Née 21 novembre 1891 au Quessoy (Côtes-du-Nord, Côtes d’Armor) ; abattue le 5 août 1944 par des parachutistes allemands à Moncontour (Côtes-du-Nord, Côtes d’Armor) ; civile.

Fille de Pierre Garnier, laboureur et de Jeanne Dutertre, ménagère, demeurant au Quildé en Le Quessoy, épousa Jean Aubin en première noce, François Louis Berthelot. Le couple eut enfants.
Dans les jours qui précédèrent la Libération du département des Côtes-du-Nord du 1er au 18 août 1944, les troupes allemandes cherchèrent à se mettre en sécurité dans les grandes bases navales qu’elles occupaient à Brest (Finistère) et à Lorient (Morbihan). Subissant le harcèlement de la Résistance, elles se livrèrent à des crimes commis sans objectif militaire, tuant de paisibles gens au travail dont le seul tort fut d’être au mauvais endroit au mauvais moment. Ce fut durant cette période que près de 50% des 700 victimes recensées dans le département furent abattues, massacrées.
Le samedi 5 août 1944, les Allemands ayant quitté la ville de Moncontour, une section de FFI de la Résistance locale, composée de 25 hommes environ, en prit possession. Vers 12h30, un détachement d’une dizaine de parachutistes allemands fut signalé. Ce groupe venait d’Erquy (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) dans le but de rejoindre Lorient (Morbihan). Dès le 3 août 1944 à La Couture en Erquy, un combat l’opposa à la Résistance locale faisant six tués parmi les FFI et 5 victimes parmi les civils. Le commandement du détachement était assuré par le capitaine Otto Hedderich.
Pensant que ce détachement n’était composé que d’une dizaine d’hommes, les FFI allèrent leur tendre une embuscade à La Belle-Etoile dans les faubourgs de Moncontour. Au cours de l’engagement trois parachutistes furent tués et un plusieurs autres furent blessés. En représailles douze civils furent froidement assassinés à la limite des communes de Moncontour, Trédaniel et de Hénon (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor), dont dix hommes et deux femmes et parmi eux deux adolescents.
Lors de l’affrontement, au carrefour des routes de Lamballe et de Saint-Brieuc, les Allemands lancèrent une fusée pour demander le secours d’une importante colonne de 250 hommes qui les suivait, se déployant en position de combat. Furieux, déchaînés et ivres par le pillage des débits rencontrés, ils se livrèrent à de multiples exactions, menaçant de tuer tout le monde et de mettre le feu à la ville de Moncontour.
À la Belle-Etoile, ils abattirent le jeune Joseph Boscher âgé de 18 ans, prenant en otage 6 personnes : Eugène Reslou, François Tardivel, Pierre Haffray, Isidore Morin, Pierre Calvez et Roger Dieulesaint âgé de 17 ans les faisant courir devant eux les bras levés en direction du bord de la rivière l’Egron sur la route de Saint-Brieuc. Ils les abattirent un à un au fur et à mesure d’un coup de revolver dans la nuque, basculant les corps dans la rivière, puis ils mitraillèrent longuement les cadavres submergés. Pierre Calvez bien que grièvement blessé au cou et à la tête échappa miraculeusement à la mort.
Les femmes portant leurs bébés et les enfants du quartier furent contrainte d’assister à ce spectacle sous la menace de fusils mitrailleurs et de mitraillettes.
Les trois membres de la famille Rio, le père Joseph Rio, son épouse Louise Thépault et leur fils Roger Rio, furent abattus dans leur maison. Jeanne Garnier épouse Berthelot fut abattue au pied de son lit, Mathurin Rebours et son commis Henri Hervé furent abattus dans la cave de cette maison où ils s’étaient réfugiés.
Sept maisons et un garage furent incendiés. Le responsable de ces crimes fut l’adjudant-chef Robert Stahler. Sous la menace d’un revolver il entra dans la gendarmerie et somma un gendarme de rassembler 50 bicyclettes dans les 15 minutes. La population rassembla les bicyclettes exigées à la gendarmerie. Les Allemands firent aligner tout le monde en vue d’un nouveau massacre. Vers 17 heures les FFI décrochèrent sans avoir subi de perte, ayant devant eux 250 parachutistes fortement armés.
Mme Veillet Dufrême qui s’exprimait parfaitement en allemand, alla parlementer avec les militaires allemands, elle leur promit d’assurer une sépulture décente à trois des leurs, tués.
Le capitaine du détachement sembla ne pas approuver les méthodes de Robert Stahler, ne maîtrisant plus ses hommes il donna l’ordre de départ. Ils prirent la route avec une trentaine d’otages en direction de Plessala (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor).
Les otages, encadrés par des Allemands à bicyclette, furent emmenés en courant bras levés jusqu’à Plémy (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor) dans le but de protéger le détachement de toute attaque des FFI. Le dimanche 6 août 1944, arrivés au Logis-Neuf en Plémy, les Allemands exigèrent d’être ravitaillés. Après un long conciliabule entre militaires allemands qui ne parvenaient pas à s’entendre, les otages furent libérés au Logis-Neuf en Plémy après avoir parcouru 4 km. La stèle des trente otages au Logis Neuf en Plémy marque cet événement.
À 28 km de Moncontour, la colonne fut stoppée à Saint-Lubin en Plémet (Côtes-du-Nord ; Côtes d’Armor). La stèle de Saint-Lubin en Plémet marqua l’événement. Robert Stahler fut arrêté et détenu. On ne sut ce qu’il devint. Ce tragique événement fut par le nombre de victimes l’un des plus meurtriers du département.
Jeanne Garnier épouse Berthelot avait 53 ans, son nom figure sur Le Monument de La Vallée en Moncontour.
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Site des Lieux de Mémoire du Comité pour l’Étude de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Côtes d’Armor, 2W236. – Alain Prigent et Serge Tilly, L’occupation allemande dans les Côtes-du-Nord (1940-1944), Les Lieux de Mémoire, Cahiers de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord, n° 10 (2004) et n° 11 (2005).

Alain Prigent, Serge Tilly

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