Né le 21 novembre 1917 à Caen (Calvados), exécuté sommairement à Caen (Calvados) le 6 juin 1944 ; cheminot ; résistant membre du Front national pour l’indépendance de la France.

Célibataire, Louis Renouf fut mobilisé à la déclaration de guerre en 1939 au 43e régiment d’artillerie de Caen avec lequel il participa à la campagne de 1939-1940. Fait prisonnier le 21 juin 1940 à Vézelise (Meurthe-et-Moselle), il fut interné au Stalag II B, près d’Hammerstein, en Poméranie.
Étant soutien de famille, il fut rapatrié d’Allemagne en août 1941. De retour à Caen, où il était domicilié, il travailla dans une entreprise de transport, voisine de la caserne du 43e RA, occupée par les allemands et d’où il pouvait apercevoir les exécutions des condamnés. C’est peut-être l’origine de son engagement ultérieur. Il entra à la SNCF en septembre 1943 au dépôt de Caen, comme serrurier auxiliaire et rejoignit dès octobre 1943, le groupe de résistance du dépôt qui était affilié au Front National de lutte pour l’indépendance de la France (FN). Son activité dans ce groupe n’est pas connue avec précision. Il participa sans doute comme ses camarades à des sabotages d’installations et de matériels allemands ainsi qu’à la distribution de tracts. L’action permanente des cheminots de Caen attira l’attention du Sipo-SD qui décida d’y mettre un terme. Un important sabotage effectué au dépôt dans la nuit du 30 avril au 1er mai 1944 entraîna la répression.
Un collaborateur français aux ordres de la Gestapo de Caen, Serge Fortier qui connaissait bien le milieu cheminot dans lequel il avait grandi, fut chargé d’enquêter. La liste de cheminots qu’il établit entraîna une série d’arrestations. Louis Renouf fut appréhendé le 15 mai 1944 en début d’après-midi sur le pont de Vaucelles alors qu’il venait de quitter son travail et rentrait chez lui. Il fut arrêté en compagnie de son collègue et ami du dépôt de Caen Michel Boutrois. D’autres cheminots, Maurice Arrot, Achille Boutrois, le frère de Michel et Désiré Renouf, sans lien de parenté avec lui furent également pris dans la rafle ce jour-là.
Jean-François Le Moal, principal responsable du sabotage du 30 avril, prévenu par son chef d’atelier de l’imminence de son arrestation réussit à s’échapper et se réfugia dans une planque du Front national, à Clécy (Calvados), où il restera jusqu’à la libération.
Le jour du débarquement en Normandie le 6 juin 1944 et suite au bombardement de la gare de Caen, le chef du SD de Caen, Harald Heynz décida d’éliminer la plupart des prisonniers afin qu’ils ne soient pas libérés par les troupes alliées. Louis Renouf fut extrait de sa cellule et conduit ainsi que 86 autres résistants ou civils dans une des courettes du chemin de ronde de la prison où il fut abattu d’une rafale dans la nuque. Les corps des victimes furent inhumés provisoirement dans une cour de la prison. Dès le lendemain 7 juin, les britanniques donnaient le premier assaut à la ville. Le 30 juin devant l’imminence de la prise de la ville, les allemands exhumèrent les corps pour les faire disparaître sans laisser de traces. Ceux-ci furent transportés en camion en un autre lieu à l’ouest de la ville, probablement dans des carrières de calcaire. Selon certains témoignages, ils auraient pu être emmenés près de Rouen, dans la forêt de La Londe, à l’entrée de laquelle une stèle "À la mémoire des victimes du nazisme dans la forêt de La Londe 1940-1944" a été érigée et incinérés dans une carrière en contrebas. Les corps n’ont donc pas été retrouvés pour être identifiés. Des bûcherons ont vu à cet endroit des camions et des soldats allemands, ainsi qu’une épaisse fumée. En même temps, il y avait une odeur de corps qui brûlent. Cela dura deux jours. S’agissait-il des fusillés de Caen ? Le mystère demeure.
Il reçut à titre posthume la croix de chevalier de la Légion d’honneur et la Croix de guerre 1939-1945 et le titre d’Interné résistant (DIR) en février 1955.
Il fut homologué comme membre des Forces françaises combattantes (FFC) avec le grade de lieutenant.
Il est honoré par une rue portant le nom de Lieutenant Louis Renouf, à Caen.
Son nom figure sur le monument commémoratif des fusillés du 6 juin 1944, à Caen, sur la plaque commémorative de la SNCF, à l’entrée de la gare, et sur le monument commémoratif 1939-1945 à la mémoire des Agents du Dépôt SNCF, à Caen (Calvados).
Une plaque apposée sur le mur d’entrée de la prison de Caen porte l’inscription suivante : « À la mémoire des prisonniers fusillés par les allemands le 6 juin 1944. L’oppresseur en les tuant a cru les faire mourir, il les a immortalisés ».
Sources

SOURCES : Cheminots victimes de la répression 1939-1945 Mémorial, sous la direction de Thomas Fontaine.— Sites internet Collection Résistance et Mémoire et Le forum du débarquement et de la bataille de Normandie — Mémorial GenWeb.

Jean-Louis Ponnavoy

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