Né le 24 novembre 1896 à Pluvigner (Morbihan), exécuté sommairement le 5 août 1944 à Sainte-Anne en Pluneret, aujourd’hui Sainte-Anne d’Auray (Morbihan) ; victime civile.

Joseph Le Barh
Joseph Le Barh
SOURCE : René Le Guénic,
Morbihan, Mémorial de la Résistance
Dans le cimetière de Pluneret
Dans le cimetière de Pluneret
La sépulture de Joseph Le Barh
La sépulture de Joseph Le Barh
« Abbé Joseph Le Barh
1896-1944
1er Recteur de Sainte-Anne 1937-1944
Fusillé par les Allemands le 5 août 1944 »
Dans le cimetière de Sainte-Anne d'Auray
Dans le cimetière de Sainte-Anne d’Auray
Dans la cour la Maison de retraite </br>Sainte-Marie à Sainte-Anne d'Auray
Dans la cour la Maison de retraite
Sainte-Marie à Sainte-Anne d’Auray
La plaque mémorielle apposée</br>sur le mur d'enclos du parc du Mémorial
La plaque mémorielle apposée
sur le mur d’enclos du parc du Mémorial
SOURCE :
Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson
L’abbé Joseph Le Barh était le fils de Joseph, Marie Le Barh et de Marie, Philomène Le Léty, cultivateurs à Pluvigner (Morbihan). Il fut de 1937 à 1944 premier recteur de la paroisse de Sainte-Anne en Pluneret (Morbihan).

Le 3 août 1944, alors que les troupes américaines commençaient à libérer le Morbihan avec l’aide des bataillons des Forces françaises de l’intérieur (FFI), le 2e Bataillon FFI (ORA) du Morbihan commandé par Yves Le Garrec [pseudonyme dans la Résistance : commandant Yves] investit le village de Saint-Anne en Pluneret, où un hôpital militaire allemand s’était installé dans le juvénat des Filles du Saint-Esprit.
Le 4 août 1944, le commandant Le Garrec confia à deux prêtres, l’abbé Joseph Le Barh et l’abbé Louis Allanic, professeur-économe au Petit-séminaire, conseiller municipal de Pluneret, la mission d’aller remettre une lettre au médecin-chef allemand Ernst Bergues, lui demandant de se rendre. Vers 19 heures, les deux prêtres se présentèrent devant l’adjoint de Bergues qui les reçut courtoisement et lui remirent l’ultimatum. Bergues le rejeta arguant que cet ultimatum procédait de troupes irrégulières et qu’il ne pouvait s’y soumettre sans l’ordre de ses chefs, puis il appela ses supérieurs à Lorient pour leur demander des renforts.
Le 5 août à l’aube, une colonne de plusieurs camions chargés de soldats allemands arriva à Sainte-Anne venant de Pluneret, et fut accrochée à l’entrée du village par des FFI qui tirèrent en direction du convoi avant de se replier. Le lieutenant Roschlau qui commandait ce convoi ordonna des opérations de représailles au cours desquelles deux civils furent tués : Stanislas Le Louer, massacré à coups de crosse à Malachappe en Pluneret, tandis que sa maison était incendiée, et Xavier Brianceau dont le corps fut retrouvé près de la scierie Cloarec.
Un groupe de soldats allemands qui se dirigeait vers la basilique en raflant au passage tous les hommes, fut pris sous le feu de FFI embusqués derrière des maisons de la rue de la Fontaine. Augustine Henry, veuve Guégant, réfugiée originaire de Lorient, fut tuée d’une balle dans le dos. Les soldats allemands incendièrent deux immeubles, rassemblèrent les habitants du quartier, hommes, femmes et enfants et les conduisirent dans la cour du juvénat des Filles du Saint-Esprit. Dans le même temps, ils encerclèrent la basilique et le Petit-séminaire, pénétrèrent dans les bâtiments en tirant dans toutes les directions. L’office fut interrompu et les religieux furent rassemblés et conduits également dans la cour du juvénat. Ernst Bergues ordonna de faire sortir du rang les deux « terroristes » qui avaient remis la veille à son adjoint la lettre lui demandant de se rendre. L’interprète alsacienne, Madeleine Heit, désigna les abbés Louis Allanic et Joseph Le Barh, qui furent immédiatement abattus de deux rafales de mitraillette devant le mur-ouest du juvénat..
Les Allemands évacuèrent aussitôt l’hôpital pour se diriger vers la poche de Lorient, après avoir lancé une grenade par-dessus le mur du juvénat qui fit quatre blessés parmi les professeurs du Petit-séminaire. Avant de se retirer, ils firent une halte devant la basilique tandis que deux soldats mettaient le feu aux stalles du chœur, au confessionnal et aux bancs en y répandant de l’essence.

