Né le 15 novembre 1921 à Sosnowiec (Pologne), tué le 16 février 1942 à Thiers (Nord) ; mineur, puis métallurgiste ; militant des Jeunesses communistes, résistant, membre de la Main-d’œuvre internationale (MOI).

La famille Cichy était originaire de Pologne. Le père, Stanislas, arriva en France au début de 1923 et s’embaucha aux mines d’Ostricourt (Pas-de-Calais). En juin, le reste de la famille le rejoignit : sa femme, Louise, sa fille aînée, Stanislawa, ses deux fils, Tadeus, l’aîné, et le cadet, Joseph. En 1927, le père vint travailler à la fosse Saint-Pierre de Thivencelle (Nord), localité où la famille vint résider.
À quatorze ans, Tadeusz Cichy quitta l’école primaire de Thivencelle et s’embaucha lui aussi à la fosse Saint-Pierre mais continua à fréquenter le cours d’adultes à Thivencelle. En 1936, Émile Mennecart*, secrétaire de la cellule communiste de Condé-sur-l’Escaut, enregistra l’adhésion du jeune mineur aux Jeunesses communistes de Condé. En 1938, Tadeusz Cichy participa au congrès des Jeunesses communistes à Denain et noua des contacts avec les militants de la Jeunesse du Valenciennois et du Douaisis qu’il retrouva deux ans plus tard.
Lors de la grève de novembre 1938, Tadeusz Cichy fut arrêté ainsi que son père. Alors que le fils était relâché le jour même, le père fut expulsé en janvier 1939. Louise Cichy, avec sa sœur Geneviève et son frère Levin, alla rejoindre son mari en avril 1939. Tadeusz Cichy demeura donc à Thivencelle avec sa sœur aînée, Stanislawa, et son frère cadet, Joseph. Après le départ de ses parents, il quitta la mine pour travailler dans la métallurgie à Vieux-Condé et à Somain. En 1940, les trois frères et sœur évacuèrent à Saint-Omer ; c’est lors de cet exode que Tadeusz Cichy fut blessé par des éclats d’obus. Dès le début de l’Occupation, juillet 1941, il reprit contact avec les militants des Jeunesses communistes connus avant-guerre, Eusebio Ferrari, René Denys, Sandor Serediak* et quelques autres et participa aux actions de l’organisation secrète et de sa branche MOI.
Clandestin dès août 1941, il troqua rapidement son pseudonyme d’Armand (lequel passa à Belloci) pour celui de Jean Pawlowski. Sa « vraie » fausse carte d’identité correspondait en effet à celle d’un Polonais de Lambres-lez-Douai qui était mort, ce que tout le monde ignorait, même la police. Dès avant septembre 1941, de petits sabotages étaient accomplis au fond de la fosse Saint-Pierre par son frère Joseph qui y était mineur et par trois autres jeunes mineurs polonais : fermeture de vannes d’air comprimé, cisaillement de tuyaux alimentant les marteaux-piqueurs ; des grenades avaient été récupérées et entreposées à Bruay-Thiers. En septembre, Tadeusz Cichy participa à un vol de dynamite au fond de la fosse Saint-Pierre, à des sabotages de câbles. Ainsi, dans la nuit du 15 au 16 octobre 1941 : dynamitage près d’Annabes avec Eusebio Ferrari et René Denys d’un pylone d’une ligne à haute tension alimentant les usines de la banlieue est de Lille. Le dimanche 16 novembre avec Eusebio Ferrari, Silvano Lunazzi et Paul Frohlich, il fit sauter les câbles électriques alimentant l’usine Cail à Denain, etc. Le samedi 29 novembre 1941 Tadeusz Cichy-Pawlowski abattit avec René Denys le maire de Fenain que la résistance accusait d’avoir livré des otages aux Allemands. Envoyé entre-temps dans le bassin de la Sambre, il fut le 31 décembre 1941 de l’audacieux coup de main au cours duquel il s’empara avec Eusebio Ferrari, Belloci et René Denys, d’une peugeot stationnée devant la Kommandantur de Valenciennes : de ce véhicule fut diffusée l’Internationale le 3 janvier 1942 dans les rues de Fenain.
En février 1942 commença sa traque et celle de ses compagnons, René Denys dit « Max » et Eusebio Ferrari (« Fernand »). Caché chez Sophie Nits-Serediak* les 15 et 16 février, il fut pris au piège avec René Denys lors de la fouille systématique par les 400 hommes du commissaire spécial Rigal, appuyé par les forces allemandes, des corons de Bruay-sur-l’Escaut-Thiers et d’Anzin, particulièrement chez les personnes soupçonnées de sympathie à l’égard des résistants. Le 16, Denys et Pawlowski, cernés au café Mako à Thiers, tuèrent l’inspecteur Watremez. Tous deux furent abattus peu après les armes à la main. Tadeusz Cichy avait un peu plus de vingt ans.
Sources

SOURCES : Arch. Musée de la Résistance à Denain. — Arch. section spéciale de Douai. — André Pierrart et Michel Rousseau, Eusebio Ferrari à l’aube de la résistance armée, Syros, 1980. — Jean-Marie Fossier, Nord-Pas-de-Calais, zone Interdite. Mai 1940-Mai 1945, Éditions sociales, 1977. — Jean Estager, Ami, entends-tu. La résistance populaire dans le Nord-Pas-de-Calais, Messidor-Éditions sociales, 1986.

Iconographie
ICONOGRAPHIE : Arch. Liberté.

Odette Hardy-Hémery

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