Les 26, 27 et 28 mai 1940, des soldats d’une division de la Wehrmacht incendièrent trois cents maisons et tuèrent entre quatre-vingts et centre vingt-quatre civils (selon les sources). Ils avaient eu à combattre des troupes françaises et britanniques qui protégeaient l’évacuation vers Dunkerque, lors de combats qui eurent lieu du 25 au 27 mai, et avaient été précédemment bousculés lors de la bataille d’Arras, le 21 mai.
Ces troupes eurent en effet à affronter « une unité britannique, une compagnie du 106e régiment d’infanterie coloniale composée d’éléments français et de musulmans Nord-Africains et un détachement de spahis marocains », qui eurent pour consigne de résister à partir du 24 mai. Par la suite, le 11e régiment de zouaves les rejoignit. Les Allemands furent tenus en échec pendant soixante-douze heures, les Alliés quittant leurs positions dans la nuit du 27 au 28 mai, en direction de Seclin et Lille.
D’autres massacres de civils et de militaires alliés furent perpétrés, à Berles-Monchel (21 mai), Aubigny-en-Artois (22 mai), puis à Beuvry (28 mai), et donc à Oignies et Courrières le même jour. Au total, Yves Le Maner estime qu’il y eut environ cinq cents civils et militaires abattus.
Vers six heures du matin, des soldats allemands entrèrent à Oignies, protégés par des civils français : Auguste Leveugle et Charles Grulois furent tués. D’autres habitants furent poussés en avant, hommes, femmes et enfants. « Sur la place, d’autres habitants [furent] fauchés par des rafales de mitrailleuses postées aux différents carrefours. Leurs corps rassemblés dans la cour du Château, furent arrosés d’essence et brûlés ». Des scènes identiques se produisirent dans d’autres rues, tandis que les maisons étaient incendiées. Un orage éclata vers treize heures, qui ralentit les exactions.
Au pont de la Batterie, sur la Deûle, un groupe de dix-sept hommes fut obligé de traversé le pont provisoire, et prit la direction de Courrières. Ils durent creuser une fosse ; battus, ils furent abattus.
« Dans la villa les Floralies, route de Courrières, [les SS] s’emparèrent d’un officier anglais, le lièrent sur une chaise-longue, l’aspergèrent d’essence et le brûlèrent vif ».
D’après un témoignage, le responsable du massacre fut le commandant Orst Kolrep, contre qui le comité local de libération déposa plainte le 1er octobre 1944.
Le 13 juillet 1947, Vincent Auriol, président de la République, accompagné de François Mitterrand, ministre des Anciens combattants et des Victimes de guerre, remit à la commune la Croix de guerre 1939-1945 et inaugura le mausolée à la mémoire des quatre-vingts fusillés du 28 mai 1940 et déclara Oignies « ville martyre ».
Liste des victimes (incomplète)
En plus des victimes du 28 mai figurent les civils morts consécutivement aux opérations de guerre.
  1. BEIGNOT Julie
  2. BEN MOHAMED KECHID Slimane
  3. BESSAND Charles
  4. BEZAK Catherine (victime d’un bombardement aérien)
  5. BIRLOUEZ Louis
  6. BOIGELOT Cécile
  7. BOIGELOT Jules
  8. BOROWKI Jean
  9. BOULANGER Léon
  10. CAMBIER Jean
  11. CARLIER Julien
  12. CARON Eugène
  13. CARPENTIER Jules
  14. CHEVALIER Amédée
  15. CHIARCOSSI Attilio
  16. CHODURA Jean
  17. COQUELAERT Georges
  18. CRETEUR Maurice
  19. DEBOCK Jean-Baptiste
  20. DEGOGNIES Jean-Baptiste
  21. DEFIEF Turenne
  22. DELBECQUE Sidoine
  23. DELHAYE Arthur
  24. DELTOMBE Charlemagne
  25. DESPREZ Louis (1866-1940)
  26. DREUX Gustave
  27. DUMONT Albert
  28. DUPRIEZ Émile
  29. DUTKO Trophim
  30. DREUX Gustave
  31. DRUELLE Alexandre
  32. ERJAVEC Albin
  33. GRIPONT Raymond
  34. GRULOIS Charles
  35. GUCEK Rodolphe
  36. HAREMZA Antoine
  37. HENOCQ André
  38. HINAUT Louis
  39. INCONNU 1
  40. INCONNU 2
  41. INCONNU 3
  42. KASZA François
  43. KEMPKA Franciszek
  44. KOLACEK Antoine
  45. KROL François
  46. LAFAY Georges
  47. LEFEBVRE Juliette
  48. LEVEUGLE Auguste
  49. LUCINSKI Mieczyslaw
  50. LYSZYK Célestine
  51. LYSZYK Jean
  52. MISIARCZYK François
  53. MORTKA Stéfan
  54. MULLEM Georges
  55. NUTTIN Léonard
  56. OLIVIER Aristide
  57. ORLOWSKI Albin
  58. PLONKA Wojciech
  59. POKRZYWKA Stanislaw
  60. POUTRAIN Jean
  61. POUTRAIN Louis
  62. QUITTELIER Louisa
  63. SARAZIN Louis
  64. SORBAJ Julien
  65. STANCZYK Alfred
  66. STANCZYK Boleslaw
  67. TARTARE François
  68. TARTARE Julien
  69. URBANEK Alfred
  70. VANDEPONTSEELE Sylvain
  71. WALKOWIAK André
  72. WASSON Eugène
  73. ZELINA Joseph
Sources

SOURCES. Comité de patronage du monument élevé par souscription publique à la mémoire des fusillés et victimes de la barbarie nazie, Oignies, première cité martyre de la campagne de France, 1947, 22 p. — Site Internet : Mémorial GenWeb. — Yves Le Maner, « L’invasion de 1940 dans le Nord-Pas-de-Calais », Revue du Nord, tome 76, n° 306, juillet-septembre 1994. p. 467-486. Jean-Luc Leleu, « Une guerre "correcte" ? Crimes et massacres allemands à l’Ouest au printemps 1940 », in : Martens Stefan, Prauser Steffen (éd.), La Guerre de 1940 : se battre, subir, se souvenir, Lille, Presses Universitaires du Septentrion, 2014, p. 129-142.

Frédéric Stévenot

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