Né le 4 août 1919 à Marseille (Bouches-du-Rhône), tué dans le combat le 17 juillet 1944 à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) ; mécanicien ; instructeur militaire parachuté, lieutenant des Forces françaises combattantes.

Début de la rue du 11 novembre, Aix-en-Provence, où Roger Olive a été tué au combat
Début de la rue du 11 novembre, Aix-en-Provence, où Roger Olive a été tué au combat
Cliché Robert Mencherini
Plaque commémorative Roger Olive, rue du 11 novembre
Plaque commémorative Roger Olive, rue du 11 novembre
Cliché Robert Mencherini
Roger Olive était le fils de Louis Marcel Olive et de son épouse Maria Baptistine, née Garron. Mobilisé en 1940 et rendu à la vie civile après l’armistice, Roger Olive vécut amèrement la défaite. Il souhaita continuer le combat et décida de franchir clandestinement les Pyrénées pour rallier la France libre. Il ne put le faire qu’après trois d’emprisonnement en Espagne et s’engagea le 1er avril 1943 dans le réseau action de la France combattante. Volontaire pour des missions en France occupée, il suivit alors, en Angleterre, tout le cursus des agents spéciaux : entraînement au parachutage, au sabotage et autres combats rapprochés. Au terme de celui-ci, dans la nuit du 10 au 11 avril 1944, Roger Olive fut parachuté sur le site d’Eymieux, près de Saint-Jean-en-Royan, dans la Drôme, en compagnie de trois autres agents, ainsi que de containeurs destinés au maquis du Vercors. Il rejoignit, en Provence, son alter ego, René Obadia, alias Pioche, également arrivé par la voie des airs en France en janvier 1944. Tous deux étaient en liaison avec Louis Burdet, alias Circonférence, parachuté en févier 1944, délégué militaire régional (DMR) de la France libre pour la région R2 (qui correspond à peu près à la région actuelle Provence-Alpes-Côte d’Azur). C’est sous le pseudonyme de Hache - les instructeurs militaires portaient des noms d’outils - que Roger Olive fut connu par les résistants. Mais il était également muni de faux papiers au nom de Marcel Rouget, né le 20 juillet 1919, à Marseille, garagiste, domicilié 27 allée des Demoiselles à Toulouse, 7e arrondissement.
Hache assura, avec Pioche, l’instruction militaire de groupes de résistants en région provençale, en particulier dans le cadre de la préparation du Plan Vert qui visait à paralyser le réseau ferroviaire. Après le débarquement de Normandie, ils prirent en charge plus d’une trentaine de coupures de voies ferrées en Vaucluse et dans les Bouches-du-Rhône et un déraillement de train. Parmi de multiples actions, ils eurent à leur actif le sabotage des centraux téléphoniques d’Aix et de Rognac, de dépôts de chiffons, cuir et essence à Gap et à Manosque et, à deux reprises, de l’entreprise Coder, sise dans la vallée de l’Huveaune, à l’est de Marseille, qui réparait le matériel ferroviaire. Les rapports de gendarmerie sur le sabotage de cette usine, le 21 juin 1944, mettent en évidence le professionnalisme et le sang froid de l’équipe de saboteurs, composée des deux instructeurs et du résistant aixois Milou Decory. Les trois hommes armés de pistolets et mitraillette, firent irruption dans l’usine entre 3 et 4 heures du matin, maîtrisèrent les gardiens et se firent remettre les clés du transformateur principal. Ils y disposèrent trois bombes, firent évacuer les gardiens et partirent à pied. Le transformateur fut mis hors d’usage et les dégâts, évalués à un million de francs, entrainèrent plusieurs jours d’arrêt de travail. Hache et Pioche organisèrent aussi l’exécution d’agents allemands, de traîtres ou de collaborationnistes et veillèrent à la sécurité des responsables de la Résistance.
