Né le 29 août 1913 à Genolhac (Gard), exécuté sommairement le 22 octobre 1944 à Moyenmoutier (Vosges) ; inspecteur adjoint des Eaux et Forêts ; résistant au sein de l’administration des Eaux et Forêts et des FFI.

Jean-François Pelet était le fils d’un ancien élève de l’École nationale des Eaux et Forêts, il s’est à son tour orienté vers une carrière forestière. Admis à l’École forestière secondaire des Barres de Nogent-sur-Vernisson (Loiret), il en est sorti en 1937 avec le grade de garde général puis fut affecté à Fraize (Vosges).
En septembre 1939, il fut mobilisé dans l’infanterie. Au mois de mai 1940, il appartenait au 3e Bataillon de Chasseurs Pyrénéens, affecté à Belfort, au sein du Secteur fortifié de Montbéliard. Arborant le grade d’aspirant, il commandait une section. Il fut blessé durant les combats autour de Fort de Roppe, au nord de Belfort. Il reçut une citation à ce titre : « Chef de section courageux, a fait preuve d’une belle conscience professionnelle. Au cours d’une reconnaissance périlleuse effectuée dans la région de Vétrigne le 18 juin 1940, a été grièvement blessé de plusieurs balles ennemies. Malgré sa perte de sang est rentré au fort à la tête de ses hommes ». Blessé et fait prisonnier lors de la chute du fort le 21 juin, il fut envoyé en captivité en Allemagne. Malgré sa blessure, il ne fut libéré qu’à l’automne 1941. Ayant retrouvé son épouse et sa fille, il reprit ses fonctions à Fraize. La pénurie de cadres forestiers conduisit le responsable de l’Inspection de Saint-Dié, Louis François, à le prendre comme adjoint.
Dès 1941, Louis François* avait structuré un réseau de résistance en grande partie constitué d’agents des Eaux et Forêts, sélectionnés puis recrutés parmi les membres des inspections forestières de Saint-Dié Sud et Saint-Dié nord. Louis François* y associa rapidement Jean-François Pelet. Ils animèrent ensemble ce réseau initialement axé sur le renseignement, la récupération d’armes et l’aide aux évadés d’Allemagne ayant transité par le massif des Vosges. L’organisation forestière s’intégra en juillet 1943 dans le cadre régional de la Résistance (Région C). La multiplication des chantiers forestiers permettait par ailleurs d’éviter le départ vers l’Allemagne des jeunes gens dans le cadre Service du travail obligatoire (STO), tout en camouflant des réfractaires au STO ainsi que des Alsaciens et des Mosellans en fuite. Ces chantiers ont également constitué un terreau pour le recrutement des maquis vosgiens de 1944. En 1944, François* et Pelet assurèrent en particulier l’organisation du maquis du Haut Jacques, aux portes de Saint-Dié.
Durant l’été 1944, Jean-François Pelet eut à affronter le décès d’un fils en très bas âge. Il n’en a pas moins poursuivi son action clandestine, avec comme point d’orgue la réunion des volontaires déodatiens au col du Haut Jacques le 3 septembre, dans l’attente d’un parachutage d’armes annoncé concomitamment à celui destiné au secteur de Viombois au nord de Raon-l’Étape. Comme à Viombois, où la situation tourna au drame le 4 septembre, le parachutage n’intervint pas. Les volontaires regroupés par centaines au Haut Jacques furent immédiatement renvoyés vers leur domicile pour ne pas éveiller les soupçons. Pelet échappa momentanément à la vague de répression qui déferla sur les Vosges dans la foulée. Il demeura absent de Saint-Dié pendant quinze jours. Dans un but de prudence, Louis François* le fit fictivement nommer à une autre affectation, à Bruyères. Pelet rejoignit néanmoins son poste de Saint-Dié, refusant d’abandonner son chef et son personnel. La rubrique nécrologique que lui a consacré la Revue des Eaux et Forêts, en octobre 1945, insiste sur son double devoir du moment : « Fonctionnaire ayant un rôle économique important à remplir, le ravitaillement de la population en bois de chauffage et surtout celui des boulangers, il devait demeurer à son poste le plus longtemps possible avant de gagner le maquis. Ainsi était évitée la désorganisation du service qui entraînait fatalement des souffrances plus grandes pour la population. FFI, il continuait à seconder son chef dans la lutte contre l’ennemi ».
C’est dans ce contexte qu’intervint l’arrestation par les services allemands de Jean-François Pelet et de Louis François*. Louis François* fut arrêté le 17 octobre, Jean-François Pelet le lendemain alors qu’il revenait d’une liaison vers les lignes américaines. Détenus et torturés avec douze autres résistants (dont six autres personnels forestiers et un parachutiste anglais) dans les caves de l’école du Vivier à Étival-Clairefontaine, François* et Pelet furent emmenés le 22 octobre dans la vallée de Ravines, près de Moyenmoutier, et abattus en forêt. Leurs compagnons d’infortune y furent également exécutés puis leurs corps brûlés dans une scierie. Quant aux corps de François* et Pelet, ils furent jetés dans une même fosse au bord du ruisseau des Devis. Leurs dépouilles furent retrouvées le 8 décembre 1944.
Trois stèles commémoratives ont été inaugurées le 27 octobre 1946 sur les lieux d’exécution de la vallée de Ravines, dont l’une spécialement dédiée à la mémoire de François* et Pelet. Le 10 octobre 1954, une route forestière, à l’étude de laquelle Jean-François Pelet avait initialement pris part, a reçu le nom de Route Jean-François Pelet, en souvenir de son action forestière et résistante. Elle mène du Col de Mandray (au nord de Fraize) au Col du Bonhomme, via le vallon du Pré des Raves. L’appellation Route Jean-François Pelet figure encore sur les actuelles cartes IGN.
Sources

SOURCES : Nécrologie parue dans la Revue des Eaux et Forêts, Tome LXXXIII, octobre 1945, p. 616-618. — Inauguration de la route Jean-François Pelet, Revue forestière française, vol. VI, n° 11, 1954, p. 679. — Aurélien Bansept, Les forestiers dans la Résistance : illustration avec l’organisation des Eaux et Forêts dans le secteur de Saint-Dié (Vosges), Revue Forestière Française, vol. LXVI, n° 5, 2014, pp. 715-723. — Stéphane Weiss, Sur les traces des cadres forestiers français tombés durant la Seconde Guerre mondiale, Revue forestière française, vol. LXII, n° 5, 2010, pp. 575-584.

Stéphane Weiss

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