Né le 26 avril 1925 à Saint-Quay-Portrieux (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) ; assassiné le 13 juin 1944 à Plestan (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) ; ajusteur ; membre de la Compagnie FTP Ernest Le Borgne.

Louis Le Basque était le fils de Louis Le Basque et d’Élodie Morvan qui demeuraient 28 rue Georges Clemenceau à Saint-Quay-Portrieux. Son père grièvement blessé pendant la Grande Guerre décède en 1941.
Louis Le Basque est entré en 1941 à l’Ecole des mécaniciens chauffeurs de la Flotte à Saint-Mandrier, près de Toulon (Var). Son matricule était le 1741. Après l’occupation de la zone Sud de la France et le sabordage de la Flotte, fin novembre 1942, Louis Le Basque est rentré en Bretagne. Il quitte au début de l’année 1943 le domicile familial à Saint-Quay-Portrieux. Selon sa sœur, il aurait gagné le Sud Finistère. Arrêté pour fait de résistance, incarcéré à Quimper, il réussit à s’évader puis se replie dans le Centre-Bretagne. On ignore dans quelles conditions et à quelle date il est entré en contact avec la Résistance dans la région de Callac (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor).
Du 6 au 10 juin 1944, d’importants largages de parachutistes SAS et d’armes furent effectués autour la forêt de Duault afin de mettre en place la base Samwest.
Entre le 9 et le 12 juin 1944, 31 civils furent arrêtés dans le sud-ouest du département par des militaires allemands et martyrisés à l’école catholique des garçons de Callac (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor).
Le 11 juin 1944, après s’être égarés, des militaires allemands arrivèrent à Kerhamon en Duault (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor), 14 FFI, FTP et parachutistes SAS se trouvèrent dans la ferme de Pierre Le Guilloux, après un bref échange de coups de feu les allemands prirent la fuite sans subir de perte.
Le lendemain lundi 12 juin 1944, les militaires allemands revinrent en convoi -environ 300 hommes-, un combat s’engagea avec les maquisards FFI, les FTP et les parachutistes SAS, au cours des affrontements 2 FTP de la compagnie "Tito", 5 parachutistes SAS et 3 civils furent tués au combat ou assassinés ainsi que 42 militaires allemands.
Le fait d’avoir perdu de nombreux hommes lors des combats les opposant aux FFI, FTP et parachutistes SAS à Kerhamon et à Guernhir en Duault le 12 juin 1944, poussa sans doute les militaires allemands à se venger en arrêtant de paisibles civils innocents au hasard des rencontres dont le seul tort fut de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment.
Cinq fermes furent incendiées et complètement détruites, deux à Kerhamon et trois autres à Guernhir.
Membre de la Compagnie FTP Ernest Le Borgne dont les membres sont stationnés à proximité de Duault, en contact avec Jean Le Gallou, instituteur à Maël-Pestivien et commissaire aux effectifs de la Compagnie, Louis Le Basque, âgé de 19 ans, quitte son groupe de base pour une mission de contact avec les SAS. Au sein de ce groupe figuraient deux gardiens de la paix de Paris qui témoigneront en 1946. Caché dans une ferme à quelques kilomètres de la base Samwest, Louis Le Basque fut sans doute arrêté le 12 juin lors d’une rafle à proximité de la halte de Penity en Duault (à la limite de Carnoet et Plusquellec) sur la ligne de chemin de fer Carhaix-Guingamp réseau départemental.
Regroupés par les militaires allemands à l’école catholique des garçons de Callac (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor), 31 personnes furent transportées à bord de 3 camions le 13 juin 1944, à 8 heures du matin, jusqu’au bois de Boudan en Plestan : Jean Bonnet, Kagy Che-Hami, Ammar Ferrane, Jean Gragne, Mohamed Kanem, Ali Lakrout, Amokrane Lassouaoui, Fernand Le Banner, Louis Le Basque, Pierre Le Coz, Pierre Le Coz, Alain Le Guern, François Le Guern, Hervé Le Guern, Jean Le Guern, Yves Le Guern, François Le Quéré, Pierre Le Tannou, Arsène Manac’h, Auguste Manac’h, Louis Manac’h, René Molière, Pierre Ollivier, Hocine Ouarezki, Jean Pinson, Joseph Pinson, Valentin Tydou et Mohamed Zeggane ainsi que 3 personnes qui ne furent jamais identifiées.
