Né le 16 février 1902 à Varsovie (Pologne), massacré le 15 juillet 1944 à Marsac-sur-l’Isle (Dordogne) ; victime civile d’origine juive.
Zamek Lewek était le fils de Jacob Zamek et de Citivi Bruda. Il était commerçant. Il épousa Régina Poznanski, née le 1er janvier 1893 à Lodz, commerçante foraine en bonneterie, qui avait déjà deux enfants, français, Erna et Jacques Seibert. Erna, née le 20 janvier 1925 à Münster (Haut-Rhin) et Jacques, né le 1er février 1928 à Münster (Haut-Rhin), étaient les enfants de Régina Poznanski et de Sigmund Seibert, né à Lodz le 18 janvier 1897. Ils étaient repliés de Strasbourg, où ils vivaient 19 rue Kuhn. Ils arrivèrent à Périgueux en octobre 1939. La famille percevait l’allocation de réfugiés attribuée aux gens de Strasbourg, à partir du mois d’avril 1940, mais Lewek renonça à sa part à partir du mois de juin 1940. Il semble qu’ils aient vécu un temps, peut-être séparés, à Périgueux, 5 rue de l’Harmonie, mais aussi à Bergerac, 5 rue de la Boétie. Lewek fut, en effet, recensé à Bergerac lors du recensement imposé par la loi du 2 juin 1941. Il y vivait encore en avril 1942. Le 24 juin 1941, il passa devant la commission d’incorporation dans les Groupes de Travailleurs Etrangers (GTE) de Périgueux, mais, comme il avait renoncé à percevoir son allocation de réfugié, il échappa à l’incorporation dans un GTE. Le 9 janvier 1943, alors que toute la famille vivait rue de l’Harmonie, le préfet de la Dordogne prit à leur encontre un arrêté d’expulsion et d’assignation à résidence à Marsac, avec l’obligation de quitter leur logement avant le 31 janvier. Cet arrêté annulait un précédent acte préfectoral, daté du 22 décembre 1942, avec exécution avant le 15 janvier, par lequel ils étaient envoyés à Thenon. Le 29 décembre 1942, pour tenter d’éviter cette expulsion, Régina écrivit au préfet en faisant valoir qu’elle était malade, que Erna fréquentait l’école ORT de Périgueux où elle suivait des cours de haute-couture, que son mari suivait, depuis mai 1942, lui aussi des cours d’électro-mécanique à la même école ORT et que Jacques allait au lycée de Périgueux. Elle fournit alors des attestations signées par André Salomon, directeur de l’ORT, et elle lui demandait simplement l’autorisation de passer l’hiver dans leur logement de Périgueux. En vain. Ils durent s’installer à Marsac-sur-l’Isle, au lieu-dit « La Cave ». Cette mesure « d’éloignement », selon les termes administratifs utilisés, est à remettre dans le contexte plus général d’expulsion des Juifs des grandes villes engagé dès le mois de novembre 1941 par le préfet de la Dordogne puis par l’Etat Français. C’est ainsi que, en février 1942, le préfet avait demandé au Commissaire de police de Périgueux, qui avait inscrit Régina Zamek sur sa liste des gens à éloigner de Périgueux de lui adresser un dossier complémentaire. Le 30 mai 1942, le Commissaire de police avait maintenu sa demande d’éloignement.
Le 11 juillet 1944, un détachement du groupe de résistance « Roland » avait occupé la gare de la Cave en attente d’un train. A son arrivée, un adjudant allemand et plusieurs soldats armés descendirent sur le quai. Le combat qui s’était alors engagé avait duré peu de temps mais six Allemands périrent. Le 15 juillet 1944, les autorités allemandes organisèrent une opération de représailles visant à terroriser la population et à tuer six Juifs. Vers 8 heures du matin, arrivèrent deux camions de soldats allemands, un camion de "bicots" (ainsi appelait-on les membres de la brigade Nord Africaine) et trois autres, occupées par des officiers et des agents de la Sipo-SD de Périgueux. Le village fut aussitôt cerné par les soldats. Les Allemands et la brigade Nord Africaine firent des perquisitions dans toutes les maisons, non sans faire main basse sur du linge, des vêtements et des bijoux. Tous les hommes présents furent arrêtés et rassemblés à un point de contrôle établi près de la gare où il fut fait un tri entre les Juifs et les habitants du village. Les Allemands ne trouvèrent que cinq otages juifs alors qu’ils en voulaient six, c’est la raison pour laquelle ils prirent également un Juif qui passait là par hasard, allant à vélo à Périgueux. Ils emmenèrent les six victimes au lieu-dit la Barde, proche de la gare, sur la commune, où des membres de la brigade Nord Africaine les exécutèrent à 9 h. Les cinq autres victimes étaient Herz Leib Kociolek, Jechiel Kociolek, Brum Wolf, Israël Szermann, André Heyman. Toutes les victimes étaient mutilées et, selon les termes de l’acte d’état civil, « presque méconnaissables ».
Leurs noms figurent sur la stèle commémorative érigée sur l’emplacement de ces crimes.
SOURCES : Registre d’état civil de décès de Marsac-sur-l’Isle et de naissance de Munster.— Arch. Dép. Dordogne, 1 W 492 ; 1 W 494 ; 1 W 1809 ; 1 W 1901-1. Rapport de gendarmerie n° 949 du 6 octobre 1944. Arch. dép. Dordogne ; 1573 W 8. Rapport du 27 octobre 1944 ; 1573 W 8. Relation faite le 27 octobre 1944 par M. Texier, membre du comité de libération, et par l’institutrice (signature illisible) de Marsac ; fichier des allocataires de Strasbourg réfugiés à Périgueux ; 42 W 9 ; 42 W 240.— Archives du Consistoire du Bas-Rhin – Liste de victimes israélites dans le département de la Dordogne.— Bernard Reviriego, Les Juifs en Dordogne, 1939-1944, Périgueux, Éditions Fanlac-Archives départementales de la Dordogne, 2003, p. 259-261, 501.