Né le 30 juin 1917 à Czortkow (Tchortkiv, Autriche-Hongrie, Pologne, Ukraine), massacré le 28 juillet 1944 à Lyon (Rhône), rue Claude Joseph Bonnet (IVe arr.) ; victime civile.

Nathan Amarant était le fils de Khanokh (Henri) et de Fajga (Feiga, Fanny) Sternberg. Il demeura avec sa mère et son frère 22 rue Saint-Dominique à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). A la fin du mois d’octobre 1943, il partit pour Lyon (Rhône). Il s’installa avec sa famille 16 rue Claude Joseph Bonnet (IVe arr.).
Le 28 juillet 1944, Nathan Amarant fut arrêté en tant que Juif et exécuté à son domicile par des agents de la Gestapo alors qu’il tentait de s’enfuir. Un gardien de la paix fut témoin de son assassinat : « Ce jour vers 19 heures, je passais à hauteur de la Place Tabareau lorsque j’ai été requis par deux policiers allemands pour effectuer en leur compagnie des recherches pour retrouver un individu, qui bien que blessé avait pris la fuite. Quelques instants plus tard cet individu était retrouvé à l’École Jacquart occupée par des soldats allemands. En compagnie des deux policiers allemands je me suis rendu 16 rue Claude Joseph Bonnet à Lyon IV au domicile de l’individu. Arrivé dans l’appartement situé au rez-de-chaussée, ce dernier a immédiatement cherché à nouveau à s’enfuir, brisant entr’autre une vitre d’une fenêtre donnant sur la rue, bien que je le tenais fortement au moyen d’un cabriolet. A un moment donné cet individu réussissant à échapper à mon étreinte s’empara du revolver du policier allemand qui se trouvait à proximité et le brandissait dans notre direction. Le deuxième policier allemand l’a alors abattu d’un coup de revolver, calibre 7m/m65, dans la nuque. Un camion de la Maison Gorand dont le siège est situé 142 boulevard de la Croix-Rousse requis par les soins des policiers allemands a transporté le corps à leur permanence 21 rue de Bonnel à Lyon. […] ».
La police française fut avisée vers 19 heures qu’un « homme de confession israélite » venait d’être abattu par des policiers allemands. Ils firent porter le cadavre de Nathan Amarant à l’Institut médico-légal. Le constat du médecin légiste confirma le récit du gardien de la paix. Sa mort était due à une « blessure cervico-crânienne transfixiante par balle » (le coup de feu avait été tiré à bout portant dans la nuque). Le rapport de police du 28 juillet précisa par ailleurs que la carte d’identité de Nathan Amarant, selon laquelle il était le fils de Henri et de Jeanne X, paraissait fausse (cette carte l’avait donc peut-être trahi lors d’un contrôle).
Après-guerre, des enquêteurs déduisirent que les auteurs de l’arrestation et du meurtre de Nathan Amarant étaient des Français, membres du Parti populaire français (PPF), auxiliaires de la Gestapo, du fait que son cadavre avait été transporté au siège du PPF, 21 rue de Bonnel.
Nathan Amarant fut inhumé le 7 août 1944 au cimetière juif de Lyon - La Mouche. Il fut exhumé le 28 juillet 1947 pour être enterré à Clermont-Ferrand.
Le sort de Fajga Amarant, la mère de Nathan, reste incertain. Elle fut arrêtée le 28 juillet 1944. Elle portait la fausse carte d’identité de Fanny Amarant née Dissard. D’après une demande de renseignement de la Croix-rouge, elle fut transportée en même temps que le cadavre de son fils au 21 rue de Bonnel dans le camion réquisitionné de la boucherie Gorand. Ensuite elle fut peut-être exécutée le jour même ou peut-être internée à Montluc et déportée (il existe une fiche et un dossier au nom de Fanny Amarant dans le « fichier Montluc » conservé aux archives départementales du Rhône mais ce fichier ne répertorie pas seulement des prisonniers de Montluc).
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Rhône, 3808W1031 (Mémorial de l’oppression), 45W50 (rapports journaliers du commissariat central de Lyon), 3335W29, 3335W14 (fichier Montluc, fiche et dossier de Fanny Amarant).— Arch. Mun. Lyon, acte de décès 469 (IVe arr.), 1899W16 (convois funéraires).— Site Internet de Yad Vashem.

Jean-Sébastien Chorin

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