Les 31 personnes furent assassinées en soirée. Le responsable de ces crimes fut le colonel Pulmer du SD de Rennes, aidé de miliciens autonomistes bretons. Sept Algériens figurent parmi les victimes. Selon témoignage, le 13 juin 1944, vers 12h, deux camions traversèrent le bourg de Plestan et s’arrêtèrent dans un bois situé à 3 km. Les camions étaient chargés de militaires allemands et de jeunes gens porteurs de pelles et de pioches. Selon un second témoignage, vers 16h, une fusillade et des cris furent entendus. Le bois fut gardé jusqu’au lendemain après-midi. Ange Marie Rouault, 47 ans, cultivateur, affirma avoir entendu de longues rafales d’armes automatiques puis avoir vu trois camions et une voiture noire chargés de militaires allemands se diriger vers Lamballe (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) en sortant du bois de Quercy en Plestan. Le lendemain, il entendit une autre série de coups de feu et vit un camion chargé de militaires allemands stationné en face du chemin de Boudan. Après le départ des militaires allemands, une commerçante de Lamballe, Mlle Deschamps, également secouriste de la Croix Rouge, alertée par des témoins, constata que des civils avaient été fusillés et enterrés à la hâte dans deux fosses. Certains cadavres étaient à peine recouverts de terre. Comme elle était déjà intervenue pour qu’un soldat allemand ait une sépulture digne, elle fit une démarche identique auprès des autorités allemandes à Saint-Brieuc.
Le 2 juillet 1944, deux fosses contenant 16 et 15 cadavres furent ouvertes. Tous portaient des traces de balles, sauf un qui fut étranglé. Mlle Deschamps photographia les corps au moment de leur exhumation. Elle exposa ensuite les clichés dans la vitrine de son magasin.
La dépouille non identifiée de Louis Le Basque fut retrouvée dans la 1ère fosse contenant 16 corps. Son identification fut difficile. Il portait au moment de son exécution un pantalon de marine avec le numéro de matricule, 1741. Cependant personne ne le reconnut.
Sans nouvelle de son fils depuis juin 1944, Mme Veuve Le Basque, inquiète, avait fait paraître des annonces dans les journaux locaux en indiquant ses coordonnées. Ces recherches s’avérèrent vaines en 1944. Des circonstances fortuites permirent à la famille de connaître le destin tragique de leur fils. Deux gardiens de la Paix de Paris, FTP de la Comapagnie Le Borgne qui avaient gardé des contacts avec la fermière qui les avaient hébergés près de Callac en juin 1944 prirent contact avec Mme Le Basque. En effet la fermière continuait à leur envoyer des provisions enveloppées dans du papier journal. En lisant ces journaux déjà anciens ils remarquèrent un des avis de recherche de Louis Le Basque publié par la famille. Les deux hommes écrivirent à Mme Le Basque qui se rendit à Lamballe pour rencontrer Mlle Deschamps, qui confirma fin février 1946, photo et matricule à l’appui, la terrible nouvelle.
Louis Le Basque obtint à titre posthume :
- la médaille Militaire.
- la croix de guerre 39-45 avec palme.
- la médaille de la Résistance.
Son nom figure sur Le monument du bois de Boudan en Plestan et sur Le Monument des Combattants et Martyrs 1939 -1945, square du 18 juin 1940 en Saint-Quay-Portrieux.
Madame Le Basque rencontra à Plestan le Général de Gaulle lorsqu’il se déplaça dans le département.
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Site des Lieux de Mémoire du Comité pour l’Étude de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Côtes d’Armor, 2W235-238. ─1T1547, dossier professionnel de Joseph Le Gallou, instituteur à Maël-Pestivien, commissaire aux effectifs de la Compagnie FTP Ernest Le Borgne.
— Alain Prigent et Serge Tilly, L’occupation allemande dans les Côtes-du-Nord (1940-1944, Les Lieux de Mémoire, Cahiers de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord, n° 10 (2004) et n° 11 (2005). ─Entretien avec Marie Le Basque, sœur de Louis Le Basque, en avril 2019. ─Documents remis par Mme Virginie Chenard, petite-fille de Marie Le Basque (Lettre datée de février 1946, auteur dont la signature est illisible).

Alain Prigent, Serge Tilly

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