À la mi-juillet 1944, les deux instructeurs étaient sur le qui vive : depuis une quinzaine de jours, une vague de répression frappait la Résistance régionale, en particulier MUR-MLN (Mouvements unis de Résistance - Mouvement de Libération nationale) et les membres de la Mission interalliée. Ils protégèrent, à Marseille, le matin du 16 juillet, une rencontre entre Circonférence et Robert Rossi, Levallois, chef militaire régional des FFI. Mais l’interception d’un courrier de la Résistance par les services du SIPO-SD (la Gestapo ») entraîna, plus tard dans la journée, l’arrestation de Levallois, à son domicile. Le courrier était également porteur de convocations pour une rencontre le lendemain, 17 juillet, à Aix-en-Provence, entre Levallois et des chefs de la Résistance, dont Max Juvenal, Maxence, responsable régional du MLN. Ce dernier informé du danger par Circonférence demanda à Hache et Pioche d’aller au rendez-vous prévu pour protéger les résistants qui n’avaient pu être prévenus. Ce qu’ils firent, armés et prêts à l’affrontement avec la « Gestapo », qui, de fait, envoya sur place plusieurs de ses agents.
Deux rapports de la « Gestapo » firent immédiatement le récit de cette opération, également évoquée, plus tard, par le responsable allemand de celle-ci, Ernst Dunker – Delage lors de son interrogatoire par la BST en juillet 1945. La rencontre devait avoir lieu vers 10 heures au Sport Bar, en haut du Cours Sextius, au centre d’Aix-en-Provence. Les Allemands se postèrent à proximité de l’établissement, surveillé de l’intérieur par un de leurs agents. Lassés par une vaine attente, ils s’apprêtaient à investir le bar lorsqu’ils repèrent quatre-cinq personnes « d’allure suspecte ». Celles-ci descendirent le cours et s’engouffrèrent dans la petite rue adjacente du 11 novembre. Ils les poursuivirent et ouvrirent le feu sur deux d’entre elles, mais furent pris à revers par Hache et Pioche, dissimulés dans une encoignure. Les résistants connaissaient bien les lieux et, sans nul doute, avaient préparé cette action. Antoine Tortora, Français au service de la « Gestapo » sous le matricule ME 101, fut tué de deux balles dans la tête et l’interprète allemand Heinrich Stadelhoffer fut grièvement blessé au pied. Pioche réussit à s’enfuir, ainsi qu’un résistant manchot qu’il nous est facile d’identifier comme le peintre Gabriel Laurin, Biel, garde du corps de Max Juvenal. En revanche, Roger Olive, atteint par une balle, agonisa derrière une porte de la rue du 11 novembre. Les services allemands notèrent qu’il était porteur d’un pistolet américain calibre 7,65, d’une forte somme d’argent et de papiers au nom de Marcel Rouget, mais ne découvrirent pas sa véritable identité. Il fut toujours désigné sous sa fausse identité dans le rapport établi après les faits par Ernst Dunker-Delage et retrouvé à la Libération (dit « Rapport Antoine », d’après le prénom de l’agent de la « Gestapo » ME 101, Antoine Tortora). Roger Olive apparaît sous le n° 28 dans ce texte (qui signale aussi la mort de Tortora), comme « Rouget, Garde du corps du président de l’exécutif et du chef politique régional Max Juvénal, alias Maxence ».
Londres fut informé de la mort de Hache, le 19 juillet 1944, par un télégramme de Louis Burdet, Circonférence. Roger Olive fut inhumé sous le nom de Marcel Rouget dans le cimetière Saint-Pierre d’Aix-en-Provence, ainsi qu’en attestent l’acte de décès de l’état-civil de cette ville, établi le 19 juillet 1944, et le témoignage de la résistante des Corps francs de la Libération (Mouvements unis de la Résistance), Madeleine Baudoin. Celle-ci suivit à distance le corbillard des indigents (orné tout de même d’une couronne barrée de tricolore) qui, le 20 juillet 1944, transporta le corps de Hache de la morgue de l’hôpital au cimetière. Elle assista à la descente du cercueil dans la fosse commune et parvint à noter le nom de Marcel Rougier (sic) inscrit sur celui-ci.
