Né le 13 avril 1906 à Paris (IXe arr.), exécuté sommairement le 11 juin 1940 à Cressonsacq (Oise) ; architecte ; officier de réserve, lieutenant au 24e Régiment de Tirailleurs sénégalais (RTS).

François Roux en 1935
François Roux en 1935
Crédit : Anne de Bergh
Crédit : Anne de Bergh
Louis, Marie, François Roux naquit au domicile de ses parents, 11 rue Moncey. François fut son prénom usuel. Il fut le premier enfant de Louis François Georges Roux, alors âgé de 33 ans, architecte, et de Marthe Émilie Noguet, âgée de 30 ans, sans profession. En 1910, ils lui donnèrent une sœur prénommée Geneviève. À l’instar de son père et de son grand-père, après une formation aux Beaux-Arts de Paris, il devint architecte. Le 24 mars 1936, François Roux épousa Monique Geneviève Bedel à Paris (XVe arr.), mais celle-ci fut victime de la tuberculose huit mois plus tard.
Il accomplit son service militaire d’octobre 1928 à octobre 1929 à l’École supérieure militaire de Saint-Cyr pour y recevoir une formation d’officier de réserve, puis avec le grade sous-lieutenant, au 4e RTS à Fréjus (Var).
Dans un texte destiné à l’Association pour l’Histoire des Tirailleurs sénégalais (AHTIS), sa nièce Anne de Bergh écrit que « ses lettres exprimaient alors sa satisfaction d’appartenir à cette unité : " Je suis de plus en plus content d’être à Fréjus, au 4e. Le service y est des plus agréables. On y a affaire à des officiers avec qui on est tout de suite à l’aise (jusqu’aux colonels) et à des soldats qui sont certainement plus faciles et plus sympathiques que bien des soldats français," écrivait-il à sa sœur le 28 mai 1929. »
Selon une notice biographique due au Colonel (cr) H.Dutailly, de retour à Paris, François Roux s’associa comme architecte à son père. Il s’inscrivit dans une École de perfectionnement d’officiers de réserve (EPOR) dont il suivit les cours et exercices jusqu’en 1939. En 1931, il fut promu au grade de lieutenant et dut suivre une période d’instruction au camp du Larzac. En 1938, il participa à un stage d’officiers pionniers au 7e régiment du génie suivi d’une période d’instruction au 24e RTS. Il était noté comme officier de grande valeur qui remplira la fonction de chef de section de pionniers dans de bonnes conditions.
Il fut mobilisé le 26 août 1939 et reçut le 10 septembre le commandement de la section de pionniers du 24e RTS dans le secteur de Bitche (Moselle). Il y investit ses compétences d’architecte en participant aux travaux de renforcement du dispositif fortifié de la ligne Maginot. Le 17 octobre, le régiment fut relevé et les tirailleurs sénégalais furent envoyés en hivernage dans leur garnison méridionale afin de leur éviter les rigueurs de l’hiver lorrain.
Le 5 avril 1940, le 24e RTS rejoignit la 4e Division d’Infanterie coloniale (DIC) sur la ligne Maginot. Engagée au sud de la Somme sur la ligne Weygand, la 4e DIC commandée par le général Maurice de Bazelaire de Ruppierre participa à la bataille d’Amiens et subit de lourdes pertes lors de l’offensive allemande déclenchée le 5 juin 1940. « Dans la nuit du 9 au 10 juin, cette division tente de percer en direction de l’Oise, de Pont Sainte Maxence. Au matin, il ne reste plus que 200 à 300 hommes au 2e RIC, 300 à 400 au 16e RTS, et 100 au 24e RTS. » (Les combattants de l’honneur ; cf.sources). Lors de la sortie d’Angivillers, François Roux se joignit au groupe du commandant Bouquet.
Le 10 juin 1940 en fin d’après-midi, ce groupe de soldats et d’officiers des 16e et 24e Régiments de Tirailleurs sénégalais se rendit aux Allemands. Le 11 juin, ces derniers – un détachement du régiment Grossdeutschland – séparèrent les officiers et les soldats métropolitains d’une part, et les soldats d’origine coloniale d’autre part. La vie de ces derniers étant menacée, le commandant Bouquet tenta de les protéger. Il déclara que les tirailleurs s’étaient rendus sur son ordre, qu’ils avaient combattu loyalement et il exigea qu’ils soient traités en soldats. Le capitaine Speckel prit ensuite la parole en allemand pour dire sa fierté d‘avoir commandé des soldats tels que les Sénégalais.
En représailles, les Allemands conduisirent à l’écart les huit officiers présents dont le lieutenant François Roux et les abattirent d’une balle dans la nuque à la lisière nord du bois d’Eraine, sur la commune de Cressonsacq. Les corps furent jetés dans une fosse commune probablement creusée par deux soldats noirs qui furent ensuite abattus.
En juin 1941, la fosse fut ouverte et les corps furent inhumés dans le cimetière communal de Cressonsacq. Après la Libération, leurs dépouilles furent transférées à la nécropole nationale de Cambronne-lès-Ribécourt (Oise) ou dans une tombe familiale. Ainsi, en 1945, la dépouille de François Roux fut transférée auprès de celle de sa femme.
Le nom de François Roux – Mort pour la France - est inscrit avec ceux des autres victimes sur la stèle commémorative du bois d’Eraine. Nommé Chevalier de la Légion d’Honneur à titre posthume, le lieutenant François Roux est titulaire de la Croix de Guerre 1939-1945 avec une palme.
Anne de Bergh :" Notre grand-père tenta de faire juger l’assassinat de son fils comme crime de guerre par le tribunal de Nuremberg ; sa demande fut rejetée au prétexte qu’on ne pouvait identifier les coupables."
De nombreux soldats africains de la 4e DIC furent massacrés par les Allemands. Leur nombre et leur identité restent à établir.
Voir Cressonsacq, bois d’Eraine (10-11 juin 1940)
Sources

SOURCES : SHD/T 8 Ye 37.958. — SHD-PAVCC Caen, AC 21 P 147844 (à consulter). — MémorialGenWeb. — Mémoire des Hommes. — état civil Paris VIIIe. — Les combattants de l’honneur. — Anne de Bergh, archives privées dont la notice biographique établie par le Colonel (cr) H.Dutailly avec référence au dossier SHD/T 8 Ye 37.958.

Dominique Tantin

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