Né le 10 juillet 1924 à Cua Rao (Indochine), mort au combat le 26 août 1944 à Tonnerre (Yonne) ; maquisard FTP.

Pierre Moraël appartenait à la 2e compagnie FTP Rouget de Lisle. Installée dans le bois des Centaines, en forêt d’Othe, près de Villechétive, cette compagnie s’était constituée en un maquis dont l’état-major FTP confia le commandement à Jean Magendie (« Méléki »), un officier de gendarmerie qui avait pour mission de la reprendre en main. Au mois d’août 1944, le maquis comptait plus de 200 hommes. Pierre Moraël faisait peut-être partie des prisonniers de guerre indochinois détenus au camp de Saint-Florentin, qui s’évadèrent fin juillet 1944 et gagnèrent la compagnie Rouget de Lisle grâce à des résistants sédentaires locaux. La compagnie quitta le bois des Centaines le 22 août et entra le lendemain à Saint-Florentin. Tandis qu’une partie de la compagnie s’y installait, une autre partie commandée par Magendie et Georges de Tardy de Montravel poursuivit sa route. Le 25 août, elle participa à la libération de Chablis et arriva le soir à Tonnerre, où se trouvait déjà un petit détachement américain avec quelques blindés.
Le 26 août 1944, vers 10 h du matin, un convoi allemand fortement armé se présenta aux portes de la ville. Magendie, ne soupçonnant sans doute pas l’importance de ce convoi (il s’agissait d’une colonne de l’Afrika Korps, composée de voitures et de camions équipés de mitrailleuses), et comptant sur l’appui de deux blindés américains, décida de leur barrer la route. Il fit placer deux groupes de fusils-mitrailleurs à la sortie de la ville au lieu-dit La Grange-Aubert. Paul Moreau se plaça à gauche de la route et Angelo Galante à droite. Quand le convoi se présenta, les deux fusils-mitrailleurs firent feu et bénéficièrent de l’effet de surprise : plusieurs soldats allemands furent fauchés dans leurs voitures ou en sautant des camions. L’ennemi répliqua violemment. Pierre Moraël fut blessé et conduit dans une ferme toute proche ; le flanc ouvert, il mourut aussitôt. Vers 10 h 30, un char américain se présenta, tira une fois et quitta les lieux. Peu après les Allemands firent remonter de la colonne deux pièces d’artillerie de 77 et de 105 mm. Quatre FTP continuaient de verrouiller l’entrée de la ville en tenant l’ennemi à distance par la précision de leurs tirs. Paul Moreau fut tué sur place de plusieurs balles. Armand Leroux, tireur, atteint une première fois à la jambe refusa de reculer. Atteint une seconde fois à la poitrine, il fut contraint de cesser son tir. Ses camarades ne purent l’évacuer et il expira au bout de deux heures. Les Allemands entamèrent un mouvement enveloppant par les champs et lancèrent des tirs de mortier qui atteignirent quelques maisons. En milieu d’après-midi, les maquisards durent décrocher. Le combat avait fait trois morts, trois blessés, et un prisonnier, Georges de Tardy de Montravel*, fusillé le 29 août.
Le nom de Pierre Moraël, ainsi que celui de ses deux camarades morts dans le même combat, figure sur une plaque murale au lieu-dit La Grange-Aubert, à Tonnerre. Il figure aussi sur le monument « Aux combattants de la Cie Rouget de Lisle morts pour la France » à Bussy-en-Othe (Yonne), et sur le monument des déportés et fusillés de l’Yonne à Auxerre.
La libération de Tonnerre (25-29 août 1944)
Sources

SOURCES : Robert Bailly, La Croix de Saint-André, Éd. ANACR-Yonne, 1981, pp. 305-310 ; Robert Bailly, Si la Résistance m’était contée…, Éd. ANACR-Yonne, pp. 494-496. Gand Frédéric, « 25-29 août 1944, La libération de Tonnerre », in La Résistance dans l’Yonne, CDrom, AERI-ARORY, 2004. — Mémorial GenWeb. Site internet Mémoire des hommes.

Joël Drogland

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