Oissery, Forfry et communes alentour (Seine-et-Oise, aujourd’hui Seine-et-Marne), 26 et 27 août 1944
Le 26 août 1944, le bataillon commandé par Charles Hildevert fut décimé à Oissery par les forces allemandes. Ces combats et le ratissage effectué le jour même et le jour suivant dans les communes voisines, firent cent cinq morts (surtout des résistants mais aussi quelques civils massacrés) et soixante-cinq prisonniers ou disparus.
Le parachutage devait avoir lieu sur le terrain habituel de Saint-Pathus/Oissery aux alentours de l’étang de Rougemont. Au matin du 26 août, un convoi de vingt-cinq camions, le bataillon Hildevert, venant du Raincy se dirigea vers le lieu de rendez-vous par Villeparisis et Claye-Souilly. La formation fut repérée par les Allemands, en particulier par une unité allemande, la 49e Panzerbrigade S.S.
Le convoi arriva à Saint-Pathus vers 9 heures 30 - 10 heures, et prit position. Mais des groupes allemands puissamment armés le surprirent. Oissery et ses alentours furent le théâtre de violents combats, mais la disproportion des forces et des armements aboutit à un véritable massacre dans les rangs des résistants. Les combats firent cent cinq morts, dont le commandant Hildevert et ses deux fils tués par un obus de 88, et soixante-cinq prisonniers et disparus selon les estimations d’après-guerre. En particulier, la râperie de betteraves installée sur la commune fut le lieu du massacre de plusieurs dizaines de résistants pour la plupart blessés. En effet pendant les combats, les blessés se réfugièrent avec quelques prisonniers et des infirmières dans cette râperie. L’infirmerie de la râperie fut peu après investie par les soldats allemands et incendiée avec ses occupants. On en retira vingt-sept cadavres calcinés et pour certains jamais identifiés.
Le jour même et le lendemain 27 août, alors même que les forces américaines de la IIIème Armée US venant du sud approchaient, parvenant le 28 août à Saint-Pathus, les troupes allemandes procédèrent à un intense ratissage du secteur pour retrouver les résistants qui étaient parvenus à s’échapper. Des rescapés furent capturés à Saint-Mesmes, Vinantes, Monthyon, Saint-Soupplets, Saint-Pathus et fusillés sur le champ.
Gilles Primout (site internet. op. cit.) a dressé une liste des victimes (neuf cadavres brûlés à la Râperie ne furent pas identifiés ; parmi eux vraisemblablement les portés disparus figurant dans cette liste).
Liste des victimes :
- Jean-Marie Ardoli, 19 ans, rescapé de la bataille abattu à Saint-Mesmes
- Georges Bardon, 25 ans, tué à Oissery
- Gilbert Bataille, 19 ans, tué à Oissery (son frère, capturé, reviendra de déportation), impasse à Noisy-le-Grand (1964)
- Fernand Baudot, 38 ans, blessé à l’étang, achevé et brûlé à la Râperie. Allée à Livry-Gargan (1945)
- Mohamed Bess-Perdjani, soldat tunisien prisonnier de guerre qui s’est joint au bataillon ; tué sur le pont de la Thérouannne
- Jean Bleuzen, 28 ans, blessé à l’étang, achevé et brûlé à la Râperie
- Gaston Blois, 38 ans, porté disparu
- Ernest Bonin, 29 ans, tué à Oissery
- Pierre Bouyer, tué à Oissery
- Roger Briand, tué à Oissery
- Julien Bridier, 37 ans, tué à Oissery
- William Britton, 23 ans, tué par éclats d’obus à Oissery
- Henri Brumet (Brunet ?), tué à Oissery
- Lucien Brunel, tué à Oissery
BUSSIERE Louis, fait prisonnier et exécuté sommairement. - Albert Castelain, 28 ans, tué carrefour de Vinantes
- Robert Cerles, 18 ans, tué à Oissery
- Adrien Chaigneau, alias Jack Telmont, lieutenant de l’équipe Jedburgh, tué à l’étang (Saint-Cyrien promotion 1937)
CHARRETON Roland, 19 ans, tué à Oissery
CHAUSSADE Paul, tué à Oissery - Robert Colombelle, 31 ans, rescapé de la bataille, abattu à Vinantes
- Henri Compagnon, 24 ans, tué à Oissery (il avait participé au sabordage de la flotte à Toulon en 1942)
- Bruno Cornelli, 19 ans : ouvrier agricole, il commet l’erreur se s’approcher d’un hangar en feu en compagnie du fils de son patron ; les deux jeunes gens sont abattus et brûlés à la Râperie
- Eugène Cornet, 40 ans, blessé à l’étang, achevé et brûlé à la Râperie
- Marie-Louise Cornet, née Filloux, 39 ans : infirmière du Bataillon, elle refuse d’abandonner Eugène, son mari blessé ; elle est fusillée et brûlée à la Râperie ; leur fils Louis, 16 ans, ne pourra identifier que les restes de son père
