Né le 22 janvier 1916 à Saint-Denis-sur-Sarthon (Orne), exécuté sommairement le 9 juin 1944 au lieu-dit Sagne-Forêt, commune de Thauron (Creuse) ; résistant, maquis FTPF.

Adrien Moinet était le fils d’Hippolyte, Joseph, Alphonse Moinet et de Marie, Adrienne, Alice Delabre. Il était dans les années 30 domicilié avec ses parents à Saint-Denis-du-Sarthon dans le département de l’Orne. Convoqué pour le service militaire en octobre 1936, il fut incorporé dans le 8ème Régiment de Zouaves, en garnison au camp de Mourmelon (Marne). Ce régiment, motorisé, était alors le seul régiment de zouaves en métropole. Il termina son service militaire en octobre 1937. Il fut mobilisé le 2 septembre 1939 toujours au 8ème Régiment de Zouaves puis fut affecté le 5 février 1940 au 9ème Régiment de Zouaves. Celui-ci, élément de la 87ème Division d’Infanterie Nord-Africaine était positionné dans le secteur de Sarreguemines (Moselle). L’attaque allemande de mai 40 entraîna le repositionnement du régiment dans l’Aisne sur les berges du canal de l’Ailette. Le régiment parvint à tenir sa position du 21 mai au 6 juin. Après la percée allemande sur la Somme, et devant la menace d’encerclement, le régiment reçut l’ordre de faire retraite. En combattant, le régiment parvint à se porter au sud de la Seine ; le 15 juin les unités se trouvaient alors en forêt de Fontainebleau. Le 17 juin 1944 les éléments restants du 9e Zouaves, parvinrent à Sully-sur-Loire, prirent position sur le pont sur la Loire, permettant ainsi la traversée de la Loire par les autres unités françaises. Poursuivant sa retraite le régiment était parvenu le 25 juin 1944, établi en défense, sur la Vienne. Après un cantonnement à Issoudun (Indre), en zone libre, sous l’appellation très temporaire de « Régiment de l’Indre », le régiment repartit le 11 août vers son dépôt à Alger, via Marseille. Adrien Moinet fut, lui, démobilisé le 13 août 1940 par le centre de démobilisation de Guéret (Creuse). Il choisit de rester dans le département et s’installa à Saint-Christophe (Creuse) au sud de Guéret.
Il s’engagea dans la Résistance, rejoignant à quelques kilomètres de Saint-Christophe un maquis FTPF de la Creuse, la 2103ème compagnie. Cette compagnie appelée aussi La Royère, du nom du lieu-dit sur la commune de Sardent (Creuse), où elle s’était installée à l’automne 1943, prit plus tard le nom de compagnie Brunet du nom de Gabriel Brunet, un jeune maquisard communiste, exécuté sommairement par les Allemands le 7 septembre 1943 sur la commune voisine de Maisonnisses. Le 7 juin 1944, le lieutenant-colonel « François » (Albert Fossey), chef départemental des FFI de la Creuse et du Cher dirigea la première libération de Guéret à la tête des maquis de la Creuse. Guéret fut ainsi la première préfecture métropolitaine libérée de France. Il concentra pour cette opération plusieurs maquis creusois. Et parmi elles, la 2103ème compagnie FTP qui arriva à Guéret à l’aube du 7 juin 1944. Elle fut engagée dès le début de l’action, contre l’un des points de résistance allemand, l’hôtel Saint-François, place Bonnyaud, siège de la Kommandantur. Adrien Moinet participa sans nul doute à cette première libération de la ville.
Le 9 juin 1944, une opération allemande massive fut organisée pour reprendre Guéret, avec l’assaut en provenance de Montluçon de troupes de la Wehrmacht appuyée par l’aviation. Au sud des éléments blindés et motorisés de la division Das Reich furent chargées de contrôler les routes et d’empêcher le repli des résistants. Au vu de la disproportion des forces, les chefs de la Résistance ordonnèrent le repli et la dispersion de leurs forces. Un retard des forces de la division Das Reich, permit à la majorité des groupes de résistants d’échapper à la prise en tenaille. Mais en tout début d’après-midi, vers 14 h 30, sur la route de Guéret, au lieu-dit Combeauvert (à la limite des communes de Thauron et de Janaillat, Creuse), l’unité SS de la division Das Reich qui remontait vers le nord pour boucler l’encerclement de Guéret, se trouva face à plusieurs camions de résistants. Le premier, transportait les militaires allemands faits prisonniers le 7 juin à Guéret. Il était suivi d’un véhicule armé transportant (avec quelques résistants d’autres groupes) des FTP (en particulier de la 2103ème compagnie) se repliant vers leur base de Royère. Après un bref mais violent combat qui dura une vingtaine de minutes et qui fit plusieurs morts, les blessés et prisonniers furent rassemblés au carrefour de Combeauvert contre un talus et exécutés sommairement. Un FFI du Cher, Louis Bitaud et Adrien Moinet, furent fusillés un peu plus loin sur la commune de Thauron au lieu-dit Sagneforêt. Leurs corps furent recueillis le soir même, malgré la menace des troupes allemandes toujours présentes sur l’axe routier, par des agriculteurs du hameau voisin de Fontaneix et en particulier par M. Giraud propriétaire du champ où ils avaient été exécutés, qui les transporta chez lui dans un tombereau leur fabricant un cercueil et relevant tous les éléments disponibles pour une future identification. Transportés au bourg de Thauron le soir du 11 juin, après le départ des derniers éléments de la division Das Reich, ils furent enregistrés à l’État civil et enterrés dans le cimetière municipal. Adrien Moinet resta non identifié, jusqu’à ce qu’un jugement du tribunal de Bourganeuf du 10 octobre 1945 précise son identité comme étant celle d’Adrien Hippolyte Marcel Moinet.
Il obtint la mention mort pour la France et son nom est inscrit à Saint-Denis-sur-Sarthon sur le monument aux morts ainsi que sur la stèle commémorative en hommage aux résistants victimes du nazisme. Son nom figure également sur le mémorial de la résistance creusoise à Guéret et sur le monument commémoratif de Janaillat, dressé à Combeauvert en 1947 à l’initiative du maire de Janaillat, Prosper Coucaud.
Sources

SOURCES : Dossier AVCC Caen AC 21 P 104843 — Témoignage Mme. Alice Giraud-Vacheron (Pontarion) — René Castille Préparation et réalisation de la première libération de Guéret in La Creuse pendant la seconde guerre mondiale Ed. Le Puy Fraud 2012 — Marc Parrotin Le temps du Maquis, Histoire de la Résistance en Creuse Ed. Verso 1984 et Mémorial de la Résistance creusoise Ed. Verso 2000. — Mémoire des Hommes — Mémorial genweb — site Wikipedia — État civil, mairie de Thauron.

Michel Thébault

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