Né le 23 février 1895 à Saint-Denis-des-Murs (Haute-Vienne), massacré le 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) ; instituteur ; victime civile.

Léonard Rousseau
Léonard Rousseau
crédit : MémorialGenWeb
Ecole des garçons, Oradour-sur-Glane
Ecole des garçons, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
Ecole des garçons, Oradour-sur-Glane
Ecole des garçons, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
Ecole des garçons, Oradour-sur-Glane
Ecole des garçons, Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
plaque famille Rousseau - Forest, cimetière Oradour-sur-Glane
plaque famille Rousseau - Forest, cimetière Oradour-sur-Glane
crédit : Isabel Val Viga
Léonard était le fils de François (né le 27 février 1869, à Saint-Bonnet-la-Rivière), et de son épouse Marie née Saraudy (née le 17 avril 1876, à Linards), cultivateurs domiciliés au lieu-dit La Chaussade, commune de saint-Denis-des-Murs. Ses parents s’étaient mariés le 17 février 1894 à Saint-Denis-des-Murs.
Il avait un frère jumeau Antoine Louis (né le 23 février 1895, à Saint-Denis-des-Murs).
Il obtient son Brevet élémentaire le 22 juin 1910 et entre à l’École Normale de Limoges pour y faire sa formation d’instituteurs, entre 1912 et 1914, date à laquelle il est reçu au Brevet Supérieur.
Lors de l’appel sous les drapeaux le 17 septembre 1914, il était élève-maître à l’école normale de Limoges (Haute-Vienne). Il fut incorporé dans le 78ème régiment d’infanterie de Limoges. Devenu aspirant le 19 avril 1915, il fut affecté au 63ème régiment d’infanterie. Il fut blessé le 28 août 1915, atteint d’une balle en pleine poitrine. Il fut cité à l’ordre de la brigade : « aspirant ayant toujours donné l’exemple du courage et du plus grand dévouement, a été blessé très grièvement le 28 août 1915 en faisant exécuter de nuit des travaux en avant de nos lignes à courte distance de l’ennemi ». Il reçut la Croix de guerre avec étoile de bronze. Il dut quitter le service de campagne en mars 1916 suite à une grave affection oculaire (hémianopsie, diminution de la vue dans une moitié du champ visuel d’un œil, ou le plus souvent des deux yeux). Placé en service auxiliaire, il fut démobilisé en juillet 1919. Ancien combattant, il fut nommé adjudant de réserve en décembre 1923.
La première guerre mondiale l’empêche donc de réaliser sa troisième année à L’école Normale. C’est en 1920 qu’il obtient son certificat d’Aptitude Pédagogue. A son retour, il fut nommé instituteur stagiaire d’octobre 1919 à septembre 1920, à Linards (Haute-Vienne), puis à Saint-Priest-Taurion d’octobre 1920 à décembre 1922, il est titularisé dès 1921, puis nommé à Vaulry en 1923.
Le 16 septembre 1922 à Saint-Just-le-Martel, il épousa Jeanne Forest* (née e 22 janvier 1896, à Rancon), institutrice. De cette union naquirent deux enfants, Marguerite Blanche* (née le 25 novembre 1923, à Vaulry), et Pierre Dominique (né le 8 mars 1928, à Vaulry).
Il fut nommé en 1933 à Oradour-sur-Glane, à l’école des garçons en tant que directeur, avec sa femme.
Il est alors un instituteur expérimenté comme le souligne la conclusion du rapport d’inspection rédigé à l’issue de la dernière visite le 14 avril 1942 : « Mr Rousseau est un maître travailleur et averti. Une longue expérience lui permet de conduire sa classe avec aisance. Il sait enseigner ».
Il était domicilié avec sa famille au Bourg d’Oradour-sur-Glane.
« (…) D’épais sourcils soulignaient son visage puissant. Une calvitie avancée accentuait l(air autoritaire de cet homme au cœur pourtant généreux. Jamais il ne serait sorti de chez lui sans sa cravate, au point de faire croire qu’il était né avec. Sa forte voix impressionnait et lui valait des classes disciplinées. (…) En plus de ses charges d’enseignant, Mr Rousseau assurait la fonction de secrétaire de mairie. Petite bâtisse accolée à l’école, celle ci se dressait fièrement le long de la rue principale. »
« Le 10 juin 1944, il accompagne ses élèves au rassemblement sur le Champ de Foire.
L’école primaire d’Oradour-sur-Glane comportait en 1944 plusieurs sections. L’école des garçons composée de deux classes, était située en face la gare des Tramways départementaux et avait pour directeur Léonard Rousseau assisté de son épouse Jeanne Forest épouse Rousseau*. L’école des filles comprenait trois classes dont une classe enfantine. Andrée Gibaud épouse Binet* en assurait la direction assistée de Denis Bardet* et de Raymonde Chenet épouse Vincent*. Il existait aussi une classe dite « lorraine » composée d’enfants de réfugiés alsaciens et mosellans avec un maître lorrain, Fernand Gougeon*. Au total le corps enseignant se composait de sept personnes, cinq institutrices, car le 10 juin 1944 était également en poste à Oradour une institutrice remplaçante, Pdette Couty* qui suppléait l’absence de Mme. Binet la directrice de l’école des filles en congé maladie, et deux instituteurs dont Léonard Rousseau. Tous les enfants des écoles, durent le 10 juin 1944, en début d’après-midi, sous la contrainte des SS du 1er bataillon du 4e régiment Der Führer de la 2e SS-Panzerdivision Das Reich, en compagnie de leurs institutrices et instituteurs se rassembler sur la place du village. Les deux hommes Léonard Rousseau et Fernand Gougeon furent séparés du reste du groupe qui fut conduit toujours en compagnie des institutrices dans l’église du village où ils furent enfermés vers 15h, avec toutes les femmes et les enfants du village. Seul un jeune élève de la classe lorraine Roger Godfrin, réussit à s’enfuir. »

