Du 14 mars au 4 juin 1944, cette commune du département de la Dordogne fut le théâtre de combats et d’actions répressives de la part de la Milice de Vichy et des Allemands de la division Brehmer puis de la 2e SS Panzerdivision Das Reich. Le bilan global fut de seize morts parmi les résistants et la population civile,

Stèle commémorative
Stèle commémorative
Crédit : MémorialGenWeb
Stèle commémorative
Stèle commémorative
Crédit : MémorialGenWeb
Dans les affrontements entre occupants et résistants pour le contrôle des principaux axes de communications, Terrasson occupait une position stratégique sur la RN 89 à proximité du carrefour avec la RN 20. Elle fut donc le théâtre de plusieurs affrontements.
Le 14 mars, au carrefour des quatre routes sur la RN 89, un détachement de la Wehrmacht rafla huit jeunes pour le STO.
Dans la nuit du 24 au 25 mars, un accrochage se produisit entre des Francs-gardes de la Milice qui assuraient la sécurité de la réunion entre Victor Denoix, chef départemental de la Milice et son lieutenant Lavaud, de Terrasson, et un détachement de maquisards. Quatre résistants FTPF, Gaston Baspeyrat, Philippe Colomer, Raoul Guignet et René Sarrette, et un milicien furent tués au cours du combat.
Le 27 mars, à l’est de la ville, au lieu-dit Les Moulins de Coutal sur la RN 89, les maquisards tendirent une embuscade contre un convoi allemand venant de Brive et l’obligeant à se replier. Selon les gendarmes, les Allemands auraient eu cinq tués. Le lendemain, les Allemands revinrent en force et emmenèrent les habitants de la ferme. Ils furent cependant relâchés quelques temps après. Mais le hameau fut incendié le 1er avril.
Le 30 mars, un détachement de la division Brehmer encercla et isola la commune. La Sipo-SD et l’état-major s’installèrent dans la Maison du Peuple, d’où la répression fut organisée avec le soutien de la Milice. Celle-ci avait donné aux Allemands une liste de résistants ou de sympathisants, mais la plupart d’entre eux eurent le temps de s’enfuir. Sept habitations furent incendiées. Des patrouilles rayonnèrent dans les environs pour traquer les fugitifs. Le maire, le docteur Puyaubert, 71 ans, accusé de complicité avec la résistance, fut emmené et battu à la Maison du Peuple. Il démissionna et fut remplacé par Georges Labarthe, lequel a laissé un récit détaillé de toute la période. René Lascaux, le secrétaire de Mairie, infirme, fut arrêté et brutalisé à son tour. Max Tourailles, communiste, arrêté, refusa de donner des renseignements. Le 31 mars, René Lascaux et Max Tourailles furent abattus. Au hameau de Preyssac, les Allemands perquisitionnèrent et découvrirent un sac de parachute ; les habitants furent brutalisés, les maisons pillées, puis quatre bâtiments furent incendiés. En début d’après-midi, un détachement intervint au hameau de la Tranche où les soldats trouvèrent un fusil de chasse et un revolver rouillé. Le hameau fut incendié par des soldats géorgiens du bataillon 799. Louis Bouzonnie, Henri Faurie, Paul Ferret et Étienne Michaudel y furent abattus. Le 1er avril, Jean (dit Georges) Gaucher et Gaston Marty, dénoncés pour avoir aidé le maquis, furent arrêtés à Chavagnac et exécutés à Terrasson.
Enfin le 10 juin 1944, Terrasson subit la répression d’un détachement de la Panzerdivision SS Das Reich. Celle-ci avait reçu l’ordre de rejoindre la Normandie. Les blindés les plus lourds devaient être embarqués sur des convois ferroviaires en gare de Périgueux après avoir été acheminés par la RN 89. Un régiment d’artillerie avait pour mission de sécuriser la route. Or, depuis le débarquement, la Dordogne était en état d’insurrection. Partout les maquis multipliaient les actions de harcèlement ; des villes, à l’instar de Terrasson, furent libérées, les résistants installèrent de nouvelles autorités qui proclamèrent IVe République. Mais à 16h, les SS firent irruption dans la ville et les maquisards durent se replier. Les Allemands ouvrirent le feu dans la cité, tuant trois habitants, Jean Roubinet, Jean Tible et Louis Treille. Fernand Limouzy, un résistant blessé, fut pendu. Le nouveau maire, Georges Labarthe, parvint à négocier et éviter le pire.
Une stèle fut élevée à la mémoire de Jean (Georges sur la plaque) Gaucher et Gaston Marty et une autre à celle de Louis Bouzonnie, Henri Faurie, Paul Ferret et Étienne Michaudel exécutés le 31 mars.


Liste des victimes


Tués par des miliciens dans la nuit du 24 au 25 mars 1944
BASPEYRAS Gaston, 21 ans
COLOMER Philippe, 27 ans
GUIGNET Raoul, 36 ans
SARRETTE René, 20 ans


Tués par des soldats de la division Brehmer les 31 mars et 1er avril 1944
BOUZONIE Louis, 38 ans
FAURIE Henri, 63 ans
FERRET Paul, 18 ans
GAUCHER Jean (dit Georges), 24 ans
LASCAUX Eugène, Pierre dit René, 37 ans
MARTY Gaston, 37 ans
MICHAUDEL Étienne, 69 ans
TOURAILLES Max, 33 ans


Tués par des SS de la division Das Reich le 10 juin 1944
LIMOUZY Fernand, 22 ans
ROUBINET Jean, 56 ans
TIBLE Jean-Louis, 38 ans
TREILLE Louis, 69 ans
Sources

SOURCES : Guy Penaud, Les crimes de la division Brehmer, La traque des résistants et des juifs en Dordogne, Corrèze, Haute-Vienne (mars-avril 1944), Périgueux, Éditions La Lauze, 2004, p. 263-264, 273. — Guy Penaud, La Das Reich, 2e SS Panzerdivision, Périgueux, Éditions La Lauze, 2005, p. 298-302, 539. — Guy Penaud, Histoire de la résistance en Périgord, Bordeaux, Éditions Sud-Ouest, p. 196-197, 218, 235-236, 302-307. — Paul Mons, La folie meurtrière de la division Brehmer, mars-avril 1944, Dordogne-Corrèze, Haute-Vienne, Brive-la-Gaillarde, Éditions Les Monédières, 2016, p. 118-127. — MémorialGenWeb.

Dominique Tantin

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