Né le 1er mai 1921 à Trouville-sur-Mer (Calvados), exécuté sommairement le 25 juillet 1944 à Touques (Calvados) ; cheminot ; résistant.

Entré aux chemins de fer de l’État en février 1937, suivant en cela l’exemple paternel, Émile (Louis, Casimir) Dupont fut depuis mai 1942 facteur mixte à Touques-saint-Arnoult. En 1941, il épousa Cécile Gaumont, le coupe habitat rue des Pavillons à Deauville-sur-Mer (Calvados) où naquit leur fil Jacques en 1942.

Courant 1943, Émile Dupont rejoignit le mouvement du FPJ, organisation satellite du parti communiste clandestin implantée dans le pays d’Auge, dont l’activité principale reposa sur la distribution de tracts. Grâce aux avantages que leur procura leur profession, les cheminots purent tout à fait contrecarrer l’effort de guerre allemand et Émile Dupont ne s’en priva pas : mise en panne de matériel roulant, sabotages en gare mais aussi récupération de cartes d’alimentation et fournitures de faux papiers aux réfractaires au travail obligatoire en Allemagne et autres clandestins.

En mars 1944, Émile Louvel, membre actif de la résistance communiste dans la Manche puis dans la Somme au sein du FPJ et du Front national , revint clandestinement au domicile familial de Touques. Il constitua alors un groupe dont Émile Dupont fit partie.

Après le Débarquement, cette équipe favorisa notamment l’évasion de Polonais déserteurs de la Wehrmacht. Alors pourquoi hésiter, puisque la filière eut déjà bien fonctionné, lorsqu’un nouveau candidat fut annoncé à Émile Dupont par Stanislas Kukula ? Accompagné de Roland Voisin, Émile Dupont conduisit le Polonais à Touques chez Émile Louvel, le 23 juillet 194. Un autre membre du groupe, Pierre Brière, dut prendre le relais. Mais le soi-disant déserteur fut un agent allemand : le 24 juillet, la Sipo-SD arrêta Brière, suivi le 25 à l’aube de Louvel*, chez lequel ils prirent également son camarade Léon Tellier*. A la villa La fresnaye, siège de la kommmandantur, ils furent rejoints par Dupont, Kukula et Fernand Lagnel*, lui aussi compromis dans l’affaire. Seul Voisin parvint à s’échapper. A 10h15, les 6 résistants furent conduits en deux groupes vers une destination inconnue après avoir été extrêmement brutalisés.

La vérité sera connue à la Libération : ils furent fusillés puis enterrés sur la plage de Deauville après avoir creusé leur tombe. Aujourd’hui, un monument rappelle ce drame aux passants. Le 7 décembre 1992, la commune de Touques a inauguré la rue Émile-Dupont en présence de son fils Jacques. Une rue de Deauville porte également son nom.
Sources

SOURCE : Thomas Fontaine (dir.), Cheminots victimes de la répression : 1940-1945 , Mémorial, Perrin, 2017.

Stéphane Robine

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