Né le 18 mars 1909 à Alger (Algérie française), exécuté sommairement le 2 avril 1944 à Tulle (Corrèze) ; officier de carrière ; résistant, chef de l’Armée secrète (AS) en région R5.

Raymond Farro
Raymond Farro
Crédit : MémorialGenWeb
Raymond Farro (patronyme écrit parfois par erreur Faro), naquit dans une famille d’origine juive installée à Alger. Fils de Éphraïm Farro, alors âgé de 38 ans, typographe, et de Fanny née Azoulay, son épouse, âgée de 29 ans, domiciliés 32 rue Marengo à Alger, il fit de brillantes études et devint officier après avoir intégré l’École spéciale militaire de Saint-Cyr (Promotion Maréchal Joffre, 1930-1932). Il fut affecté en 1932 au 126e Régiment d’Infanterie en garnison à Brive-la-Gaillarde, ville dans laquelle il épousa Paulette Parouty. Capitaine en 1939, il fut blessé au cours de la campagne 1939-1940. Le 5 août 1940 son régiment fut dissous et Raymond Farro fut bientôt chassé de l’armée par les lois racistes de Vichy.
De retour à Brive, Raymond Farro aurait pris contact avec des résistants dès 1941. En janvier 1942, il aurait rejoint le mouvement Combat dont le responsable régional était précisément le briviste Edmond Michelet. Celui-ci le chargea d’organiser la branche action qui fusionna avec d’autres groupes dans le cadre des MUR pour donner naissance à l’Armée secrète (AS) en 1943. A l’instigation d’Edmond Michelet, Raymond Farro devint l’organisateur, l’unificateur et le premier chef de l’AS pour la région R5 (Limousin, Périgord, Quercy, huit départements au total). Il en nomma les chefs départementaux. Il parcourait des distances considérables en bicyclette afin d’organiser l’Armée secrète dans cette vaste région où les maquis furent importants.
Traqué par la police allemande, Raymond Farro dut changer souvent de planques et de pseudos (Fromonteil, Charbonnaud, Rivière ou Rousseau). Le 12 mai 1943, les occupants de sa planque furent arrêtés et torturés. Il fut arrêté une première fois à Limoges le 2 novembre 1943, mais il parvint à s’échapper lors de son transfert et s’installa à Terrasson (Dordogne). Le 20 mars 1944, il fut de nouveau arrêté par la Sipo-SD à Brive alors qu’il rendait visite à sa femme enceinte. Après l’échec d’une tentative de fuite, il fut conduit à Tulle où il retrouva les résistants Roland Malraux (1912-1945), Louis Bertheau (agent français du SOE, 1919-1945), Charles Desanti et Harry Peulevé (agent britannique du SOE, 1916-1963)
Torturé à l’hôtel Saint-Martin de Tulle, il eut les tendons d’Achille coupés pour empêcher toute tentative de fuite. Trainé devant le peloton, il fut exécuté sommairement le 2 avril dans la cour de la prison de Tulle avec cinq autres résistants, Pierre Borely, Henri Bourg, Jean Fredon, Maurice Lagrafeuille et Martial Raphel, en représailles à l’embuscade de Cornil. Une stèle fut élevée à leur mémoire. À Brive, une rue porte son nom et une plaque y indique qu’ « Ici, le 20 mars 1944, fut arrêté le colonel Raymond Farro, chef régional de la Résistance AS MUR de R5, torturé et fusillé par les nazis à Tulle le 2 avril 1944 ».
Il obtint la mention Mort pour la France et fut nommé Chevalier de la Légion d’Honneur à titre posthume, nomination accompagnée de la Croix de Guerre et de la Médaille de la Résistance. Il fut élevé au grade de Lieutenant-colonel.
Il aurait été inhumé au cimetière Thiers de Brive-la-Gaillarde mais il existe une tombe familiale au cimetière parisien de Bagneux (Hauts-de-Seine), 100e division, avec une plaque où l’on peut lire l’inscription suivante : "Le Colonel Farro reste le symbole du patriotisme le plus pur, l’image du chevalier sans peur et sans reproche, l’exemple du courage et du sacrifice dont peuvent s’honorer la Résistance corrézienne et la grande tradition Saint-Cyrienne".
Le Conseil Municipal de Tulle du 29 janvier 1988, présdidé par le Maire Jean Combasteil, décida de donner son nom à l’avenue qui va de l’avenue Guynemer au quartier de Bourbacoup. Un monument fut érigé devant l’actuel groupe scolaire Turgot pour se rappeler du souvenir des fusillés de la prison de Tulle le 2 avril 1944. Une couronne de fleurs y est déposé chaque 9 juin pour leur rendre hommage.


Cette notice biographique sera complétée après communication du dossier de Raymond Farro au SHD.


Voir Tulle, prison, 2 avril 1944
Sources

SOURCES : Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 216622 et Caen SHD/AVCC, AC 21 P 643638 (à consulter). — Guy Penaud, Les crimes de la division Brehmer, La traque des résistants et des juifs en Dordogne, Corrèze, Haute-Vienne (mars-avril 1944), Périgueux, Éditions La Lauze, 2004, p. 301-303, 406. — MémorialGenWeb. — Mémoire des Hommes. — Notice Wikipedia au nom de Faro. —Une page Internet. — Quotidien La Montagne, 7 août 2013, article signé Émilie Auffret et intitulé « Raymond Farro a organisé la branche armée de la Résistance de la région ». — Archives nationales d’Outre-Mer en ligne, acte de naissance. — Notes de Pierre Courteix (juin 2021).

Dominique Tantin

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