Vollore-Montagne (Puy-de-Dôme), 8 juillet 1944
Attaque d’une patrouille allemande par une compagnie FTP qui entraîna la mort de 14 maquisards et trois civils à Vollore-Montagne (Puy-de-Dôme), le 8 juillet 1944.
Le 8 juillet 1944, vers 14 h 30, une patrouille allemande de 22 hommes venant du Trévy en direction de Vollore-Montagne (Puy-de-Dôme) est signalée. Le maquis fait avertir la population du bourg.
Un doute subsiste sur l’origine de l’attaque. Selon Philomen Mioch, Commissaire aux effectifs du bataillon FTP, une patrouille fut envoyée du camp du Brugeron où on avait repéré les Allemands grâce à des jumelles. Il s’agissait de s’assurer qu’ils ne venaient pas attaquer le camp. Mais selon Mioch, les consignes ne furent pas respectées et les jeunes maquisards auraient tiré sur les Allemands alors qu’ils étaient à découvert en plein champ.
Selon une autre version, décision fut prise d’attaquer cette patrouille par la 10e compagnie de la formation Camp Guy-Moquet (103e Bataillon FTP du Puy-de-Dôme), stationnée aux Raillères sur la commune de Vollore-Montagne. La patrouille s’était arrêtée dans un hôtel de la commune.
Les enfants des écoles sont conduits dans les caves. Les soldats allemands, surpris, saisissent leurs armes et choisissent un emplacement de combat. Huit d’entre d’eux rentrent dans l’Hôtel Prugne. Lorsque le camion avec les maquisards entrent dans le village, il est criblé de balles par le fusil mitrailleur. Le feu est très violent de part et d’autre. Quatorze allemands qui n’ont pu pénétrer dans l’Hôtel se replient en combattant derrière l’Hôtel Laguelle.
Les soldats du maquis tentent de donner l’assaut de l’hôtel Prugne mais sans résultat. Ils sont abattus par les allemands tirant des fenêtres. Un seul, Gaby, réussit à pénétrer dans l’hôtel. Il est abattu.
Le combat violent autour de l’hôtel Prugne dure 1 heure. Le Commissaire aux Opérations est blessé mortellement et le Commissaire aux Effectifs, Jules est tué sur le coup. G. Bariset, lieutenant Jack, se retrouve seul gradé et blessé et désemparé, il ordonne le repli, sans que les hommes puissent récupérer leurs morts.
Vers 9 heures les coups de feu ont à peu près cessé. Quelques coups isolés. Ils reprendront à 10 heures, à la Voissette à l’arrivée d’un renfort de l’A.S. qui devra se retirer laissant un mort, Chataing, et deux blessés dont un inconnu emmené par les Allemands et bientôt déclaré disparu.
Le dimanche 9 juillet, vers 7 h 30, les occupants de l’Hôtel Prugne se replient et, passant devant l’hôtel Laguelle, par le petit chemin des Paturaux ils rejoignent le détachement retranché à la Voissette.
Vers 14 heures, arrive une deuxième patrouille allemande venant en renfort par la route du Perthuis. Vers 16 heures, arrive le gros de la compagnie conduite par le Lieutenant SS Zünlke.
À la fin du rapport établi par l’instituteur secrétaire de mairie et consigné dans le registre des délibérations du Conseil Municipal, il est fait état de 15 victimes : les 10 maquisards dont les noms figurent sur la stèle, des trois civils dont les deux enfants (Paul et René Chassagne) trouvés morts entre la Voissette et Sagne-Cros qui étaient de Piboulet, Commune de Sauviat (le rapport ne mentionne pas dans quelles conditions ils ont été tués, mais selon le témoignage ci-dessous de Jeanine Planche, leurs corps ont été ramenés du Trévy par un camion allemand et jetés dans le fossé), de Marcel Fraisse, civil, qui mourra à l’Hôpital de Thiers et de Bassi qui décéda le lendemain à Thiers, en cellule.
Le rapport ne parle pas du dénommé Chataing, résistant de l’Armée Secrète, venu avec un groupe prêté main forte aux FTP, ni du mystérieux " inconnu " qui figurent sur la stèle.
L’opération fut considérée comme un échec. Il y eut onze maquisards tués au combat, ainsi que trois civils abattus par les Allemands, dont deux adolescents. Trois blessés graves, pris les armes à la main, furent emmenés par les Allemands. Un décéda le lendemain dans sa cellule, un autre à l’hôpital de Thiers tandis que le dernier fut porté disparu. Il y eut quatre blessés côté Allemand selon un rapport allemand. L’instituteur dénombra deux allemands blessés et un malade.
Au cours de l’opération, les soldats allemands récupèrent trois camions, 1 fusil mitrailleur, 11 fusils, 2 pistolets et des documents donnant des précisions sur l’organisation de la compagnie et ses objectifs. Le rapport conclut qu’il est faux "de sous-estimer la puissant de combat des terroristes". Les combats ont duré huit heures entre la cinquantaine de maquisards et le détachement de reconnaissance SS Oscha Saffing, 2e Compagnie.
Selon plusieurs témoignages de personnes ayant vécu ces tragiques évènements, l’intervention de Monsieur Charrier auprès de l’officier SS aurait permis d’éviter un massacre général.
Un dénommé "Mariano", adjudant, commissaire aux opération du 3éme groupe FTP, dont les services ont été homologué du 20/06/1944 au 08/07/1944, figure parmi les tués selon l’état état nominatif des cadres, 104ém Bataillon FTPF signé du Commissaire technique Louis Cuzin, en janvier 1948. C’est sans doute le nom de guerre d’un des hommes figurant ci-dessous.
C’est un jugement déclaratif du tribunal de Thiers en date du 2 juillet 1947 qui a permis d’identifier la victime n°20 tuée le 8 juillet 1944 comme étant David Stern. Ce jour-là, l’état civil de Vollore recensa 10 victimes parmi les FFI, sans autre distinction.
Ces crimes furent le fait des 2ème, 3ème et 4ème Compagnies du 18ème Bataillon de SS dont l’État-major était installé à Thiers (Puy-de-Dôme).
Liste des victimes
Résistants
ADAM
BASSI M.
BEDNARECK Antoine
CHATAING
DUPIC Gilbert
DUPRÉ L.
FRAISSE Marcel
FRIEDRICH Antoine
FURMANOWSKI Casimir
INCONNU 1 Vollore-Montagne
LEHUGEUR Ferdinand
OLIVIER Jean
PASQUIN James
STARCZEWSKI Stéfan
STEFAN
STERN David
Civils
CHASSAGNE Paul
CHASSAGNE René
Sources : Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 908 W 81 : crimes de guerre à Vollore-Montagne. — SHD Vincennes, état nominatif des cadres, 104ém Bataillon FTPF du Puy-de-Dôme ; 19 P 63/7. — http://www.vollore-montagne.org/blog/index.php?2013/07/15/936-tragiques-combats-des-8-et-9-juillet-1944. — « Témoignages. L’accrochage de Vollore-Montagne, le 8 juin (sic) 1944 », Résistance d’Auvergne, n°30, avril 1978 . — Rapport du 18e SS Bataillon Panzer-Grenadier. Bulletin n°3, activités terroristes, 12 juillet 1944 (archives municipales de Thiers). —Philomen Mioch, Les tribulations d’un ouvrier agricole. Souvenirs. Nîmes, 1983, 254 p. — http://maquisardsdefrance.jeun.fr/t6435-vollore-montagne-et-le-brugeron-63
Eric Panthou