Né le 8 septembre 1889 à Verdun (Meuse), fusillé le 18 juin 1944 à Sambourg (Yonne) ; maire de Vireaux (Yonne) ; civil pris comme otage.

Henri Machefer, âgé de 55 ans en 1944, était le maire de Vireaux. Nous ne savons pas s’il aidait le maquis Aillot (Libération-Nord), installé dans les bois de l’Hospice, à cheval sur les communes de Lézinnes et de Vireaux, mais il en connaissait forcément l’existence car ce maquis recevait du ravitaillement et une aide active de la part des habitants de ces deux communes, et une partie de la population masculine en était membre.
Le 16 juin, trois motocyclistes français s’étaient arrêtés à Vireaux et, s’étant présentés comme des maquisards en fuite désireux de rejoindre la Résistance, ils furent imprudemment renseignés sur la présence du maquis par des habitants du village. Georges Navotte accepta même de rencontrer deux d’entre eux mais, méfiant, refusa de les incorporer.
Très tôt au matin du 18 juin, une formation de deux à trois cent « Russes blancs », encadrée par quelques officiers allemands, qui avait stationné la veille près du château de Tanlay, prit la route du maquis. Un détachement s’arrêta en chemin pour prendre en otage Jeannine Vadot et Maurice Duval à Ancy-le-Libre (Yonne), ainsi que Roger Maitrot et Auguste Ramel à Lézinnes. Une partie de la troupe attaqua le maquis vers 5 h du matin. Trois maquisards, Maurice Joannet, Jean-Claude Christol et Jean Porrot furent blessés en protégeant le repli de leurs camarades ; capturés, ils furent battus à mort. Deux autres maquisards, Pierre Brûlé et Jacques Gemble, furent capturés dans la matinée à la ferme du Deffroy et abattus.
Pendant ce temps, une partie du détachement occupait le village de Vireaux et rassemblait les hommes sur la place. Constatant l’absence de jeunes hommes, les Allemands s’en prirent violemment à Henri Machefer, l’accusant d’être au courant de l’existence du maquis et de ne pas en avoir informé les autorités d’Occupation. Deux des faux maquisards venus le 16 juin étaient aussi présents, en uniforme allemand. Ils brutalisèrent plusieurs femmes, dont l’épouse de Georges Navotte, suspendue par les bras, et firent prisonnières deux jeunes filles, Thérèse Antiquario et Yvonne Magoni, avec lesquelles ils avaient conversé le 16 juin.
À 10 h 30, les Allemands quittèrent le village avec deux nouveaux otages, Roger Choquenet et Henri Machefer, et les emmenèrent au hameau des Granges-Sambourg, sur la commune de Sambourg. Les cinq otages (Henri Machefer, Robert Choquenet, Maurice Duval, Roger Maitrot et Auguste Ramel) furent frappés puis fusillés contre un mur, devant les trois jeunes filles prisonnières. Après avoir été menacées d’exécution, celles-ci furent emmenées en camion et incarcérées à la prison d’Auxerre, d’où elles furent libérées quelques jours plus tard.
Le nom de Henri Machefer figure sur la plaque apposée sur un mur du hameau des Granges-Sambourg en mémoire des otages fusillés à cet endroit le 18 juin 1944 et sur une plaque placée au pied du monument aux morts de Vireaux. Il figure également sur le monument aux morts de Verdun et sur le monument des déportés et fusillés de l’Yonne à Auxerre.
Sources

SOURCES : Arch. dép. Yonne, 1 W 157 et 33 J 18 (registre de la prison d’Auxerre). — Journal l’Yonne Républicaine, articles du 29 octobre 1944 et du 18 juin 1945. — Témoignage oral de Georges Navotte. — CDrom La Résistance dans l’Yonne, ARORY-AERI, 2004 (Frédéric Gand, notice "18 juin 1944, attaque du maquis Aillot et massacre des Granges-Sambourg"). Robert Bailly, Si la Résistance m’était contée, Éd. ANACR-Yonne, 1990, pages 394-395. — Mémorial GenWeb.

Claude Delasselle

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