Née le 10 mai 1917 à Louargat (Côtes du Nord, aujourd’hui Côtes d’Armor), massacrée le 11 juin 1944 à Saint-Junien-la-Brégère (Creuse) ; cultivatrice ; victime civile.

Angéline Le Luyer était la fille de Jean Marie Le Luyer, originaire des Côtes d’Armor et installé comme cultivateur à Saint-Junien-la-Brégère et de Françoise Marie Salaien. Elle épousa le 19 octobre 1935 à Saint-Junien-la-Brégère, Baptiste Jalinaud, né à Bourganeuf (Creuse) en 1916 où il exerçait la profession de porcelainier. Le couple eut deux enfants, une fille Hélène née le 16 février 1936, et un garçon né en 1940.
Après le débarquement du 6 juin 1944, la division SS Das Reich, reçut l’ordre de remonter vers le nord et au passage de réprimer les insurrections de la Résistance limousine. Le 8 juin 1944, dans la journée, le 3ème bataillon du régiment Der Führer se dirigea vers Saint Léonard de Noblat (Haute-Vienne), où il parvint le 8 au soir, pour le lendemain poursuivre sa route vers Guéret libérée par la Résistance, afin de boucler la ville par le sud. Le 9 juin au matin, le bataillon reprit sa progression vers Guéret où il parvint en fin d’après-midi, après avoir perpétré un massacre au lieu-dit Combeauvert (commune de Janaillat, Creuse). La plus grande partie du bataillon SS, commandé par le SS-Sturmbannführer Helmut Kämpfe, revint le soir même par le même itinéraire, rappelée par le général de la division, Lammerding, pour se préparer au départ vers la Normandie. Vers 20 h. le commandant Kämpfe, parti seul en voiture à l’avant de son bataillon, fut fait prisonnier quelques kilomètres avant Saint-Léonard-de-Noblat dans une embuscade tendue par les résistants de Haute-Vienne (AS et FTP). L’arrivée des troupes allemandes un peu plus tard déclencha aussitôt des fouilles et perquisitions dans tout le secteur. Les 10 et 11 juin, le général Lammerding envoya toutes les troupes disponibles ratisser le secteur de Saint-Léonard-de-Noblat pour tenter de retrouver le colonel Kämpfe. C’est donc vraisemblablement une unité de la division Das Reich qui le 11 juin 1944 se présenta à Saint-Junien-la-Brégère, commune limitrophe du département de la Haute-Vienne, à une dizaine de kilomètres à l’est de Saint-Léonard-de-Noblat. En arrivant dans le village les troupes allemandes tirèrent sur les habitants qui s’enfuirent et fouillèrent l’école. Angéline Le Luyer, voyant arriver le convoi allemand venant de Saint-Moreil (Creuse), tenta de s’enfuir avec ses deux enfants âgés de 4 et 8 ans et de se réfugier chez des voisins. Rattrapée par les soldats allemands, elle fut interrogée sur la localisation des maquis et aussitôt abattue sommairement dans un champ proche.
Elle obtint la mention morte pour la France et une stèle à sa mémoire fut dressée après la guerre à Saint-Junien-la-Brégère.
Sources

SOURCES : Marc Parrotin Le temps du Maquis, Histoire de la Résistance en Creuse Ed. Verso 1984 et Mémorial de la Résistance creusoise Ed. Verso 2000 — État civil.

Michel Thébault

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