- Georges Corten, 18 ans, tué à Oissery
- André Courbard, blessé à Rougemont, achevé et brûlé à la Râperie
- Jean-Paul Couturier, 23 ans, tué à l’entrée d’Oissery
DAMERON Michel, 24 ans, blessé à l’étang, achevé et brûlé à la Râperie - Maurice Darras, 19 ans, rescapé de la bataille, abattu à Saint-Mesmes
- Paul Darras (frère du précédent), 20 ans, tué à Oissery, rue à Noisy-le-Grand
- Raymond Déjardin, 19 ans, rescapé de la bataille, abattu à Monthyon, rue à Noisy-le-Grand : Raymond Desjardin
DELHOSTAL Jean, tué à Saint-Soupplets
DENIS Charles, tué à Oissery - M. Deroche, porté disparu
- André Duval, porté disparu
- André Ferlicot, 32 ans, tué à l’étang
FIERENS Émile, rescapé de la bataille, fusillé à Saint-Soupplets. - Gaston Fontaine, 38 ans, blessé à l’étang, achevé et brûlé à la Râperie
- M. François, tué à Oissery (il s’agit peut-être d’Adrien Chaigneau alias Jack Telmont, alias Jean-François)
- Maurice Fructus, tué à Oissery
GAVEND Léon, fait prisonnier et exécuté sommairement à Oissery ou Forfry - Auguste Geneviève, 24 ans, tué à Oissery
- José Giner, 41 ans, tué à Oissery
- Henri Girard, tué à Oissery
- Louis Gollion, 40 ans, blessé à l’étang, achevé et brûlé à la Râperie
- André Grelot, 18 ans, tué à Oissery
- Édouard Guenzi (Gueuze ?), tué à Oissery
- Maurice Guillemain, 50 ans, blessé à l’étang, achevé et brûlé à la Râperie
GUILLOTEAUX Marcel, tué à Oissery - Jean Guingel, porté disparu
- Émile Guyon père, 47 ans, tué à Oissery
- Emile Guyon fils, 21 ans, tué à Oissery
- Jean-Jacques Harbulot, tué à Oissery
- Marcel Harbulot, oncle du précédent, tué à Oissery
- André Hautcolas, 22 ans, tué à l’étang
- Charles Hildevert, 45 ans, tué avec ses deux fils à l’étang
- Georges Hildevert, 19 ans
- Roger Hildevert, 21 ans
- Michel Jannin, 18 ans, tué à Oissery
- Roger Joly, 24 ans, blessé à l’étang, achevé et brûlé à la Râperie
LAMANT Jules exécuté sommairement à Forfry
LAMANT Albert exécuté sommairement à Forfry
LAMANT Louis exécuté sommairement à Forfry - Jean Laplace, 30 ans, tué à Oissery
- Jean Laurent, 31 ans, porté disparu
- Robert Laurent, frère du précédent, 28 ans, blessé à l’étang, achevé et brûlé à la Râperie
LAVETTI Marc, fusillé à Saint-Mesmes mais ne figure pas sur les effectifs du Bataillon - Maurice Lavoignat, 26 ans, tué à l’entrée d’Oissery
- Fernand Leconte, porté disparu
- Hervé Legrand, 20 ans, tué à l’entrée d’Oissery
- Henri Lemble, tué à Oissery
- Pierre Lemoine, tué à Oissery
- Fernand Leroyer, 23 ans, blessé à l’étang, achevé et brûlé à la Râperie
- André Lesouef, tué à Oissery, mais n’appartiendrait au Bataillon
LEURIDAN Florimond, responsable du groupe local, capturé près de la fontaine Marguerite pendant la bataille, conduit à Meaux où il fut fusillé - Jean Lorin, 30 ans, porté disparu
- Maurice Lorin, 30 ans, blessé à l’étang, achevé et brûlé à la Râperie
- Des frères jumeaux ? Sur le tableau des effectifs ils sont nés tous les deux le 24 mars 1914. Ou erreur de prénom sur un présumé disparu qui sera finalement identifié parmi les cendres de la Râperie.
- Jules Lotte, 41 ans, tué à Oissery
- Albert Louveau, 25 ans, rescapé de la bataille, fusillé le lendemain à Saint-Mesmes
- Maurice Mamoud, prisonnier de guerre qui s’est joint au Bataillon ; tué sur le pont de la Thérouanne
- Robert Mathieu, 29 ans, tué à Oissery
- Lucien Mauzon, 34 ans, tué à Oissery (volontaire des corps francs en 1940)
MAYEUR Raoul tué à Oissery - Guy Meillasson, porté disparu
- Rémy Michel, 24 ans, rescapé de la bataille, fusillé à Saint-Soupplets
- José Michon, fils d’un fermier d’Oissery ; commet l’erreur de s’approcher, en compagnie d’un ouvrier agricole, d’un hangar en feu ; les deux hommes sont abattus puis brûlés à la Râperie
- René Morel, 40 ans, tué à Oissery
NAYRAC Roger, tué à Oissery
ONRAET Roger, réfractaire du STO comme Marc Lavetti, également abattu à Saint-Mesmes. - Jean-Paul Orsetti, 37 ans, blessé à l’étang, achevé et brûlé à la Râperie
PAPAZIAN Mercès, rescapé de la bataille, fusillé le 27 août à Saint-Mesmes - Pierre Patron, porté disparu
PERSICO Gilbert, rescapé de la bataille, fusillé à Saint-Soupplets.
