Né le 14 mars 1874 à Varsovie (Pologne), massacré le 5 avril 1944 à Aubas (Dordogne) ; ministre officiant ; victime civile d’origine juive.

Henri Saler était le fils de Moïse Saler et de Sarah Redlus. Il épousa Berthe Moise, née le 2 juin 1875 à Verny (Moselle). Elle décéda le 8 octobre 1935 en gare de Metz, en fuyant l’Allemagne nazie. Ils eurent un enfant, Marcel, né en 1905. Il se remaria avec Rosa Maier, née le 24 septembre 1893 à Walheim (Haut-Rhin). Ministre officiant mais aussi hazzan (il n’était pas, contrairement à ce qui a souvent été écrit, rabbin), il exerça à Delme (Moselle). Réfugié, avec son épouse, en Dordogne, il fut domicilié à Périgueux, 13 rue d’Angoulême puis, à partir du 31 août 1942, à Montignac, rue du 4 Septembre. Il était l’un des meilleurs collaborateurs de l’Aide sociale israélite de Périgueux, qui fut l’une des grandes organisations qui s’occupèrent d’aider les populations israélites en Dordogne, mais aussi dans tous les départements d’accueil de la zone Sud.
Henri Saler fut l’une des nombreuses victimes de la division Brehmer qui passa en Dordogne du 26 mars au 2 avril 1944, bien que quelques unités de cette division soient restées cantonnées quelques jours de plus dans le secteur de Montignac et d’Aubas. La division Brehmer, ou division B de l’initiale du patronyme de son chef, le général Brehmer, accompagnée par des éléments de la Sipo-SD et de la Brigade nord-africaine et bénéficiant de renseignements collectés par des délateurs, collaborationnistes ou non, et par l’administration de Vichy, traversa le département en direction de la Corrèze, traquant les maquisards et massacrant des civils en représailles dans le cadre d’opérations de répression, mais elle conduisit aussi une politique génocidaire à l’encontre des nombreux Juifs réfugiés dans le département. Les hommes furent abattus parce que juifs et les femmes et les enfants furent arrêtés, transférés à Drancy puis déportés vers les centres de mise à mort, Auschwitz-Birkenau principalement.
Le 5 avril 1944, les Allemands arrêtèrent à Montignac une trentaine de personnes qui furent rassemblées dans une salle de la mairie. Seul Henri Saler, arrêté à son domicile, fut l’objet, devant les autres internés, de brimades et de violences. La plupart des internés fut relâchée, à l’exception de dix Juifs qui furent déportés par les convois n° 71 à 73. Henri Saler a ensuite été mené dans les bois du Paradou, près du village de Le Bousquet, sur la commune d’Aubas, pour y être abattu. Il était 16 h.
A Montignac, son nom est mentionné trois fois : dans le cimetière de Montignac, sur une plaque, sur le monument aux morts des victimes de la guerre 1939-1945, mais aussi sur une stèle commémorative de la déportation des Juifs disparus du canton de Montignac, placée dans le square du monument aux morts. Il apparaît également sur le monument commémoratif 1939-1945 de Sarlat ainsi que sur une plaque commémorative installée dans la synagogue de Delme.
Sources

SOURCES : Registre d’état civil d’Aubas.— Arch. dép. Dordogne, Fichier des allocataires réfugiés à Périgueux ; 1573 W 8 ; 14 J 22 ; 42 W 6 ; 1573 W 6.— Mémorial de la Shoah-CDJC, CCXV-42, sans date. Liste des fusillés de Thenon et Sainte-Orse.— Consistoire du Bas-Rhin, archives non cotés, sans date,Liste des victimes israélites dans le département de la Dordogne.— Bernard Reviriego, Les Juifs en Dordogne, 1939-1944, Périgueux, Éditions Fanlac-Archives départementales de la Dordogne, 2003, p. 254, 442-443.— Consistoire israélite de la Moselle, Le martyrologe des Juifs de la Moselle- 1939/1945, Imprimerie Klein, 1999, p. 92, 110.—Sites internet consultés le 24 mars 2018 : Monuments aux morts ; Généalogie d’Henri Saler

Bernard Reviriego

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