Né le 23 septembre 1922 à Plédran (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), tué le 18 août 1944 au combat à Passy (Yonne) ; maquisard FTP.

Stèle Talibart
Stèle Talibart
Francis Talibart était un jeune homme de Champigny-sur-Yonne qui rejoignit le maquis FTP Paul Bert, installé dans les bois de Chatillon, entre Pont-sur-Yonne et Villemanoche, au cours du mois de juillet 1944.
Ce maquis, commandé par Constantino Simo, un ancien combattant républicain espagnol, était bien organisé et discipliné. L’état major FTP voulait pouvoir compter sur sa présence à proximité de la préfecture au jour de la Libération. Aussi le Comité militaire régional des FTP décida-t-il, le 14 août 1944, de déplacer ce maquis en direction, dans un premier temps, de la forêt d’Othe ; de là, il devait ensuite gagner Auxerre. Des reconnaissances furent effectuées la veille du départ car de nombreuses troupes allemandes refluaient sur les axes qui devaient être empruntés. Un détachement précurseur partit le 17 août. Le 18 août, la compagnie se scinda en deux groupes pour plus de sécurité dans son déplacement.
La première colonne était constituée d’une soixantaine de très jeunes maquisards, dont Francis Talibart. Le départ eut lieu en début d’après-midi. Le convoi était composé d’une douzaine de véhicules disparates dont deux camions. Les hommes de tête disposaient, en plus de leurs armes individuelles, de deux FM, d’un bazooka et d’un PIAT. Un premier accrochage eut lieu avec un convoi de troupes allemandes, mal équipées, au carrefour avec la RN 60 ; aucune perte ne fut à déplorer parmi les maquisards. Le convoi repartit, traversa les villages de Collemiers, Gron, Étigny et se dirigea vers la RN 6 qu’il devait traverser pour rejoindre Villechétive par La Grange-au-Doyen.
Un second accrochage eut lieu au carrefour de Véron, après le passage de l’Yonne, avec un groupe allemand qui passait sur la route. Un officier allemand fut tué, sa voiture renversée. Le convoi dut modifier son itinéraire, reprendre la RN 6 en direction de Villeneuve-sur-Yonne et tourner sur la gauche, un kilomètre plus loin, en direction du village de Passy. Le village de Véron et le château de Passy étaient alors occupés par un important groupe de SS que le dernier accrochage avait alertés. Au centre de Passy, le convoi hésita sur la route à prendre, tourna à droite et s’engagea dans un cul-de-sac. Au bout de quelques centaines de mètres, il fut bloqué par une automitrailleuse qui ouvrit le feu. Contraints d’abandonner leurs véhicules, les maquisards se réfugièrent dans les bois. Avancé dans la rue, Francis Talibart se positionna avec son fusil-mitrailleur pour couvrir le repli de ses camarades. C’est dans cette position qu’il fut abattu par l’ennemi.
Les Allemands exercèrent dès le lendemain de violentes représailles sur la population civile. Le 19 août à Cérilly (hameau d’Étigny), la population fut rassemblée sur la place. Plusieurs jeunes filles furent emmenées à Véron, brutalisées et violées. À Véron, une cinquantaine de personnes furent arrêtées et retenues en otages dans la cave de la mairie. Peu après leur libération, le garagiste Simon, de Sens, porteur d’un bidon d’essence, circulant en vélomoteur, accompagné de sa femme en vélo, fut arrêté et abattu d’une rafale de mitraillette dans le dos. Après l’exécution, le corps resta deux jours sur place, puis arrosé d’essence et partiellement brûlé.
Une stèle a été édifiée à la mémoire de Francis Talibart dans la rue de la Résistance, à Passy. Son nom figure sur le monument aux morts de Plédran (Côtes-d’Armor) et sur le monument des déportés et fusillés de l’Yonne à Auxerre.
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Yonne, 33 J 12. — Témoignages de Robert Loffroy (1996), de Constantino Simo (1996) et de Gilles Chicanne, René Martiré, Roger Pruneau, maquisards de la compagnie Paul Bert. — Joël Drogland, Histoire de la Résistance sénonaise, ARORY, 2e édition, Auxerre, 1998. CDrom La Résistance dans l’Yonne, ARORY-AERI, 2004 (notice de Joël Drogland sur les déplacements de la compagnie Paul Bert). Roger Pruneau, Contribution à l’histoire du département et de la Résistance dans l’Yonne pendant la guerre 1939-1945, manuscrit inédit, 2002. — Mémorial GenWeb.

Joël Drogland

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