluse), arrêté aux Beaumettes (Vaucluse) le 26 avril 1944, exécuté dans la nuit du 22 au 23 mai ou le 23 au soir ;
SYLVESTRE Raoul 52 ans, menuisier à Ménerbes (Vaucluse), arrêté le 26 avril 1944, exécuté dans la nuit du 22 au 23 mai ou le 23 au soir ; corps retrouvé à Saint-Étienne-des-Sorts (Gard).
VAGDA (ou VAJDA), d’origine polonaise, exécuté le 7 juin ou dans la nuit du 8 au 9.
Ajoutons que, parmi les dix fusillés du 21 avril à Sanilhac, d’autres que les trois cités ci-dessus provenaient peut-être de la citadelle de Pont-Saint-Esprit et que deux cadavres non identifiés ont été trouvés à Saint-Étienne-des-Sorts, d’autres à Roquemaure (Gard) et Codolet (Gard).
Il faut ajouter aussi à cette liste les deux Brandebourgeois exécutés par leurs camarades en mars ou mai 1944 :
COGREL Fernand, caporal à la 8e compagnie, ancien de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme ou de la NSKK (l’organisation allemande de transport militaire).
RONZIER-JOLY Jacques, caporal à la 8e compagnie, ancien de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme et de la NSKK, faisait partie des assassins de deux gendarmes à Sainte-Foy-la-Grande (Gironde) le 7 décembre 1943.
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Sources

SOURCES : Arch. justice militaire, tribunal militaire de Lyon, jugement n°4, 14 janvier 1950, procédure collective contre les cadres de la 8e compagnie et tribunal militaire de Marseille, jugement n°654/8464, 12 décembre 1952 Carbone François. — Arch. dép Bouches-du-Rhône 55 W 140 (dossier Masse). — Arch. dép Gard, cour de justice du Gard 3 U 7 252 (Paolino), cour de justice du Vaucluse 3 U 7 420 (Fustier), 3 U 7 448 (Thesmar). — Arch. privées Raoul Trintignant. — Commission départementale de l’information historique pour la paix gardoise, Les lieux de mémoire de la Deuxième Guerre mondiale dans le département du Gard, Chemins du souvenir, Nîmes, Béné, 1986, réédition 2000, 118 p. — Jean-Marie Guillon et Guillaume Vieira, « La 8e compagnie de la Division Brandebourg. Une pièce essentielle et méconnue de la lutte contre la Résistance », Provence historique, tome LXIII, fascicule 252 « La Provence, Vichy, l’Occupation. Nouvelles recherches », avril-juin 2013, p. 195-212. — René Maruéjol, Aimé Vielzeuf, Le maquis Bir Hakeim, nouvelle édition augmentée, préface d’Yves Doumergue, Genève, Éditions de Crémille, 1972, 251 p [p. 57-85]. — Mémorial de la Résistance en Ardèche, Aubenas, ANACR, 4e éd., 1994. — Henri Noguères, Histoire de la Résistance en France, tome 5 juin 1944-mai 1945, Paris, Robert Laffont, 1981 (affaire Jean-Louis Vigier).— Olivier Pigoreau, Sanglante randonnée, Histoire et Collections, 2013. — Fabrice Sugier et Monique Vizelier, Le Gard dans la guerre 1939-1945, Clermont-Ferrand, De Borée, 2017. — Aimé Vielzeuf, Au temps des longues nuits, Uzès, Peladan, 1969, 2e édition, Nîmes, Lacour, 2002, 276 p. [chapitre III : « Du massacre des Crottes (3 mars1944) à la citadelle de la souffrance », p. 197-253]. — La Résistance en Ardèche, CD-ROM et livret d’accompagnement, Paris, AERI, 2006. — AERI, La Résistance dans le Gard, Paris, AERI, CDROM et livret d’accompagnement, 36 p. Paris, 2009 [Notices rédigées par Claude Émerique]. — Témoignage d’Aimé Vielzeuf, correspondance, 5 juin 2000. —renseignements aimablement communiqués par Francis Barbe.

Claude Émerique, Jean-Marie Guillon

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