Né en 1907 à Yalamba (Guinée), exécuté sommairement le 11 juin 1940 à Cressonsacq (Oise) ; soldat du 2e Régiment d’Artillerie coloniale (RAC).

Ce soldat fut l’une des très nombreuses victimes des massacres de soldats coloniaux perpétrés par des unités allemandes au cours de la campagne de mai-juin 1940.
C’est ce qui se produisit à proximité du bois d’Eraine, sur la commune de Cressonsacq, le 10 ou le 11 juin 1940 (la chronologie exacte est difficile à restituer, mais il semble exclu que le massacre ait eu lieu le 9 juin bien que ce soit la date retenue par l’état civil de Cressonsacq - lors de l’ouverture de la fosse, un an après les faits - et par les sites Mémorial GenWeb et Mémoire des Hommes), à l’encontre de soldats et d’officiers des 5e, 16e et 24e Régiments de Tirailleurs sénégalais (RTS), et du 2e RAC de la 4e Division d’Infanterie coloniale (DIC). Cette grande unité avait mené de durs combats d’arrière-garde dans la Somme et l’Oise sur le flanc gauche de l’armée en retraite face à la 10e Panzer Division dont faisait partie le régiment Grossdeutschland.
Des éléments de la 4e DIC furent encerclés et abattus après s’être rendus. Ce fut le cas à Erquinvillers et à Cressonsacq. Dans cette commune, des soldats des 16e et 24e RTS se cachaient dans le bois d’Eraine au sud de la ferme d’Éloges-les-Bois. Ayant épuisé leurs munitions et leur ravitaillement, ils se rendirent dans la soirée du 10 juin à la 15e compagnie du régiment Grossdeutschland. Peu avant la reddition, l’aspirant Méchet fut abattu après avoir esquissé un geste de résistance. Les Allemands séparèrent les soldats africains et métropolitains. Les seconds furent emmenés en captivité. Les premiers furent assassinés, ainsi que des officiers français qui avaient pris la défense de leurs soldats.
« C’est alors, écrit le Colonel H. Dutailly dans son étude sur ce massacre (cf. sources), que se situe un fait que le sergent Long du 24ème RTS rapporte ainsi : “l’officier commandant les forces ennemies n’était pas content des nôtres parce que ces derniers commandaient des Sénégalais. (Il) disait, tenant un coupe-coupe, l’arme individuelle des tirailleurs : “C’est ça votre guerre, salauds” en bon francais. » [La suite est reconstituée à partir du témoignage du Sergent Caravecchia]." Les Allemands séparent les Africains des Européens et, parmi ces derniers, les officiers des sous-officiers et des hommes de troupe. Le Commandant Bouquet réagit aux propos de l’officier allemand. Il déclare que les tirailleurs se sont rendus sur son ordre, qu’ils ont combattu loyalement et il exige qu’ils soient traités en soldats. Le capitaine Speckel prend ensuite la parole en allemand pour dire sa fierté d‘avoir commandé des soldats tels que les Sénégalais. Après ces interventions, les deux groupes de blancs sont emmenés vers les bâtiments de la ferme et les Africains dans une autre direction. Le sergent Caravecchia déclare avoir entendu au moins un coup de feu ce que les autres témoins ne confirment pas. Quoi qu’il en soit, ils n’ont jamais été revus vivants ou morts. En dépit des propos lénifiants des Allemands, ils ont été exécutés dans un lieu non identifié.
Pour les officiers allemands, les propos tenus par le commandant Bouquet et le capitaine Speckel constituent des arrêts de mort. En proclamant qu’ils commandent (et même avec fierté) ces Sénégalais coupables, selon l’ennemi, de crimes de guerre, ces officiers portent la responsabilité des crimes dont leurs subordonnés sont accusés. Ils méritent la mort comme le suggère une opinion notée dans “Kriegschronik der 15 Kompanie des I.R. Grossdeutschland” : “C’est une vieille chanson : un officier blanc à la tête des “porteurs de culture” noirs. Un soldat énergique et compétent s’indigne et prend une décision ferme, la seule qui soit juste à l’égard de telles bêtes.”
Plus personne ne reverra vivants ces officiers : ils vont mourir pour leurs tirailleurs. Avec eux ils sont mis à part. Le 10 [ou plus probablement] le 11 juin 1940, ces officiers furent abattus d’une balle dans la nuque à la lisière nord du bois d’Eraine puis enterrés dans une fosse commune creusée [peut-être] par deux soldats africains, [un Ivoirien et un Guinéen, ou deux Guinéens selon les sources], Faya Leno et Tano Aka, qui furent ensuite exécutés. » (D’après le Colonel (cr) H.Dutailly 02/12/2009, op.cit.).
Son corps dut être exhumé en juin 1941 et inhumé dans un premier temps dans le cimetière communal de Cressonsacq. Après-guerre, il fut transféré dans la nécropole nationale de Cambronne-lès-Ribécourt où il repose dans la tombe n° 411.
Il obtint la mention Mort pour la France.
De nombreux soldats africains de la 4e DIC furent massacrés par les Allemands. Leur nombre et leur identité restent à établir.
Voir Cressonsacq, bois d’Eraine (10-11 juin 1940)
Sources

SOURCES : SHD-PAVCC Caen, AC 21 P 182893 (à consulter). — MémorialGenWeb. — Mémoire des Hommes. — Les combattants de l’honneur.

Dominique Tantin

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