La caserne du Colombier en 1900
La caserne du Colombier en 1900
SOURCE : Site casernes-rennes-e-monsite.com
La stèle des fusillés</br> de la caserne du Colombier
La stèle des fusillés
de la caserne du Colombier
« SEBATIAN-MOLINA Antonio
SIMON Yves
TURCADO-ARENAS Teofilo »
« MOIZAN Marcel
MOLINA-CABRE Leoncio
MONTORI-ROMEO Lorenzo
NIETO-GRANERO Ramon
PRESTAUT Maurice »
« LE BARZIC Léon
LE BORGNE Ernest
LE BRUN Albert
LE CALVEZ Marcel
LE FORESTIER Roger
LE GREVELLEC Emile
LE PARC Léon
MALARD Gabriel »
« DAVID Auguste
FLORES-CANO Pedro
FOANEN Robert
GARCIA-RUBIO Dionisio
GRALL Marcel
HAMON Eugène
HERNANDEZ-DIAZ Tomas
HERLOAN Louis »
« CHAMPION Léon
COANT Francis
COANT Louis
COTTE Roger
DACQUAY François »
« BARRIOS-UREZ Antonio
BURGOT Jean-Paul
CAOUREN Pierre »
« Passant souviens-toi
Cette stèle est dédiée
aux trente-deux résistants
français et espagnols
fusillés en ce lieu
par les nazis
le 8 juin 1944 »
Le mémorial des martyrs</br>de la Résistance et de la Déportation
Le mémorial des martyrs
de la Résistance et de la Déportation
SOURCE : Photos Jean-Pierre et Jocelyne Husson
Le 8 juin 1944, trente-deux résistants français et espagnols, qui étaient incarcérés dans la prison Jacques-Cartier de Rennes (Ille-et-Vilaine) et qui avaient été condamnés à mort de façon expéditive le 7 juin par le tribunal militaire allemand FK 748 de Rennes, furent conduits dans la caserne du Colombier au Champ de Mars, ancien couvent des Visitandines racheté par l’État au début du XXe siècle et transformé en caserne d’artillerie puis du génie. Ils y furent fusillés et inhumés sur place. Les Allemands avaient initialement pris des dispositions pour qu’ils soient inhumés au cimetière de l’Est, puis redoutant que leurs tombes ne soient fleuries et ne donnent lieu à des manifestations patriotiques, ils décidèrent finalement de les enterrer dans l’enceinte même de la caserne.
Les neuf fusillés espagnols étaient des Républicains espagnols, membres de l’Union nationale espagnole (UNE) créée par le Parti communiste espagnol clandestin et qui, dans la résistance, était une branche des Francs-tireurs et partisans français-Main d’œuvre immigrée (FTP-MOI).
Quelques jours après le libération de la ville de Rennes le 4 août 1944, leurs tombes numérotées de 835 à 866 — numéros inscrits sur de petites croix blanches — furent découvertes alignées le long du mur des écuries de la caserne du Colombier.
Les corps des fusillés du Colombier ont été exhumés le 27 septembre 1944.
Les corps des neuf Républicains espagnols ont été ré-inhumés dans la nécropole nationale de Sainte-Anne d’Auray.
Ceux de Maurice Prestaut et d’Émile Le Grevellec ont été ré-inhumés dans le cimetière de l’Est de Rennes ; les autres ont été confiées aux famille et ramenés dans leurs commune d’origine.

Un mémorial a été érigé à Rennes place du maréchal Juin, à l’emplacement de la caserne du Colombier où ils ont été fusillés, caserne qui a été détruite au milieu des années 1960 dans le cadre de la restructuration du centre-ville de Rennes initié par le maire Henri Fréville.
Ce mémorial est constitué d’une stèle de marbre portant en son centre l’inscription :

« Passant souviens-toi
Cette stèle est dédiée
aux trente-deux résistants
français et espagnols
fusillés en ce lieu
par les nazis
le 8 juin 1944 »

De part et d’autre de cette inscription centrale sont gravés trente-et-un noms :

