Le 1er septembre 1944 une unité allemande se repliant de l’île de Noirmoutier (Vendée) vers la poche en formation de La Rochelle (Charente-Maritime) prit à Apremont dix-huit otages et fusilla quatre civils otages et trois résistants fait prisonniers, en plusieurs lieux à Apremont, dans la commune voisine de Maché et à Croix-de-Vie.

En août 1944, la situation militaire de l’armée allemande sur le front de l’ouest se dégrada brutalement. Le 19 août un ordre de repli général fut donné aux unités allemandes stationnées dans le sud-ouest. Du fait de l’avancée des troupes anglo-américaines au nord de la Loire, les colonnes allemandes tentèrent de marcher vers l’est et le nord-est de la Vienne, utilisant les axes secondaires, et circulant de jour comme de nuit pour échapper aux attaques de l’aviation alliée et au harcèlement des forces FFI. Une partie des forces allemandes de la côte atlantique reçut l’ordre de défendre à tout prix quelques forteresses côtières et de constituer des poches de résistance autour de La Rochelle et de Saint-Nazaire. Le 31 août 1944, une unité allemande se repliant de l’île de Noirmoutier et se dirigeant vers la poche de La Rochelle en cours de constitution, cantonna pour la nuit à Apremont, au sud de Challans, au lieu-dit l’Espérance. Selon un rapport d’enquête établi par la gendarmerie des Sables-d’Olonne, dès le 2 septembre (A. D. Vendée 1658 W 1) « un accrochage se produisit à l’entrée de la localité entre l’avant-garde de la colonne et les membres des FFI. Du côté allemand, un tué, deux blessés graves, plusieurs blessés légers ». Dans la nuit les harcèlements d’un groupe de maquisards stationné à proximité, se poursuivirent ; vers 4 heures du matin l’instituteur Amédée Chailloux fut abattu devant la maison du maire dans des circonstances confuses (abattu par des soldats allemands ?). En représailles à ces harcèlements, au matin du 1er septembre, selon la méthode ordinaire de répression, les Allemands exigèrent 18 otages dans la population civile et ordonnèrent au maire d’interdire à la population toute sortie hors du domicile sous peine de mort. Les otages après avoir été longtemps alignés contre un mur furent enfermés dans une cave. Le maire de la commune, le docteur Dorion offrit sa personne en échange des otages, ce qui fut refusé mais « réussit à sauver la vie de quatorze d’entre eux » (id.). Dans l’après-midi, à la suite de renseignements obtenus après des interrogatoires, une colonne allemande se dirigea vers Saint-Gilles (aujourd’hui Saint-Gilles-Croix-de-Vie), à la recherche des maquisards FFI. A deux kilomètres de Saint-Gilles, sur la commune de Croix-de-Vie, ils arrêtèrent deux jeunes maquisards circulant en moto Pierre Martin et Joseph Stephan qui furent immédiatement exécutés sommairement. Vers 18 heures la colonne allemande quitta le village prenant la direction de Maché avec ses otages. Quinze otages furent progressivement libérés, mais trois d’entre eux furent exécutés de quart d’heure en quart d’heure entre 21 heures et 21 heures 30 à la sortie de Maché. Parmi eux « un automobiliste de passage [ALLEGRET Marius, résistant] dans la voiture duquel les Allemands ont découvert une poignée de cartouches a également été fusillé. En se retirant, les Allemands ont fait sauter une maison et un moulin qui servait précisément aux troupes stationnées à Apremont de poste d’observation » (id.).
Le lendemain 2 septembre, la même unité exécuta Auguste Murail à Saint-André-d’Ornay, en contournant la ville de La Roche-sur-Yon. L’adjudant-chef allemand coupable de son exécution comme de celles des otages d’Apremont fut condamné pour crime de guerre, le 7 septembre 1949 par le tribunal militaire de Bordeaux à cinq ans de travaux forcés.
Liste des victimes : ALLEGRET Marius, CHAILLOUX Amédée, CHAUVIN Augustin, DENIS Louis, RIANT Alexandre à Apremont et Maché ; MARTIN Pierre et STEPHAN Joseph à Croix-de-Vie.
Lors d’une cérémonie officielle rendue le 1er novembre 1944 à La Roche-sur-Yon en l’honneur des martyrs de la Résistance, le discours de l’orateur, M. Etoubleau (La Vendée Libre du 5 novembre 1944), reprit l’exemple des deux instituteurs d’Apremont, Amédée Chailloux, instituteur de l’école publique et Louis Denis instituteur de l’école privée : « Dans la tombe seront réunis les maîtres des deux écoles d’Apremont. Ainsi les deux martyrs attesteront par le même supplice, de l’unité refaite des Français en face de l’occupant qui a jalonné les chemins et sentiers, les carrières et les bois, de corps mutilés, à l’effrayant rictus, et dont le regard aura gardé l’image du doux pays pour lequel ils sont morts ».
Après la guerre des plaques commémoratives en souvenir des victimes du massacre furent installées à Apremont et Maché, et une rue reçut à Apremont le nom de rue des dix huit otages. Une stèle fut également dressée à Croix-de-Vie en souvenir des deux résistants exécutés.
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Vendée 1658 W 1 et 60 J 497 — Journal La Vendée Libre n°13 du 5 novembre 1944 — Michel Gautier Occupation et Résistance en Vendée Geste Éditions, 2017 — mémorial genweb — État civil.

Michel Thébault

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