LABORDE-LAGRAVE Henri, Victor. Pseudonyme : Lamiral
Né le 15 octobre 1921 à Tarbes (Hautes-Pyrénées), grièvement blessé le 21 août 1944 à Saint-Léger-de-la-Martinière, mort à Melle (Deux-Sèvres) ; instituteur ; résistant FTPF.
Henri Laborde-Lagrave dit Lamiral
Crédit : Michel Chaumet
Stèle commémorative à 2,5 Km au nord-est de Saint-Léger-de-la-Martinière, à l’angle du CD 950 et de la route menant à Fayette
Crédit : Site Combattants du Mellois
A l’instigation de Maurice Robin (alias Michel), chef des FTPF des Deux-Sèvres, il rejoignit la Résistance à la fin de 1943. Il devint garde du corps du major Witty alias Harold (de l’équipe Jedburgh parachutée dans la région de l’Absie dans la nuit du 15 au 16 juillet 1944) et nommé capitaine (il devait donc être déjà un résistant confirmé) ; il fut associé dans cette mission à Claude Cornillet.
Il se distingua lors du parachutage dans la forêt de Secondigny en juillet 1944 : responsable de l’opération et cerné par les Allemands, il réussit à sauver des conteneurs avec un camion réquisitionné à la scierie et, avec une quinzaine d’hommes, il transporta armements et munitions à Amailloux.
Après ce parachutage, Robin apprit que Laborde était menacé d’arrestation ; le 7 août, Laborde fut muté dans le Mellois où il fit équipe avec Marcel Alaterre et Roger Renaudeau avec pour mission de prendre le commandement des FTP du sud des Deux-Sèvres, ce que refusa Robert Tabourdeau, chef du groupe FTP (maquis Le docteur) de Sauzé-Vaussais. Son frère, Pierre Laborde-Lagrave, était aussi engagé dans la résistance dans le Mellois.
Laborde-Lagrave participa à l’organisation d’un nouveau parachutage afin d’armer la Résistance, notamment le maquis Fernand d’Ernest Jousseaume dans le sud des Deux-Sèvres. Ce parachutage fut demandé par Ledoux alias colonel Sidoux de la Vienne et obtenu par le major du SOE Maingard de la Ville ès Offrant alias « Samuel ». Henri Laborde-Lagrave et Frédéric Chollet furent chargés de rechercher un terrain. Ce fut le lieu-dit le Vieux-Lié, sur la commune de Sompt, homologué par la RAF sous le nom d’ « Aspic » ; un message de la BBC répété deux fois, « le voici enfin » prévint de la venue de deux avions qui larguèrent 21 conteneurs d’armes et de munitions dans la nuit du 17 au 18 août. Le chargement fut transporté sur des charrettes à bœufs jusqu’au souterrain du logis appartenant à mademoiselle Poupinot.
Le samedi 21 août, Henri Laborde-Lagrave participa à l’attaque d’un convoi allemand en repli sur la RN (aujourd’hui CD) 150 à la sortie de Saint-Léger-de-la-Martinière en direction de Poitiers, au lieu-dit Fayette. Laborde fut gravement blessé. Transporté à Melle, il succomba dans la nuit du 21 au 22.
Dans un rapport de 1944, Maurice Robin fait le récit de cet accrochage et de la mort de Laborde-Lagrave : « 21 août. Coup de main exécuté par les groupes Bersegeay et Lamiral. […] Attaque d’un convoi de trois véhicules. Un car bondé de soldats allemands essuie plusieurs rafales de FM puis s’arrête cent mètres plus loin environ. Lamiral se trouvant à Melle, entendant les détonations, prend une auto conduite par Jean-Pierre et accompagné de deux hommes utilise les petits chemins pour aller arrêter le car qui avait stationné pour ramasser les morts et les blessés. Le car et l’auto de retrouvent nez-à-nez. Lamiral et ses hommes n’ont pas le temps de [se] mettre en position et essuient tout le feu du car. Lamiral tombe mortellement blessé, le car continue sa route. »
Henri Laborde-Lagrave obtint la mention Mort pour la France. Une stèle fut élevée à sa mémoire à l’endroit où il fut atteint, à 2,5 Km au nord-est de Saint-Léger-de-la-Martinière, à l’angle du CD 950 et de la route menant à Fayette. Son nom fut donné à une rue de Parthenay.
Garnaud, résistant, ancien maire de Chey, dans un document manuscrit des années 1960, évoque Henri Laborde-Lagrave dans les termes suivants : « J’ai eu le privilège de vivre très près de lui pendant son passage dans le Mellois. Je me souviens très bien de nos discussions. Il avait une vue très optimiste de l’avenir. Il vivait déjà en pensée sa société future où l’homme serait un frère pour l’homme. C’était un idéaliste et sa présence dans la résistance n’était pas un acte raisonné mais un acte de foi. Il ne se battait pas par esprit nationaliste, mais contre le nazisme qui, pour lui, représentait une civilisation contraire à l’humanité. Comme tous les vrais chefs, il avait le don de communiquer sa foi. C’est une belle figure de la résistance. »
SOURCES : SHD-AVCC Caen, AC 21 P 62251. — Michel Chaumet, Jean-Marie Pouplain, La Résistance en Deux-Sèvres, La Crèche, Geste éditions, 2010, p.293, 341-342, 381, 387, 388. — Michel Chaumet, rapports Robin et Garnaud, archives personnelles. — Mémoire des Hommes. — Site Combattants du Mellois. — Informations communiquées par M. Gilles Laborde Lagrave (30 mars 2020).
Dominique Tantin