Né le 24 décembre 1916 à Château-d’Olonne (Vendée) exécuté sommairement le 20 juillet 1944 au Pont de Murat, commune de Saint-Dizier-Leyrenne (Creuse) ; militaire, sous-officier de carrière ; résistant AS de la Creuse.

Armand Joseph Hilairet était le fils d’Auguste et Henriette Chusseau, cultivateurs. Il s’engagea pour trois ans dans l’armée de terre en 1936 et il servit successivement au 505e régiment de chars puis au 24e régiment de tirailleurs tunisiens à partir de novembre 1937. Devenu caporal au cours de la « Drôle de guerre », il a combattu dans cette dernière unité pendant la campagne de France puis il échappa à la captivité en étant démobilisé au dépôt de Montélimar en août 1940. Rengagé puis titularisé dans le corps des sous-officiers de carrière dans la garde de l’armée d’armistice en janvier 1942, il a été affecté successivement au 2e escadron à pied du 5e régiment à Bellac (Haute-Vienne) puis brièvement détaché à l’encadrement de l’école de la garde de Guéret. Le garde Armand Hilairet était marié à Marcelle Bironneau.
Le 7 juin 1944 les maquisards des MUR et FTP attaquèrent la ville de Guéret : les élèves de l’école de la garde ainsi que la plupart de leurs cadres se rallièrent à la Résistance et participèrent aux combats pour libérer la ville. L’escadron de la garde 2/5 du capitaine Termet, qui alors avait pour mission d’assurer le maintien de l’ordre dans le canton de Bourganeuf, se rapprocha de Guéret le lendemain afin d’appuyer militairement la Résistance lors de la prévisible contre-attaque allemande. Le 9 juin, la ville retomba à nouveau aux mains de l’ennemi après de violents combats et les résistants qui parvinrent à s’échapper repassèrent alors au maquis dans les collines et forêts de la Creuse.
Au début de juillet 1944, l’escadron 2/5 était cantonné clandestinement à une quinzaine de kilomètres au nord de Bourganeuf. A partir du 15 juillet 1944, les troupes allemandes de la brigade Jesser ratissèrent méthodiquement le secteur afin de localiser et détruire les poches de résistance : de sanglants combats opposèrent l’armée allemande aux éléments du 2/5, notamment les 17 juillet 1944 à Boissieux et 19 à Villatte. Le 20, le garde Hilairet et un camarade, le garde Heinrich, en mission de ravitaillement pour leur groupe auprès des hameaux voisins, tombèrent près de Cluptat sur une patrouille allemande et furent capturés après avoir tenté de s’enfuir et combattre. Emmenés dans une ferme proche, ils y ont été interrogés puis un vif débat opposa alors deux officiers allemands quant au sort des prisonniers. Un des officiers, partisan du respect des lois de la guerre envers des combattants ennemis capturés en uniforme, obtînt alors qu’ils ne soient pas exécutés sur le champ mais conduits en captivité. Les deux prisonniers furent alors transférés au « Pont de Murat », où ils retrouvèrent le lieutenant-colonel Marty et six autres gardes de l’école de Guéret, capturés la veille au combat à Champroy. Le soir vers 20h30, des témoins civils ont vu les Allemands emmener six gardes en uniforme dans les bois puis ils ont entendu des détonations au loin.
Le 4 août, la fosse collective fut enfin découverte après de longues recherches consécutives au départ des Allemands de la région le 30 juillet. Les corps, en état de décomposition avancée, furent identifiés avec difficulté ; tous avaient été exécutés de trois balles dans la tête et enterrés à la hâte. Les gardes Hilairet et Heinrich purent être reconnus grâce à leurs papiers militaires retrouvés dans leur portefeuille. Ils furent par la suite enterrés après des obsèques solennelles à Bourganeuf.
Après la guerre, l’engagement militaire du garde Hilairet dans les combats pour la Libération aux côtés de la Résistance a été mis en avant par la gendarmerie et il reçut la médaille militaire à titre posthume (1948) ainsi que la croix de guerre 1939-1945 avec palme.
Son nom figure sur le monument aux morts de la commune de Bellac (Haute-Vienne), sur le mémorial de la résistance creusoise à Guéret et sur la stèle commémorative dressée sur les lieux de l’exécution.
Sources

SOURCES : SHD/DAVCC (Caen) : dossier individuel 21 P 52 730 — État signalétique et des services (série 1 R AD Vendée) — Rapport n°312/2 du 28 novembre 1944 du capitaine Garnault au sujet de la mort du garde Hilairet de l’escadron 2/5 — ouvrage collectif : « Les cadets de la garde dans la tourmente » (publié par le service historique de la gendarmerie nationale) — notice Maitron des fusillés par Michel Thébault : « Saint-Dizier-Leyrenne, Pont de Murat (20 juillet 1944) »

Sébastien Horner

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