Il fut victime du massacre perpétré par les SS du 1er bataillon du 4e régiment Der Führer de la 2e SS-Panzerdivision Das Reich, mitraillé puis brûlé avec son neveu Michel Marie Amand dans l’une des six granges dans lesquelles les hommes furent massacrés. Son épouse, ses enfants et son neveu Dominique furent brûlés dans l’église avec l’ensemble des femmes et des enfants d’Oradour-sur-Glane.
« Dans l’église, un seul adolescent avait été admis Pierre Rousseau, âgé de seize ans. Mme Rousseau avait convaincu les soldats de laisser avec elle ce grand garçon retardé mental, dernière et dérisoire tentative d’une mère qui croyait protéger son enfant. »
Léonard Rousseau obtint la mention « Mort pour la France » par jugement du tribunal de Rochechouart du 10 juillet 1945.
Son nom figure sur le monument commémoratif des martyrs du 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane. Il est également inscrit avec celui de ses six collègues dont son épouse victimes du nazisme sur la plaque commémorative apposée dans la cour de l’ancienne école normale de Limoges (aujourd’hui centre de formation des maîtres ESPE).
Voir Oradour-sur-Glane
Sources

SOURCES : Liste des victimes, Centre de la Mémoire d’Oradour-sur-Glane. — Guy Pauchou, Dr Pierre Masfrand, Oradour-sur-Glane, vision d’épouvante, Limoges, Lavauzelle, 1967, liste des victimes, pp. 138-194. — MémorialGenWeb. — Archives État civil de la Haute-Vienne, actes de naissances, mariages, décès, recensements, registre de matricule militaire. — Liste établie en 1945 par le Syndicat national des instituteurs « Hommage à ceux qui sont tombés », disponible sur le site de l’ANPNOGD, association nationale des pupilles de la nation, orphelins de guerre et du devoir. — André Desourteaux et Robert Hébras, Oradour-sur-Glane, Notre Village assassiné, éditons CMD, (p41). — Série Destin, Léonard Rousseau, Centre de Mémoire Oradour-sur-Glane. — Marielle Larriaga, Oradour-sur-Glane,10 juin 1944, éditions des traboules (p120).

Michel Thébault, Isabel Val Viga

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