Exécuté sommairement le 20 août 1944 à Véron (Yonne) ; garagiste.

Garagiste à Sens, M. Simon eut la malchance de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Le 18 août 1944, des troupes allemandes nombreuses circulaient sur les routes du nord de l’Yonne, les unes empruntaient la RN 6 et faisaient route vers le Nord, les autres circulaient sur la RN 60 et se dirigeaient vers l’Est. Le même jour, obéissant à un ordre de déplacement, la compagnie FTP Paul Bert quittait les bois où elle était constituée en maquis, à l’est de Pont-sur-Yonne, et se scindait en deux groupes qui se déplaçaient en direction de la forêt d’Othe, leur objectif final étant de faire mouvement vers Auxerre, la préfecture, à l’approche de la Libération. Un accrochage se produisit à Véron, au carrefour de la RN 6 et de la RD 140, un officier allemand fut tué. Un autre se produisit à Passy, avec des troupes SS qui occupaient alors le village de Véron et le château de Passy, au cours duquel un maquisard, Francis Talibart, fut tué et où Lucien Cholet, grièvement blessé, fut capturé. Les maquisards durent gagner les bois et abandonner leur matériel.
Les SS exercèrent de lourdes représailles. Vers 2 heures du matin, ils investirent Étigny (d’où venaient les maquisards quand ils arrivèrent au carrefour de Véron) et raflèrent des jeunes filles. Le lendemain matin, ils fouillèrent les maisons, rassemblèrent les habitants, choisirent des jeunes filles et les emmenèrent. Le lendemain, elles revinrent, les vêtements déchirés, plusieurs déclarant avoir été violées. Les hommes furent enfermés dans une cave. À Véron, une partie des habitants furent réunis contre un mur à la sortie du village, puis conduits dans une cave. Tous furent libérés au matin vers 6 heures, avec annonce que si la Résistance se manifestait de nouveau, un tiers de la population serait fusillée.
M. Simon était parti à motocyclette, en Côte-d’Or, dans sa famille. En rentrant à Sens, il tomba en panne d’essence avec sa moto, à Villevallier. Il en informa son épouse par un mot confié à un cycliste de passage. Son épouse partit donc de Sens à bicyclette, accompagnée de M. Eugène Chicouet, mécanicien à Sens. Au retour, après Villeneuve-sur-Yonne, ils entendirent des coups de feu mais ne s’inquiétèrent pas outre mesure. Au carrefour de Véron, ils furent arrêtés par une patrouille allemande et conduits dans une cave de Véron où se trouvaient déjà plusieurs dizaines de personnes. Ils furent libérés le lendemain matin. M. Simon portait un bidon de cinq litres d’essence qu’il n’avait pas abandonné et que lui réclama une sentinelle de garde, près du monument aux morts de Véron. Il refusa de le lui donner. Un officier s’avança et, sur son ordre, le soldat se dirigea le long du mur du cimetière voisin en poussant M. Simon devant lui. Sans autre avertissement, il l’abattit d’une rafale de mitraillette.
Le corps de M. Simon resta deux jours dans un champ voisin après qu’il ait été brûlé avec de l’essence. Le médecin qui examina le corps constata que le tronc était aux trois-quarts calciné, la tête broyée, les os des jambes et des bras cassés. Le corps de Lucien Cholet, grièvement blessé à Passy, fut retrouvé à Véron dans le même état.
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Yonne 1 W 123 (rapport de gendarmerie du 12 septembre 1944, témoignages du maire de Passy, du maire de Véron et de Mme Simon). — Roger Pruneau, Contribution à l’histoire du département et de la Résistance dans l’Yonne pendant la guerre 1939-1945, manuscrit inédit, 2002 ( Roger Pruneau, ancien maquisard et ami d’enfance de Lucien Cholet, fut en outre témoin des événements).

Joël Drogland

Version imprimable