Joseph Le Barh obtint la mention « Mort pour la France ».

Après la guerre, le lieutenant Roschlau a été condamné par le tribunal militaire de Paris aux travaux forcés à perpétuité. Le médecin-chef Bergues, principal responsable de ce crime de guerre, ne fut pas inquiété.

Joseph Le Barh et Louis Allanic furent inhumés dans le cimetière de Sainte-Anne d’Auray, où un monument a été inauguré le 16 septembre 1951. Ce monument est constitué d’une imposante croix celtique en pierre dressée sur un socle, où est scellée une plaque portant l’inscription : </br/
« À la mémoire
des Abbés LE BARH et ALLANIC
et de M. M. BRIANCEAU et LE LOUËR
fusillés par les Allemands
le 5 août 1944
16 septembre 1951 »

Dans la cour du juvénat des Filles du Saint-Esprit de Sainte-Anne d’Auray devenu la Maison de retraite Sainte-Marie, une plaque commémorative a été apposée sur le mur-ouest devant lequel les abbés Le Barh et Allanic ont été exécutés, qui porte l’inscription :

« Ici
Sont morts pour la France
Fusillés le 5 août 1944
Les prêtres
Joseph LE BARH - Premier Recteur
Louis ALLANIC - Conseiller Municipal
de Sainte-Anne
" Il n’est de plus grand amour que
De donner sa vie pour ceux qu’on aime " »

Le 4 août 2019, à l’occasion du 75e anniversaire des exécutions du 5 août 1944, une plaque mémorielle a été apposée sur le mur de clôture du parc où a été érigé de 1922 à 1932 par les cinq diocèses bretons, le Mémorial des Bretons morts pour la France pendant la 1ère guerre mondiale, et où a été ajouté un monument en forme de gisant dédié « À tous nos morts de toutes les guerres ».
Cette plaque porte l’inscription :

« À Sainte-Anne
En mémoire de  :
Abbé Joseph LE BARH, recteur de la paroisse de Ste-Anne-d’Auray
Abbé Louis ALLANIC, économe du séminaire et
Conseiller municipal de Ste-Anne-d’Auray
M. Stanislas LE LOUER
M. Xavier BRIANCEAU
Mme Augustine HENRY, Vve GUÉGUANT » </
À Pluneret, les noms de Joseph Le Bahr et de Louis Allanic figurent sur la liste 1939-1945 du monument aux morts communal qui se dresse dans le cimetière, et sur une plaque commémorative dédiées aux victimes militaires et civiles de la Guerre 1939-1945, apposée sur le mur intérieur du cimetière.
Sources

SOURCES : Arch. Dép., Morbihan, 2 W 15919, crimes de guerre 1944-1945.— Roger Leroux, Le Morbihan en guerre 1939-1945, Joseph Floch imprimeur éditeur à Mayenne, 1978. — René Le Guénic, Les Maquisards chez nous en 1944 et Morbihan, Mémorial de la Résistance (photo), Imprimerie Basse Bretagne, Quéven, 2013. — Guy Winter, La Rafle de Sainte-Anne-d’Auray, Liv’Éditions, 2013. —" Crimes de guerre à Sainte-Anne d’Auray ", sur le blog de Kristian Hamon, 18 octobre 2017. — État civil, Pluneret (acte de décès).

Jean-Pierre Husson, Jocelyne Husson

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