Né le 12 mars 1903 à Caen (Calvados) exécuté sommairement le 6 juin 1944 à la prison de Caen (Calvados) ; agent SNCF ; résistant du réseau Arc-en-Ciel et du réseau Hector.

Anatole Lelièvre était le fils d’Alexis Léon, ébéniste et de Marie Élise Victorine Niard. Il se maria le 14 mai 1930 à Caen avec Claudine Yvonne Henriette Le Roux, dont il eut une fille.
Il fut embauché aux chemins de fer de l’État en septembre 1931 comme manœuvre. Il devint ensuite facteur mixte à Moult-Argences puis Bayeux (Calvados), expéditionnaire en mars 1937 et employé en gare de Caen en mars 1941.
Il entra dans la Résistance en décembre 1943 au réseau de renseignement Arc-en-Ciel, prenant le pseudonyme "Lapin". Il transmettait des renseignements sur les mouvements de l’ennemi et des plans d’installations ferroviaires (gares de Caen, Mézidon etc.). Suite à l’infiltration du réseau par deux agents français de l’Abwehr, il fut arrêté le 23 mai 1944 par la Sipo-SD dans les bureaux de l’arrondissement SNCF de Caen et transféré à la centrale de Beaulieu puis à la maison d’arrêt de Caen.
Le jour du débarquement en Normandie le 6 juin 1944 et suite au bombardement de la gare de Caen, le chef du SD de Caen, Harald Heynz décida d’éliminer la plupart des prisonniers afin qu’ils ne soient pas libérés par les troupes alliées. Anatole Lelièvre fut sorti de sa cellule et conduit ainsi que 86 autres résistants dans une courette du chemin de ronde de la prison où il fut abattu d’une rafale dans la nuque. Les corps des victimes furent inhumés provisoirement dans une cour de la prison. Dès le lendemain 7 juin, les britanniques donnaient le premier assaut à la ville. Le 30 juin devant l’imminence de la prise de la ville, les allemands exhumèrent les corps pour les faire disparaître sans laisser de traces. Ceux-ci furent transportés en camion en un autre lieu à l’ouest de la ville, probablement dans des carrières de calcaire. Selon certains témoignages, ils auraient pu être emmenés près de Rouen, dans la forêt de La Londe, à l’entrée de laquelle une stèle "À la mémoire des victimes du nazisme dans la forêt de La Londe 1940-1944" a été érigée et incinérés dans une carrière en contrebas. Les corps n’ont donc pas été retrouvés pour être identifiés. Des bûcherons ont vu à cet endroit des camions et des soldats allemands, ainsi qu’une épaisse fumée. En même temps, il y avait une odeur de corps qui brûlent. Cela a duré deux jours. S’agissait-il des fusillés de Caen ? Le mystère demeure.
Sur Mémoire des Hommes, il est déclaré mort en déportation le 12 juin 1944.
Il reçut une citation à l’ordre du corps d’armée avec attribution de la Croix de guerre 1939-1945 le 10 novembre 1945.
Il obtint la mention « Mort pour la France » transcrite à Caen le 4 mars 1948 et le titre d’Interné résistant en 1951.
Son nom figure sur le monument commémoratif des fusillés du 6 juin 1944, sur la plaque commémorative SNCF en gare de Caen et sur la plaque commémorative 1939-1945 sur la façade de l’église Saint-Jean-Eudes à Caen (Calvados).
Une plaque apposée sur le mur d’entrée de la prison de Caen porte l’inscription suivante : « À la mémoire des prisonniers fusillés par les allemands le 6 juin 1944. L’oppresseur en les tuant a cru les faire mourir, il les a immortalisés ».
Sources

SOURCES : Cheminots victimes de la Répression 1940 1945 Mémorial, sous la direction de Thomas Fontaine, éd. Perrin/SNCF, Paris 2017.— Sites internet Le forum du débarquement et de la bataille de Normandie et http://chantran.vengeance.free.fr/ de février 2011.— Mémorial GenWeb.— État civil.

Jean-Louis Ponnavoy

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