Né le 14 octobre 1926 à Lanmodez (Côtes-du-Nord, Côtes d’Armor) ; assassiné à bout portant par des russes blancs intégrés dans les troupes allemandes le 6 août 1944 à Lanmodez ; civil.

Fils d’Edouard Le Berre, cultivateur et de Marie, Anne Berthou.
Yves Le Berre était célibataire.
Le 6 août 1944, il fut assassiné au Carpont en Lanmodez par des russes blancs, Adèle Le Guevel et Jean-Baptiste Kernivinen subissent le même sort tragique.
Témoignage d Victor L’Anthoën (fils d’Athur et de Adèle Le Guével) recueilli par les gendarmes de Lézardrieux le 9 octobre 1944.
Le 6 août 1944, vers 13h30 je me trouvais en compagnie de mon frère Yves et du jeune Yves Le Berre dans la cour de la ferme de mes parents, à ce moment une trentaine de boches venant de la direction de l’Ile-à-Bois, se dirigeant vers le bourg de Lanmodez nous ont aperçus dans la cour, aussitôt les 3 premiers de cette colonne un sous-officier et 2 soldats nous ont crié : "com, com", il nous a été impossible de fuir car ceux-ci avaient leurs mitraillettes braquées en notre direction.
C’est alors que voyant leur air menaçant, nous nous sommes avancés dans leur direction arrivés à leur hauteur sans aucun prétexte un sous-officier m’a asséné un violent coup de crosse de fusil sur le bras gauche ; sous la violence du choc je me suis mis à crier et leur ai dit de me fouiller afin de prendre mes pièces d’identité le sous-officier m’a alors répondu "égal papir nich, papir terroriste kapout !".
Ils nous dit alors de marcher devant eux en direction Lanmodez, nous nous sommes exécutés tous les trois et à environ 150m plus loin, j’ai aperçu mon père qui sortait d’un champ, à la vue de mon père qui sortait d’un champ et doutant du triste sort qui nous était réservé je me suis lancé à son cou en disant : "papa, délivre-nous car ils vont nous fusiller tous les trois".
Ce n’est qu’après un entretien de quelques minutes qu’un deuxième sous-officier qui venait à la ferme d’exécuter ma mère m’a dit que j’étais libre et que je pouvais rentrer à la maison voir ma mère.
Ainsi libéré je suis rentré à la ferme, et en passant devant la grange j’ai trouvé ma mère étendue sur le dos, elle râlait et paraissait souffrir, je me suis approché d’elle et comme je pensais qu’elle avait une syncope je l’ai sortie de la grange pour lui faire prendre l’air. Pendant que j’effectuais ce travail 3 ou 4 boches m’ont regardé en riant.
Je suis allé par la suite chez Monsieur Jacob chercher du secours, et à mon retour j’ai trouvé sur les lieux ma tante, Madame Toullic et mon frère.
Le jeudi 10 août j’ai été hospitalisé à Tréguier, et le 15 août jour de la Libération de Lézardrieux, j’ai appris que les Allemands stationnés à l’Ile-à-Bois avaient été faits prisonniers, j’ai demandé à sortir en ville et effectivement j’ai vu un camion américain chargé de prisonniers boches, parmi lesquels j’ai reconnu ceux qui avaient commis l’assassinat de ma mère, de mon frère, du jeune Yves Le Berre et de Jean Kernivinen.
En compagnie du docteur Cousin de Tréguier et de deux FFI nous nous sommes rendus au bureau des affaires civiles à Lannion, nous avons appris que le camion de prisonniers avait été dirigé vers Morlaix, j’ai appris depuis qu’un camp de prisonniers avait été formé à Saint-Thegonnec aux environs de Morlaix et je pense que ceux de l’Ile-à-Bois y sont enfermés.
Je demande a me rendre sur les lieux afin de reconnaître le cas échéant les terroristes de ma famille et de mes amis.
En outre je puis affirmer que le jour ou ces Allemands ont tué ma mère ceux-ci se rendaient au sémaphore de Créac’h-Maout en Pleubian où ils ont commis d’autres méfaits beaucoup plus graves en torturant et en assassinant 21 personnes de Larmor-Pleubian, je suis certain de pouvoir en reconnaître une grande partie.
Lecture faite persiste et signe.
Son nom figure sur Le Monument du Carpont en Lanmodez et sur Le panneau du mémorial du Carpont en Lanmodez.
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Site des Lieux de Mémoire du Comité pour l’Étude de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Côtes d’Armor, 2W236. – Archives de l’ANACR. – Alain Prigent et Serge Tilly, L’occupation allemande dans les Côtes-du-Nord (1940-1944), Les Lieux de Mémoire, Cahiers de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord, n° 10 (2004) et n° 11 (2005).

Alain Prigent, Serge Tilly

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