Après la Libération, l’inhumation définitive de Roger Olive eut lieu, le 17 décembre 1944, au cimetière Saint-Pierre. Toutes les autorités et les organisations de Résistance assistèrent à la cérémonie, en présence de la famille du résistant et d’une petite foule. Une allocution fut prononcée par Circonférence et la Croix de la Libération fut épinglée sur le cercueil recouvert du drapeau tricolore. Quelques mois plus tard, les autorités, les organisations de Résistance, la famille de Robert Olive et une assistance nombreuse participèrent également à l’hommage rendu à Hache, dans la matinée du 17 juillet 1945, pour l’anniversaire de sa mort. Ce jour-là, fut apposée, au début de la rue du 11 novembre (ex rue de la Guerre), une plaque commémorative : « A la mémoire de Roger Olive, dit Hache, officier saboteur de grande valeur, tué en combat contre les agents de la Gestapo à l’âge de 24 ans, mort pour que vive la France » (intitulé qui fut modifié par la suite). Une messe du souvenir fut dite en son honneur à l’église Saint-Jean de Malte. L’hommage fut renouvelé les années suivantes.
Roger Olive a obtenu la mention « Mort pour la France ». Il fut, à titre posthume, homologué lieutenant, cité à l’ordre de l’Armée, nommé chevalier de la Légion d’honneur et décoré de la Croix de guerre avec palme. Le nom de Roger Olive est inscrit sur la plaque commémorative « la ville d’Aix-en-Provence à ses morts et déportés de la Résistance », place des Martyrs de la Résistance, et sur le monument « Aux héros de la Résistance. Aux morts de la Libération » érigé cimetière Saint-Pierre d’Aix.
Sources

SOURCES : AVCC Caen 21P 124479. — Arch. dep. Bouches-du-Rhône, 58 W 20, rapport final sur l’affaire Antoine ; PV d’interrogatoire de Ernst Dunker Delage sur l’affaire Antoine par le principal chef de la BST, 9 juillet 1945. — Arch. dep. Bouches-du-Rhône, 76 W 129, « Gendarmerie à préfet délégué, 21 juin 1944 à 11 heures 15 », « Rapport du capitaine de la section de gendarmerie de Marseille, 22 juin 1944, « Situation générale de la région de Marseille du 23 juin 1944 », 76 W 130, information (des RG), 19 juillet 1944. « Engagement à Aix-en-Provence entre la police allemande et les mouvements de Résistance ». Service historique de la Défense, fonds BCRA, cote provisoire H6 588, rapports du 18 juillet 1944, signés M.G. Stadelhofer, interprète, et Schulze, St. Sturmscharfuhrer u. ks. — La Provence libérée, 16 et 23 décembre 1944, 14 et 21 juillet 1945. — Paddy Ashdown, La bataille du Vercors, une amère victoire, Paris, Gallimard, 2016. —« État des services de René Obadia, alias Pioche », « Discours de Louis Burdet, alias Circonférence, délégué militaire régional, sur la tombe de Roger Olive, instructeur militaire parachuté, après lecture de la citation accordée à Hache (17 décembre 1944) », Madeleine Baudoin, “ Témoins de la Résistance en R2, intérêt du témoignage en histoire contemporaine “, thèse de doctorat d’État, Université de Provence, 1977, 3 volumes. — Jean-Claude Pouzet, La Résistance mosaïque , Marseille, Jeanne Laffitte, 1990. — Robert Mencherini, Résistance et Occupation, 1940-1944, Midi rouge, Ombres et lumières. Histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-Rhône, 1930 - 1950 , tome 3, Paris, Syllepse, 2011, tome 4, La Libération et les années tricolores, 1944-1947, 2014. — État civil.

Robert Mencherini

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