RICHARD Jean, tué à Forfry au lieu-dit La Longuenne
RUELLE Alfred, tué au château de Forfry - Eugène Schmidlin, 36 ans, blessé à l’étang, achevé et brûlé à la Râperie
- Maurice Schneiderlin, 19 ans, tué à Oissery
SIMOENS Paul, tué à Oissery - Georges Soudet (Souvet ?), 35 ans, tué à Oissery
SPODEN Jean, blessé au combat, achevé et brûlé à la râperie. - Gabriel Tcherny, tué à Oissery
TESTA Angel, rescapé de la bataille, fusillé le lendemain à Saint-Mesmes - Théo Verbois, porté disparu
VERRONS Robespierre, tué au combat à Oissery.
VINCENT Fernand, victime civile. - Serge Wallet, tué à Oissery
Liste des déportés répertoriés par Gilles Primout :
BAUDET Marcel né le 6 août 1914 à Fismes (Marne), déporté vers le KL Sachsenhausen, mort dans ce camp le 28 février 1945.
BOUVANT Marcel né le 30 avril 1913 à Paris (Seine), déporté vers les KL Sachsenhausen puis Mauthausen, mort dans ce dernier camp le 5 mai 1945.
CALIN Albert né le 11 juillet 1905 à Lille (Nord), déporté vers les KL Dora puis Sachsenhausen, mort dans ce dernier camp (date inconnue).
CHENUT Roger né 26 janvier 1926 à Belfort (Territoire de Belfort), déporté vers le KL Langenstein, mort dans ce camp le 9 février 1945.
FOULON Georges né le 6 mars 1886 à Neuilly-sur-Marne, déporté vers le KL Sachsenhausen, mort dans ce camp le 3 mai 1945.
GOUSSARD Yves né le 2 janvier 1928 à Fort-de-France (Martinique), déporté vers les KL Sachsenhausen puis Bergen-Belsen, mort dans ce dernier camp en mars 1945.
GUEGNOUX Marcel
HUBERT André né le 31 juillet 1914 à Clichy-sous-Bois (Yvelines), déporté vers le KL Sachsenhausen, libéré à Schwerin le 2 mai 1945, rentré.
NARBEL Gabriel né le 20 septembre 1920 à Villeneuve-sur-Yonne (Yonne), déporté vers les KL Sachsenhausen puis Dachau, libéré à Dachau le 29 avril 1945, rentré.
SIMON Georges né le 28 juillet 1901 au Havre (Seine-Maritime), déporté vers les KL Sachsenhausen puis Neuengamme, libéré à Sandbostel le 29 avril 1945, rentré.
TARRAL né le 3 septembre 1920 à Romainville (Seine), déporté NN vers le KL Sachsenhausen, mort au Kommando de Klinker dépendant de ce camp le 10 avril 1945.
TROUVE Louis né le 1er janvier 1916 à Paris (Seine), déporté, mort à Sandbostel le 27 avril 1945.
VINTER Charles né le 23 novembre 1922 à Pavillon-sous-Bois (Seine), déporté vers le KL Sachsenhausen, libéré le 3 mai 1945, rentré.
VINTER René né le 3 octobre 1924 à Pavillon-sous-Bois (Seine), déporté vers le KL Sachsenhausen, libéré le 3 mai 1945, rentré.
WASTERLAIN Marcel né le 24 décembre 1898 à Aubervilliers (Seine), déporté vers les KL Sachsenhausen puis Mauthausen, mort dans ce dernier camp le 12 avril 1945.
On peut trouver plusieurs plaques et monuments relatifs au drame à Oissery et Forfry, commune voisine. Le conseil municipal de la première commune décida d’attribuer la date du 26 août 1944 à l’une des rues.
SOURCES. Sites Internet : notice sur Oissery — Site de Gilles Primout, art. « Oissery, un dommage collatéral ? » — Site de la Fondation pour la Mémoire de la déportation [bddm.org] — Mémoriaux de Seine-et-Marne, sur Oissery et sur le groupe Hildevert. — Résistantes et résistants en Seine-Saint-Denis, Un nom, une rue, une histoire, AMRN 93 Éditions de l’Atelier, 2004.— Mémoire des Hommes. — Mémorial genweb.
Frédéric Stévenot, Michel Thébault