Sur le territoire de la commune de Montgueux dans le département de l’Aube existe un lieu-dit, « Montchaud », une colline boisée au pied de laquelle, dans une clairière, on découvre une stèle sur laquelle sont gravés quatorze noms de fusillés entre 1940 et 1942.

Le visiteur y accède en empruntant la RN 60 qui va de Troyes à Sens. Avant le hameau de la Grange au Rez, on tourne à gauche dans un chemin balisé d’environ 300 mètres. On longe un bois et sur la gauche, un chemin à l’aplomb conduit à la clairière, large, mais totalement isolée des regards. C’est là que les Allemands avaient découvert l’endroit idéal pour y tuer des résistants en toute discrétion.
La commune de Montgueux est elle-même située sur une colline contiguë où pousse le raisin à champagne. Dans une anfractuosité de ce terrain accidenté, on découvre un autre lieu de supplice, le Trou de Chirac, où 19 résistants furent fusillés.
Montgueux, commune viticole, n’est pas très peuplé (400 habitants). Elle se situe à l’ouest de Troyes, éloignée de 15 km de la ville centre. Pour y accéder on traverse Sainte-Savine. Pourquoi cette remarque ? C’est que souvent, dans les rapports de cette période, il est indiqué que tel otage a été fusillé « dans la forêt de Sainte-Savine ». Le nom de Torvilliers, commune contiguë, est également signalé par erreur.
Les 14 martyrs de Montchaud ont été fusillés entre le 21 décembre 1940 (Hosatte) et le 26 août 1942 (Playoult). C’est le début de l’occupation et même parfois le tout début. Les Allemands agissent avec la plus grande sévérité, bien qu’on parle alors de leur modération.
Les historiens décrivent pourtant dès cette époque le massacre des soldats noirs. Olivier Pottier, dans : « les tirailleurs oubliés » signale le massacre, à Montgueux même, de 38 militaires non identifiés avec la mention laissée par les Allemands eux-mêmes : « Mann schwartz-22/6/1940 ». L’historien récapitule en fin d’ouvrage le nombre de 230 soldats indigènes massacrés dans l’Aube.
Dès leur installation dans le département, les autorités allemande font montre de leur arrogance et de leur brutalité.
La colline de Montchaud fut appelée après guerre, la colline des communistes. Les noms qui suivent indiquent bien les priorités de la répression allemande
Raymond HOSATTE est fusillé le 21 décembre 1940. C’est un ouvrier qui a bousculé un soldat allemand dans la rue. Il est condamné à mort. C’est le premier martyr aubois.
Georges BOUROTTE est fusillé le 21 octobre 1941. C’est un artisan peintre. Il a été dénoncé et condamné pour détention d’armes. Il est la première victime de la loi des otages.
Daniel MILCENT est fusillé comme otage le 24 février 1942. Il militait au Front national et au PCF.
Octave BEAU est exécuté le 20 mars 1942 pour braconnage et détention d’armes.
Gustave DUCHÊNE condamné pour espionnage meurt avec lui.
Charles MASSON,dirigeant communiste, ouvrier bonnetier de Romilly, est arrêté sur dénonciation et fusillé le 18 avril 1942
Avec lui, René ROULOT, otage, membre du FN et du PCF.
Edouard BOIGEGRAIN, militant communiste. Avec lui, se retrouvent René PELLERIN, ouvrier, militant communiste et cadre CGTU d’Aix en Othe,
Emilien JACQUIN, cadre PCF de l’Yonne,
Jean-Marie CREUX , de Dijon dont le frère James a été fusillé avec les 4 normaliens de Dijon. Il est ouvrier métallo et animateur de la CGTU et du FN dans l’Aube.
Tous les 4 sont désignés comme otages et fusillés le 30 avril 1942.
Jules FERROUIL, militant communiste de Saint-André est dénoncé, arrêté et fusillé le 19 avril 1942. Sa femme Louise est déportée et meurt à Mauthausen le 17 mars 1945.
Paul GERMAINE, instituteur en retraite, est arrêté pour possession d’une ronéo et de tracts communistes. Il est fusillé à Montgueux le 15 juin 1942.
Henry PLAYOULT, étudiant, engagé dans le service de renseignement, fut arrêté pour avoir malmené un soldat allemand. Il est fusillé comme otage le 21 octobre 1942.
Sources

SOURCES : Archives consultées par Jean Lefèvre. — Biographies des fusillés dans le Maitron. — MémorialGenWeb (la page relative à Montgueux localise, par erreur semble-t-il, trois exécutions dans la forêt de Sainte-Savine, et dix à Troyes).

Jean Lefèvre

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