Né le 2 novembre 1904 à La Pacaudière (Loire), fusillé le 19 février 1944 au fort de la Duchère (Lyon) ; ouvrier métallurgiste ; militant syndicaliste et communiste du rang ; résistant passé dans la clandestinité en 1943, arrêté à Vancia-Ecully par la Milice le 18 février et exécuté le lendemain.

Fils d’un propriétaire-viticulteur qui tenait en outre un petit commerce et de Claudine Thévenoux (remariée), Jean-Claude Chevailler était issu d’une famille nombreuse (cinq enfants du premier mariage et cinq enfants du second mariage). Il fut élevé dans une atmosphère anticléricale chez des « rouges » opposés aux « blancs » dans la petite ville de La Pacaudière. Son père - qui, en 1914, s’était engagé en dépit de ses dix enfants à charge - était attiré dès 1920 par la fraction révolutionnaire des syndicats et, lors de la grève des cheminots, il exprima son soutien aux grévistes en brandissant en signe de solidarité un drapeau rouge dans la rue.
J.-C. Chevailler reçut une formation professionnelle sur le tas et ses proches se souviennent de ses regrets de n’avoir pu apprendre le dessin industriel. De 1923 à 1943, il occupa quinze emplois différents comme forgeron, mécanicien, serrurier, manœuvre, plombier-zingueur, terrassier, et résida successivement, toujours dans le Rhône, à La Pacaudière (jusqu’en 1931), Villeurbanne (1934), Vénissieux (1935-1936) puis Lyon (1941-1944).
Affilié au Parti communiste à une date qui n’a pu être déterminée, il milita à la CGTU puis après la réunification, à la CGT de 1933 à 1940, alors qu’il était employé du Gaz. En décembre 1937, il fut élu délégué suppléant du personnel dans son entreprise.
Il exerça en outre les fonctions de secrétaire de cellule dans le quartier du Moulin-à-Vent à Vénissieux et peut-être des responsabilités à la section, en particulier au moment de la guerre d’Espagne (organisation de la solidarité). Il militait encore au Secours rouge. Sa formation théorique et politique semble surtout avoir été orale et s’être prolongée par la lecture de Fils du Peuple de Maurice Thorez*, des almanachs de l’Humanité et du journal, lui-même soigneusement conservé à son domicile. Il participa activement aux grèves de 1936 puis à la difficile journée du 30 novembre 1938.
Son service militaire s’était accompli au 39e régiment de tirailleurs algériens du 13 novembre 1924 au 10 novembre 1925, ce qui lui avait valu de participer à la guerre du Rif.
En 1939, il fut mobilisé sur place. Au moment de l’interdiction du Parti communiste, il était en contact avec le maire communiste de Vénissieux Ennemond Romand* et il se chargea de répartir le matériel clandestin chez des militants sûrs. Une perquisition eut lieu à son domicile, 3 rue Professeur Roux à Vénissieux, pour rechercher un drapeau rouge. Le 18 mai 1940, licencié de la compagnie du Gaz sous le prétexte d’avoir abandonné une camionnette pendant une alerte aérienne, il retrouva du travail à l’atelier de Construction de Lyon, puis à l’atelier de Construction d’Irigny (Rhône) et enfin à Lyon chez Givaudan et Lavirotte.
Dès 1942, sa participation à des actions militaires dans les groupes OS du Parti communiste, à « l’Action ouvrière », puis aux groupes francs des FTP est prouvée. du Il participa aussi au mouvement Libération Sud. C’est surtout avec le groupe Daniel (détachement La Bastille) sous le nom de Julien que, dès août 1942, il participa à la lutte (sabotages de transformateurs, de pylônes électriques, récupérations d’armes et de véhicules, déraillements, destruction de matériel dans plusieurs usines, libération de détenus). En novembre 1943, il fut gravement blessé à Lyon, boulevard des Tchécoslovaques, lors de la célèbre attaque (organisée avec le concours de Lucie Aubrac) qui devait aboutir à l’évasion d’un fourgon cellulaire de quatorze patriotes dont Raymond Aubrac, futur commissaire de la République à Marseille.
Le 18 février 1943, lors d’une opération dirigée personnellement par Joseph Darnand et Paul Touvier, il tomba à Vancia-Ecully entre les mains des Miliciens. Le lendemain il était fusillé au fort de la Duchère. Son corps repose au cimetière national de Lyon La Doua. Homologué sous-lieutenant FFI le 7 novembre 1945, il a été décoré de la Légion d’honneur et a reçu la médaille de la Résistance à titre posthume.
Une rue de Lyon, VIIIe arr. porte son nom.
Son fils René Chevailler fut un dirigeant communiste du Rhône.
Son fils Daniel a séjourné en pension l’Ermitage, créée par Raymond Aubrac pour les enfants dans les parents avaient été victimes de la répression. Il a refusé en 1957-1958 de faire son service militaire sous les ordres de Hans Speidel commandant des forces terrestres de l’OTAN et de l’armée française intégrée à l’OTAN. Adjoint du général Otto Von Stulpnagel commandant des troupes allemandes en France en 1941-1942, il avait participé à la répression en France, à la création des Sections Spéciales, aux fusillades d’otages... En 1958, Jacques Chaban-Delmas Ministre de la Défense qui a reconnu cette « clause de conscience » pour près de 140 fils de martyrs de la Résistance leur a permis de faire leur service militaire hors du commandement de l’Otan souvent outre-mer (voir plus de détails sur « l’affaire Speidel » dans la biographie de Louis Marty, père de Claude Marty emprisonné un an pour son refus).
Lyon, fort de la Duchère (19 février - 4 août 1944)
Sources

SOURCES : Documents familiaux. — Interviews de son fils.

Maurice Moissonnier

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