Né le 27 juillet 1924 à Albi (Tarn), mort à Lacaune (Tarn) le 22 avril 1944 ; employé des aciéries de l’entreprise Forges et aciéries du Saut du Tarn de Saint-Juéry (Tarn) ; maquisard de l’Armée secrète (AS) : maquis De Lattre de Tassigny des Monts de Lacaune (Tarn) puis Corps franc de la Montagne Noire (CFMN)

Emmanuel Mora était de fils de Michel Mora, de nationalité espagnole âgé de vingt-neuf ans et d’Elodia Valls âgée de vingt ans. Les époux étaient domiciliés à Albi, rue de la Tuerie. Emmanuel Mora naquit à la maternité de l’hospice d’Albi.
Mora travaillait en 1943 dans la grande entreprise métallurgique de Saint-Juéry, commune de la banlieue d’Albi, les Forges et aciéries du Saut du Tarn. Réfractaire du STO, il gagna d’abord le maquis de l’AS des Monts de Lacaune (De Lattre de Tassigny), dans l’extrême est montagneux du Tarn. Ce maquis avait été formé à l’initiative de cadres du 3e régiment de Dragons de l’armée d’armistice parmi lesquels le lieutenant Bernard Jouan de Kevernoael.
Le CFMN fondé officiellement à Castres (Tarn) le 20 avril 1944 était depuis longtemps en gestation : des petits maquis souvent affiliés à l’AS, comme le maquis de Durfort animé par les frères Arnaud, de Revel (Haute-Garonne), Roger et Charles, assuraient le regroupement des réfractaires ; le maquis de Lattre de Tassigny, avait été rassemblé dans les monts de Lacaune (Tarn). Le CFMN était aussi formellement rattaché à l’Armée secrète (AS) mais était lié au Special Operations Executive britannique (Voir Sévenet Henri).
Emmanuel Mora faisait partie d’un groupe de réfractaires rassemblés dans les monts de Lacaune, aux confins de l’Aveyron et de l’Hérault. Le maquis De Lattre de Tassigny y était en gestation depuis 1943. Les réfractaires, au nombre de quatre-vingt environ, se déplacèrent de La Maresque (commune de Lacaune) et se divisèrent en trois groupes : à la ferme de la Teillère ; sur le plateau de l’Escournadouire (ou Escournadouyre) où il s’abritaient sous des tentes confectionnées à partir de parachutes ; à la Jasse de Martinou. À la Jasse de Martinou, il y avait des bâtiments agricoles abandonnés et, avant la Seconde Guerre mondiale, le vicaire d’une paroisse toulousaine y avait implanté une colonie de vacances. Une vingtaine réfractaires, y avait établi leur cantonnement.
Pour sa part, Emmanuel Mora et les autres victimes du combat du 22 avril se trouvaient au cantonnement de la Teillère où une quinzaine de maquisards étaient chargés de protéger le matériel roulant du maquis de Lattre de Tassigny récemment intégré au CFMN. Pendant la nuit du 21 au 22 avril, des Allemands venus de Castres (Tarn) et de La Salvetat [La Salvetat-sur-Agoût, depuis 1958] (Hérault), au nombre de 200 environ, convergèrent vers le cantonnement de Martinou dont ils avaient été informés de la localisation précise. Les soldats allemands encerclèrent la jasse et les bâtiments occupés par les maquisards. Le lieutenant Jelinek alias Léopold, un Croate (ou Bosniaque ?), qui commandait les maquisards de la Jasse de Martinou demanda à deux de ses hommes de briser l’encerclement afin de donner l’alerte. Le maréchal des logis chef Paillery qui commandait le détachement de la Teillère parti, en automobile, avec onze de ses hommes, à la rencontre des Allemands qui attaquaient la Jasse de Martinou. Emmanuel Mora était l’un d’entre eux. Cette action permit aux occupants de Martinou de briser l’encerclement. En revanche, au col de Piquotalen, à proximité de Martinou, cinq hommes de la Teillère, dont Maurice Bertrand, furent tués au cours du combat. Voir aussi : Bertrand Maurice, Cousinier Maurice, Paillery Gilbert, Tabellion André.
Le nom d’Emmanuel Mora figure sur le monument ossuaire érigé en l’honneur des morts du Corps Franc de la Montagne Noire dans la forêt de Font Bruno à Escoussens (Tarn). Il figure aussi sur les monuments aux morts d’Albi et de Saint-Juéry (Tarn). Les Aciéries et Forges du Saut du Tarn de Saint-Juéry avaient fait graver son nom sur une plaque honorant les membres du personnel de l’entreprise morts entre 1939 et 1945. Elle est exposée dans le musée du Saut du Tarn, ouvert en 1995. Une stèle érigée en bordure de la RD 907, à proximité du col de Piquotalen, à peu de distance de la jasse de Martinou, a été érigée à la mémoire des cinq maquisards du CFMN — dont Emmanuel Mora — tués à la jasse de Martinou le 22 avril 1944. Le nom d’Emmanuel Mora figure aussi sur un monument érigé près de l’église de Lacaune (Tarn) à la mémoire des morts (15) de la commune (ou sur le territoire de la commune) en 1944 et 1945.Le 11 décembre 1958, la date de son décès à Lacaune fut transcrite en marge se son acte da naissance sur le registre de l’état-civil d’Albi.
Voir Lacaune, jasse de Martinou et col de Picotalen (22 avril 1944)
Sources

SOURCES : Arch. com. Albi, état-civil, acte de naissance d’Emmanuel Mora et mention marginale. — Gérard Bouladou, Les maquis du Massif Central méridional 1943-1944. Ardèche, Aude, Aveyron, Gard, Hérault, Lozère, Tarn, Nîmes, Lacour Rediviva, 2006, 617 p. [pp. 333-334]. — Amicale du 3e régiment de Dragons et de l’escadron d’éclairage divisionnaire n°3 [CFMN], Le tableau d’honneur du 3e régiment de dragons. Seconde Guerre mondiale. Résistance. 1939-1945 [morts du CFMN, 1944], 2012, 21 p, [p. 18], PDF, en ligne. — Site MémorialGenWeb consulté le 16 septembre 2018. — Site du collège du Montalet à Lacaune (Tarn) montalet.81230.over-blog.com/2015/12/la-resistance consulté le 14 septembre 2018. — Blog cessenon.centerblog.net/5844213-Chemin-de-la-Memoire-pres-de-Lacaune consulté le 14 septembre 2018.

André Balent

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