FOREST Dominique
Né le 21 octobre 1937 à Saint-Cloud (Seine-et-Oise, aujourd’hui Hauts-de-Seine), massacré le 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) ; victime civile.
Il était le cadet d’une fratrie de six enfants, Jean Marie (né en 1922), Michel Marie Amand* (né le 21 mai 1924, à Guéret, Creuse), Françoise (née en 1927, à Bordeaux), Jacques (né en 1928, à Bordeaux), Bernard (né en 1932, à Bordeaux).
Son père ancien combattant, agrégé de philosophie en 1921, fut à cette date nommé pour son premier poste au lycée de Guéret. Dès 1925, Aimé Forest devint professeur de philosophie à Poitiers (où il avait fait ses études secondaires). La famille s’installa dans le quartier du « Plateau » (le centre-ville de Poitiers, à proximité du parc de Blossac). Michel Forest y passa toute son enfance, marquée par une éducation empreinte d’une forte religiosité chrétienne et par l’adhésion au mouvement des scouts de France.
En 1931, son père soutint à La Sorbonne sa thèse sur « La Structure métaphysique du concret selon saint Thomas d’Aquin » et fut fait docteur des lettres.
La famille déménagea à Paris en 1936, Aimé Forest devenant professeur au lycée Condorcet. A leur domicile de Saint-Cloud (Seine-et-Oise, aujourd’hui Hauts-de-Seine). A la rentrée 1940, d’abord replié avec le lycée Condorcet à Rochefort (Charente-Maritime), Aimé Forest fut ensuite nommé dans l’enseignement supérieur à la Faculté des Lettres de Grenoble puis en 1943 à la Faculté des lettres et sciences humaines de Montpellier.
Pendant toute cette période, la famille avaient conservé des liens étroits avec le Limousin natal. Une maison située au lieu-dit Laplaud sur la commune d’Oradour-sur-Glane servait de résidence de vacances, à proximité des grands parents Amand Clavaud* et de son épouse Marie Marguerite Rousseau.
La famille vint s’y réfugier « le 15 mars 1944, à la fermeture de l’Université de Montpellier, dans la prévision d’un débarquement en Méditerranée » .
Il était le neveu de Jeanne Marie Aimée Forest* épouse de Léonard Rousseau*, parents de Marguerite Blanche* et Pierre Dominique*, sœur de son père.
Il était le petit-neveu d’Anne épouse de Jean Desvignes*, parents de Junien Jean-Baptiste époux de Marie Madeleine Sadry* (parents de Jean Pierre Junien*, Yves*, Odile*), Marie épouse de Martial Litaud [échappa au massacre, ayant pu se cacher], Anne épouse d’Antoine Brandy, parents d’Armand Jean Junien époux d’Eugénie Mercier* (parents d’Yvonne Andrée*, Antoinette*, Jeanine épouse d’Aimé Henri [échappèrent au massacre, ayant pu se cacher] parents d’Annie*), sœurs de son grand-père maternelle.
Ses parents et ses frères et sœur, échappèrent au massacre, absent d’Oradour-sur-Glane, le 10 juin 1944.
« Aimé Forest… avait passé la journée à Limoges avec trois de ses cinq enfants. Le soir ils prirent un tram qui devait arriver à 19 heures à Oradour mais le départ fut un peu retardé… A six kilomètres du village, ils aperçurent l’épaisse colonne de fumée qui en montait. Forest et ses enfants descendirent du tram à Laplaud, soit deux kilomètres avant l’arrêt d’Oradour. Là, il retrouva sa femme qui lui dit que leurs fils étaient allés rendre visite à leur grand-père à Oradour et n’étaient toujours pas revenus. Aimé Forest partit immédiatement à pied vers le village. Il rattrapa le tram arrêté au sommet de la colline, à Puy Gaillard, dernier arrêt avant Oradour… Il s’approcha de deux soldats qui montaient la garde et s’adressa à eux en allemand. L’un d’eux lui répondit que les enfants avaient tous été emmenés hors du village et qu’on ne leur avait fait aucun mal. Le professeur remarqua qu’il paraissait mal à l’aise et parlait en baissant la tête. Ne sachant que faire il retourna à Laplaud ».
Il fut victime du massacre perpétré par les SS du 1er bataillon du 4e régiment Der Führer de la 2e SS-Panzerdivision Das Reich et brûlé avec sa tante, ses cousins et une partie de sa famille dans l’église avec l’ensemble des femmes et des enfants d’Oradour-sur-Glane. Son frère Michel, son oncle et une partie de sa famille furent mitraillés puis brûlés dans l’une des six granges dans lesquelles les hommes furent massacrés.
Dominique Forest obtint la mention « Mort pour la France » par jugement du tribunal de Rochechouart du 10 juillet 1945.
Son nom figure sur le monument commémoratif des martyrs du 10 juin 1944 à Oradour-sur-Glane.
Son père décède le 20 mars 1983 à Limoges et avait les années précédentes rédigé un recueil de souvenirs dont il avait souhaité qu’il soit publié après sa mort, ce qui fut fait en 1985 sous le titre « Nos promesses encloses » (Ed. Beauchesne). Un chapitre y est consacré à son fils et se terminent par ces mots : « La lumière est au-delà des ombres parce qu’elle les éclaire ; elle est d’un autre qu’elles, celui que notre cœur pressent. Dominique a quitté ce monde avec la grâce de son baptême. Il est allé à Dieu dans la plénitude que demande l’Évangile, celle de l’enfance. J’accepte, le cœur brisé, le sacrifice qui m’est demandé, dans la pensée qu’à la pureté de Dominique s’unisse la gloire du martyre ». Sa mère décède le 30 septembre 1973.
Voir Oradour-sur-Glane
SOURCES : Liste des victimes, Centre de la Mémoire d’Oradour-sur-Glane. — Guy Pauchou, Dr Pierre Masfrand, Oradour-sur-Glane, vision d’épouvante, Limoges, Lavauzelle, 1967, liste des victimes, pp. 138-194. — MémorialGenWeb. — Archives État civil de la Haute-Vienne et Hauts-de-Seine, actes de naissances, mariages, décès, recensements. — Biographie Aimé Forest, site Wikipedia. — Aimé Forest, Nos promesses encloses, Ed. Beauchesne, 1985. — Douglas W. Hawes, Oradour, Le verdict final, Ed. du Seuil, 2014.
Michel Thébault, Isabel Val Viga