- « BARRIOS-UREZ Antonio (BARRIOS-URES Antonio (FTP-MOI arrêté fin mars 1944 en Ille-et-Vilaine)
- BURGOT Jean-Paul (FTPF arrêté le 8 avril 1944 à Elven, Morbihan)
- CAOUREN Pierre (FTPF arrêté le 18 juillet 1944 à Poullaouen, Finistère)
- CHAMPION Léon (à l’état civil LE CHAMPION Léon, FTPF arrêté le 16 mai 1944 dans le secteur de Saint-Nicolas-du-Pélen, Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor)
- COANT Francis (FTPF arrêté le 8 mai 1944 à Scrignac, Finistère)
- COANT Louis (FTPF arrêté le 8 mai 1944 à Scrignac, Finistère)
- COTTE Roger (FFI arrêté le 14 avril 1944 à Pontivy, Morbihan)
- DACQUAY François (FFI arrêté à Malguenac, Morbihan)
- DAVID Auguste (FTPF arrêté le 4 août 1944 à Plonévez-du-Faou, Finistère)
- FLORES CANO Pedro (FTP-MOI arrêté le fin mars 1944 en Ille-et-Vilaine)
- FOANEN Robert (à l’état civil TOANEN Robert, FTPF arrêté le 23 août 1943 à Saint-Brieuc, Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor)
- GARCIA RUBIO Dionisio (FTP-MOI arrêté le fin mars 1944 en Ille-et-Vilaine)
- GRALL Marcel (FTPF arrêté le 23 août 1944 à Saint-Brieuc, Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor)
- HAMON Eugène (membre du PC clandestin arrêté le 8 août 1943 à Ploufragan, Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor)
- HERNANDEZ DIAZ Tomas, (FTP-MOI arrêté le 21 mars 1944 à Lanester, Morbihan)
- HERLOAN Louis (à l’état civil KERLEAU Louis, FTPF arrêté en avril 1943)
- LE BARZIC Léon (FFI arrêté le 1er avril 1944 à Elven, Morbihan)
- LE BORGNE Ernest (FTPF arrêté le 3 août 1944 à Plonévez-du-Faou, Finistère)
- LE BRUN Albert (FFI arrêté le 31 mars 1944 à Questembert, Morbihan)
- LE CALVEZ Marcel (FTP arrêté le 3 avril 1944 à Plouguiel, Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor)
- LE FORESTIER Roger (FTPF arrêté le 16 mai 1944 dans le secteur de Saint-Nicolas-du-Pélem, Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor)
- LE GRÉVELLEC Émile (FFI arrêté le 31 mars 1944 à Muzillac, Morbihan)
- LE PARC Léon (FTPF arrêté le 16 mai 1944 à Maël-Pestivien, Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor)
- MALARD Gabriel (FFI arrêté le 31 mars 1944à Questembert, Morbihan)
- MOIZAN Marcel (membre du PC clandestin arrêté le 6 août 1944 à Guingamp, Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor)
- MOLINA CABRE Leoncio (FTP-MOI arrêté fin mars 1944 en Ille-et-Vilaine)
- MONTORI ROMEO Lorenzo (FTP-MOI arrêté le 20 mars 1944 en Ille-et-Vilaine)
- SEBASTIAN MOLINA Antonio (à l’état civil MOLERO Antonio Sebastian, (FTP-MOI arrêté fin mars 1944 en Ille-et-Vilaine)
- NIETO GRANERO Ramon (FTP-MOI arrêté le 21 mars 1944 à Port-Louis, Morbihan)
- PRESTAUT Maurice (responsable départemental de Libération-Nord en Ille-et-Vilaine, arrêté le 10 mai 1944 à Rennes)
- SIMON Yves (FTPF arrêté le 14 mai 1944 à Carhaix, Carhaix-Plouguer, Finistère)
- TURCADO ARENAS Teofilo (FTP-MOI arrêté le 23 mars 1944 en Ille-et-Vilaine)

Pedro Flores Cano, qui figure sur la liste des fusillés de la caserne du Colombier dressée par la Feldkommandantur de Rennes sous le nom de « Pedro Flores Carco », a été déclaré par erreur fusillé le 7 juin à 7 heures 21 du matin à Saint-Jacques-de-la-Lande (Ille-et-Vilaine) par un jugement du tribunal civil de Rennes daté du 26 juillet 1944 et retranscrit en mairie de Rennes et de Saint-Jacques-de-la Lande. Ce jugement déclaratif de décès se fondait sur une information erronée adressée le 22 juillet 1944 au Procureur de la République de Rennes par le préfet délégué d’Ille-et-Vilaine. Pedro Flores Cano figurait sous le nom de « Pedro Garco » sur la première stèle des fusillés de la Maltière, nom qui ne figure plus sur la stèle inaugurée en décembre 2017.

Le 26 avril 1975, à l’occasion du 30e anniversaire de la libération des camps, le « Mémorial des Martyrs de La Résistance et de la Déportation, victimes du nazisme » a été inauguré à Rennes (Ille-et-Vilaine). Érigé à l’initiative du Comité de coordination des mouvements de la Résistance d’Ille-et-Vilaine, il a été financé par le conseil général d’Ille-et-Vilaine et la ville de Rennes. Oeuvre de l’architecte Jean Vaudeleau, il se dresse lui aussi dans le périmètre de l’ancienne caserne du Colombier.
Ce mémorial est constitué d’un monument de pierre de forme circulaire constitué de 30 dalles sur lesquelles sont gravés les noms de camps de concentration et d’extermination nazis, encerclant deux colonnes qui symbolisent un four crématoire et un poteau d’exécution. À l’arrière du monument, deux dalles rendent hommage aux patriotes qui furent fusillés dans la caserne du Colombier et à la Butte de la Maltière à Saint-Jacques-de-la-Lande (Ille-et-Vilaine).
À l’occasion du 50e anniversaire de la libération des camps et à l’initiative de l’Association départementale des Français libres et du Comité de coordination des mouvements de la Résistance, une Croix de Lorraine a été érigée au pied du mémorial, qui a été inaugurée le 30 avril 1995.
Sources

SOURCES : " Hommage aux 32 résistants fusillés de 1944 ", Ouest-France, 28 mai 2018. — Renée Thouanel (Groupe Mémoires de Saint-Jacques, ANACR-ADIRP) et Jacqueline Sainclivier, La Maltière (1940-1944), Éd. Mairie de Saint-Jacques-de-la-Lande, 2013. — Philippe Saint-Marc, " Rennes en 1900, ville de garnison " (photo), site Internent casernes-rennes-e-monsite.com. —" Les fusillés de la Maltière et du Colombier, recherche documentaire sur une faute historique ", blog de Kristian Hamon, 16 avril 2017. — État civil, Rennes (transcriptions des jugements déclaratifs de décès du tribunal civil de Rennes).

Husson Jean-Pierre, Husson Jocelyne

Version imprimable