Exécuté sommairement le 22 août 1944 à Saint-Loup (Rhône) ; soldat ukrainien ou russe de la Wehrmacht.

Le 22 août 1944, venant de Roanne (Loire), le Freiwilligen-Stamm-Regiment 3 se repliait vers Lyon (Rhône) en empruntant la route nationale 7. Ce régiment était constitué essentiellement de Russes et d’Ukrainiens encadrés par des Allemands. Ils s’agissait d’opposants au régime soviétique, engagés volontairement dans la Wehrmacht. Ils étaient quelques centaines de soldats qui circulaient pour la plupart à pied ou en bicyclette sur la Nationale 7. La colonne atteignit le centre de Tarare vers 18 heures, puis Saint-Loup vers 18h30.
A Saint-Loup, l’armée allemande était attendue. Sur une colline surplombant la RN7, étaient positionnés un détachement de parachutistes du Special Air Service (SAS), commandé par le lieutenant Montreuil, et une section de maquisards commandée par Louis Challeat (alias Berthier), chef du secteur de Tarare. Peu après 18h30, les hommes des Forces françaises de l’Intérieur (FFI) et du SAS tirèrent du haut de la colline sur la colonne allemande en marche. Le combat entre les résistants et les soldats allemands dura jusqu’à 21 heures environ.
Lors de ce combat, les hommes de la Wehrmacht s’éparpillèrent aux alentours de la Nationale 7. Ils envahirent et pillèrent des habitations et arrêtèrent, volèrent et tuèrent des civils.
Vers 23 heures, la gendarmerie fut informée par des résistants que plusieurs personnes avaient été tuées par les troupes allemandes au Pied de Vindry. Les gendarmes se rendirent sur les lieux et trouvèrent en bordure de la Nationale 7, en face de l’arrêt du car de la Régie des Services automobiles du Rhône, neuf hommes et un garçon, alignés côte à côte et baignant dans leur sang. Ils remarquèrent également, sur le côté opposé de la route, devant l’autre arrêt des cars, le corps d’un militaire allemand, tué par balle.
Le 23 août 1944, à 7 heures, en présence des maires de Saint-Loup et de Tarare, les gendarmes recueillirent les identités des victimes étendues près de la Nationale 7. Seul, le cadavre du soldat allemand ne put être identifié. On ne trouva sur lui qu’une plaque portant l’inscription « 390-FREIW-UKR-STAM-R.G.T.3 ». Ce qui permet de déduire qu’il faisait partie d’une unité ukrainienne du Freiwilligen-Stamm-Regiment 3, sous le numéro matricule 390, et qu’il était donc probablement ukrainien. Le maire de Tarare fit transporter les corps à la morgue de l’hôpital de Tarare. L’inhumation des victimes eut lieu le 24 août 1944 à 10 heures.
Après-guerre, des prisonniers de guerre russes appartenant à l’unité Freiwilligen-Turk-Stamm-Regiment 3, qui étaient présents lors du combat qui eut lieu le 22 août à Saint-Loup, déclarèrent que le soldat allemand tué sur le bord de la RN7 avait été abattu par un officier allemand parce qu’il refusait de tirer sur les civils. Par ailleurs, des enquêteurs recueillirent un témoignage qui, malgré ses imprécisions, offrit une piste sérieuse pour déterminer qui était le coupable du meurtre de ce soldat et des civils de Saint-Loup. Un prisonnier de guerre du dépôt 91 (Poitiers) désigna un officier du Freiwilligen-Stamm-Regiment 3 : « Le capitaine Bergmann né en 1904 ou 1905 (habitait avant la guerre en Wesphalie et dans la province de Hanovre). Dans le village de Tarare entre Roanne et Mâcon, il était pris en fusillade par le maquis fin août début septembre 1944, lorsqu’il faisait le repli avec sa compagnie. Comme représailles il avait fusillé 40 français dans Tarare. […] La Cie de Bergmann s’appelait Régiment des volontaires Ukrainiens N°3 et ils étaient stationnés entre Roanne et Lyon au mois de juillet et août pour combattre le maquis F.F.I. Le lieutenant colonel Dorrenhaus était chef du régiment, Bergmann lui était chef de la Cie d’État major de ce régiment. Ce régiment s’est replié en septembre 1944 en Allemagne [...] ».
Monographie du lieu d’exécution
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Rhône, 3808W1108.— Note de Robert Goujon.

Jean-Sébastien Chorin

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