Dans la journée du 20 août 1944 se produisirent dans Béziers (Hérault) des incidents liés au départ et au passage des troupes allemandes de la 19e armée. En effet, après avoir reçu l’ordre d’évacuer la région pour rejoindre l’Est du Rhône, les forces d’occupation quittèrent le Languedoc méditerranéen dans une atmosphère lourde de tensions et de menaces. Le harcèlement continuel de l’aviation alliée sur le littoral ainsi que celui des maquis qui tout au long des axes de circulation de l’arrière-pays provoquent une extrême nervosité de la part de ces soldats qui sont prêt à tout pour fuir le Sud-Ouest du territoire français qui est en train de devenir pour eux une nasse. C’est dans ce contexte que se produisirent dans le centre-ville de Béziers une exécution sommaire et le mitraillage d’une dizaine de civils.

Le premier évènement sanglant de cette journée se déroula en début d’après-midi. Jacques Jacomy, contremaître maçon âgé de 57 et père de trois enfants, se trouvait à proximité de la gare du Midi (l’actuelle gare de Béziers) alors que la retraite allemande était en cours. Deux soldats auraient alors essayé de s’emparer d’un vélo à remorque conduit par deux jeunes gens sans succès et allèrent chercher du renfort place Garibaldi. La presse de l’époque avance que les deux jeunes gens étaient des résistants avec du matériel dans leur remorque. Revenus à la gare, les soldats arrêtèrent Jacques Jacomy qui discutait avec un employé de la SNCF, avant de le relâcher près de l’hôtel Terminus. Quelques minutes plus tard, les militaires se ravisaient et arrêtèrent à nouveau Jacques Jacomy pour le conduire place Garibaldi. Dès lors, il est emmené par la colonne en retraite qui traverse le centre-ville. Vers 13h45, à l’angle du boulevard de Strasbourg et de l’avenue Clemenceau, ayant compris que les Allemands s’apprêtaient à l’exécuter, le contremaître essaya de s’enfuir. Un premier coup de feu fut tiré mais rata sa cible, quelques mètres plus loin un second coup immobilisait le biterrois. Un militaire de la colonne se détacha pour infliger le coup de grâce.
En fin d’après-midi, un nouveau déchaînement de violence se produisit. Tout long de la journée les colonnes allemandes avaient traversé la ville. Spontanément et probablement au mépris des consignes de prudences, des badauds s’attroupèrent pour observer le reflux de ces éléments, juchés sur des véhicules hétéroclites et parfois volés, signes extérieur d’une défaite en train d’être consommée. À 17h, un char remorqué par un camion s’encastra dans le café la Pergola, place de la République. Ses propriétaires décidèrent alors de l’abandonner et y mirent le feu. La police fit alors évacuer la place alors que l’incendie menaçait de faire sauter le char et ses munitions. C’est cette explosion qui provoqua probablement une panique parmi les troupes allemandes qui entraîna la fusillade. Les soldats se mirent à mitrailler les alentours du théâtre, les allées Paul Riquet et la place Jean Jaurès (la citadelle) ce qui déclencha une panique parmi les nombreux habitants qui déambulaient sur ces Champs Élysées biterrois. Lorsque la fusillade cessa, on relevait près d’une quarantaine de blessés et surtout 8 morts : Charles Anselme, Pedro Costeils, Joseph Cazottes (Lespignan), Josette Boyer (16 ans), Alexandre Rouquette, Joseph Blasco, François Rouquié. Il fallait également y ajouter Louis Fonoll, jeune secouriste de 17 ans, tué alors qu’il relevait des blessés sur la place Jean Jaurès.
Victimes des fusillades du 20 août 1944
Gare SNCF :
Jacques JACOMY, 57 ans, contremaître maçon, père de trois enfants.
Louis FONOLL
Allées Paul-Riquet, place Jean-Jaurès :
Charles ANSELME
Joseph BLASCO
Josette BOYER
Joseph CAZOTTES
Pedro COSTEILS
Louis FONOLL
Alexandre ROUQUETTE
François ROUQUIÉ
Sources

SOURCE : Béziers Républicain, 24 février 1945, 3 mars 1945, 17 mars 1945

Richard Vassakos

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