Né le 18 septembre 1911 à Sierpc (Pologne), naturalisé français, massacré le 20 juillet 1944 à Lyon (VIIe arr., Rhône) ; fourreur ; victime civile juive.

Chaïm, Jeka Reingewirtz, dit Jean Reingewirtz, était le fils de Meyer et de Malka Gruda. Il était l’aîné d’une fratrie de cinq frères. Les Reingewirtz, juifs polonais originaires de Sierpc, s’exilèrent en France au milieu des années 1920. Ils s’installèrent à Besançon (Doubs). Meyer Reingewirtz, sa femme et ses cinq fils, Chaïm Jeka, Abraham, Raphaël, Jacob et Israël Aron (Arnold), furent naturalisés français par décret du 16 décembre 1930. A Besançon, Meyer Reingewirtz fut concierge. Chaïm Jeka Reingewirtz vécut à Pontarlier (Doubs), 24 grande rue. Il exerça la profession de fourreur.
Pendant la guerre, il se réfugia à Lyon (Rhône) avec au moins deux de ses frères, Raphaël et Arnold, Il demeura 13 rue Constantine (Ier arr.).
Le 27 juin 1944, Arnold Reingewirtz, qui était étudiant et demeurait 13 rue Constantine, fut arrêté à Lyon. Le 29 juin, Raphaël Reingewirtz fut à son tour appréhendé. Les deux frères furent incarcérés dans la « baraque aux juifs » à la prison de Montluc. Tous deux furent transférés à Drancy puis déportés le 31 juillet à Auschwitz par le convoi numéro 77.
Le 20 juillet 1944, Chaïm Jeka Reingewirtz fut exécuté à Lyon. Le lendemain matin, son corps fut découvert par la police « dans le terrain vague, près le bac à traille, rive gauche du Rhône, face contre terre, dans une flaque de sang ». Les policiers du commissariat de Jean Macé obtinrent peu d’informations sur les circonstances de sa mort : « il aurait été abattu hier entre 21h30 et 22h.- à l’endroit où il a été découvert et où il aurait été conduit par une voiture automobile dont le signalement n’a pu être recueilli. » S’il y a lien entre l’exécution de Chaïm Jeka Reingewirtz et l’arrestation de ses frères (ce qui semble probable), ces assassins étaient vraisemblablement des agents ou auxiliaires de la Gestapo.
Le cadavre de Chaïm Jeka Reingewirtz ne put être identifié. Il fut transporté à l’institut médico-légal. On lui attibua le numéro 347. Il fut photographié et décrit : chemisette blanche, rayure verticale bleue avec marque Clélys sport, chaussette gris chiné genre latex, chaussures basses jaunes pointure 41, cheveux châtains foncés. Il fut inhumé le 27 juillet 1944 au cimetière de la Guillotière (Lyon).
Le corps de Chaïm Jeka Reingewirtz fut reconnu par son père et son frère. Le 13 novembre 1944, son identité fut rétablie en marge de son acte de décès après jugement du tribunal civil de Lyon. Son corps fut exhumé le 21 novembre 1944 et enterré au cimetière de Lyon-La Mouche. Exhumé à nouveau le 24 novembre 1960, il fut transféré au cimetière de Ramat Ha-Sharon (Israël).
Le nom de Jean Reingewirtz apparaît sur une plaque commémorative située dans la synagogue de Besançon.
Arnold et Raphaël Reingewirtz furent rapatriés en France le 26 mai 1945.
Sources

SOURCES : Arch. Dép. Rhône, 45W50, 3460W4, 3335W28, 3335W19.— Arch. Mun. Lyon, acte de décès, 1899W016.— Journal officiel de la République française, Lois et décrets, 28 décembre 1930.— Site Internet de Yad Vashem.— Site Internet convoi77.org.— Site Internet du Mémorial de la Shoah.

Jean-Sébastien Chorin

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