Le 30 mars 1944, 16 personnes furent exécutées ou massacrées lors d’une opération de ratissage par la police allemande et des soldats de la Wehrmacht dans la région de Prondines, Cisternes-la-Forêt.
12 fusillés et brûlés dans leur refuge au Claveix, 3 fusillés à Villedieu et 1 à La Luquine. Réfractaires au STO, ces jeunes gens furent donc conduits à prendre le maquis, par mesure de sécurité pour éviter les nombreux contrôles de police.

Le 30 mars 1944, tôt le matin, une colonne avec le concours de la Milice, un bataillon de troupes allemandes de la Wehrmacht, des Feldgendarmes, et du matériel lourd quittèrent Clermont-Ferrand, sur ordre de Blumenkamp, chef de la Gestapo de Clermont-Ferrand
Ratissage au maquis du Claveix le 30 mars 1944 :
Une colonne se dirigea vers Le Claveix, hameau de Cisternes-la-Forêt. Le village fut encerclé. Les 12 réfractaires plus un civil réfugié dans une grange, furent capturés et exécutés à la mitraillette sur le champ. Les hommes furent ensuite entassés devant la porte d’entrée de la grange, arrosés d’essence et brûlés. Par miracle, un maquisard Lucien Giraud, malgré une blessure au bras et le dos brûlé réussit à s’extraire du brasier.
Une polémique anima les milieux de la Résistance au lendemain de la Libération sur l’origine de cette expédition. Deux explications furent avancées.
Selon le témoignage de Georges Mathieu, ancien résistant retourné par le SD, le drame serait la conséquence de l’arrestation en février 1944 de deux individus interrogés par la police allemande ; il s’agissait de Joseph Bourdelat alias « Jo », ancien chef du maquis de Prondines et Momen André, ancien maquisard de la même région. Leurs révélations et les documents extraits d’une valise trouvée lors d’une expédition du SD à Saint-Maurice-ès-Allier (Puy-de-Dôme) en décembre 1943 eurent pour conséquences de déclencher une vaste opération de ratissage dans la région : six maquis furent recensés et sur le carnet de route trouvé à Saint-Maurice figurait les noms de responsables des MUR, des lieux de dépôts d’armes... cibles permanentes de la Gestapo.
Mais en février 1945, le rescapé Lucien Giraud, dont le frère figurait parmi les victimes, déclara que Jo ne pouvait être retenu comme responsable d’une quelconque dénonciation, ayant quitté le camp avant que décision soit prise de rejoindre le Claveix où les hommes furent arrêtés. Il pointe en revanche l’attitude de l’autre rescapé, Paul Viessant, qui vient d’être condamné à 5 ans de travaux forcés par la Cour de Justice pour avoir servi dans l’armée allemande. Giraud note que Viessant avait quitté tôt le camp ce matin du drame alors qu’il ne se levait jamais tôt. En outre, le facteur l’aurait vu discuter avec des soldats allemands, lui qui savait leur langue.
En 1978, le Ministère de la Défense indiqua qu’il n’existait aucun citation à titre posthume pour le groupe des Victimes du Claveix mais uniquement des propositions pour la Médaille de la Résistance française à titre individuel.
Les victimes :
BEAULATON Pierre, Albert, Alias Pédago
CASTIE Marcel, Eugène
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COURNIL Roger Armand, alias Baby
COUSSERAND Marcel, alias Coucou
GIRAUD Bernard, alias Lou
GIRAUD Lucien
GUILLOT Jean Armand, alias Marin
KLEIMANN Boris, alias Bel Ami
MIGNOT Robert Louis Gabriel, alias Quinou
PACAUD Jean Claude, alias Bibi
POINAT Jean Pierre Marie, alias Bidule
SAIZ Lopez Ezéchiel, alias José
VERNADAL Pierre
Inhumation : dix fusillés ont leurs cendres déposées au Cimetière des Carmes à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Sur la stèle commémorative est inscrit :
« Ici reposent les cendres de 10 jeunes résistants fusillés et brûlés par les
Nazis au Claveix Commune de Cisternes -la-Forêt »
Leurs noms sont notés sur la plaque commémorative de Claveix, Commune de Cisternes-la- Forêt et sur le monument commémoratif
Ratissage du Maquis de La Luguine :
En parallèle, une colonne se dirigea, sous la conduite de trois prisonniers à La Luguine, au hameau de la commune de Prondines (Puy-de-Dôme)
Le village fut à son tour encerclé, mais la vieille bâtisse qui était censée abriter des réfractaires était vide . Cependant, furent trouvés de la nourriture, des vêtements, une mobylette et une carte d’identité qui confondit un paysan arrêté près de là. Interrogé, et brutalement frappé ce dernier fut sommé de s’expliquer et de fournir des renseignements sur les maquis et les réfractaires de la région. Devant son mutisme et son refus de coopérer, il fut fusillé sur le champ sur ordre du chef du SD, sa maison fut pillée et incendiée.
La victime :
MANDON Antonin
Un monument commémoratif fut érigée en sa mémoire « Pionnier de la résistance assassiné par les Allemands et les traîtres de la Milice, le 30 mars 1944 à l’âge de 38 ans »
Son nom est inscrit sur le Monument aux Morts de Prondines (Puy-de-Dôme).
Les actions contre les maquis locaux se poursuivirent ;
Au maquis l’Estival, les colonnes allemandes ne trouvèrent qu’un fusil de chasse et le village fut pillé, bombardé ainsi que les environs.
Maquis de La Villedieu :
À ce triste palmarès il faut ajouter trois résistants fusillés au hameau de La Villedieu. sur la commune de Cisternes-la-Forêt (Puy-de-Dôme).
Trois Victimes :
BARRIER François Marius Henri (père)
BARRIER François Marius Bernard (fils)
DIOGON Marcel Amable Michel
Les 3 noms sont inscrits à Cisternes-la-Forêt (Puy-de-Dôme)
- sur la plaque commémorative du Claveix
- et sur le Monument aux Morts
Toute la journée des actions se poursuivirent dans la région : Au maquis d’Estival sur la commune de Prondines, ils ne trouvèrent qu’un fusil de chasse mais le village fut pillé, brûlé et bombardé par des mortiers
À Saint-Hilaire-les Monges, arrestation du maire M. Colon et de M. Raymond qui décéda en déportation.
À la fin de la journée les troupes allemandes repartirent avec huit prisonniers, quelques armes saisies, les convois chargés de victuailles et laissèrent une région ruinée et profondément meurtrie.
Oeuvres

Ratissage de la région de Prondines (Puy-de-Dôme) le 30 mars 1944.

Sources

SOURCES : Archives Départementales du Puy-de-Dôme, 908W506. — SHD GR 19 P 63/1, dossier général. Le secrétaire de la Commission nationale de la Médaille de la Résistance française à la secrétaire départementale de l’ANACR, 21 août 1978. SHD GR 19 P 63/1, dossier général, p. 167. — Gilles Lévy, Drames et secrets de la Résistance, Paris, Presses de la Cité, 1984 .— Michelle Serre, La région de La Bourboule et du Mont-Dore pendant la seconde guerre mondiale, Ed. La Galipote 2017 .— Gilles Levy, Mémorial des Maquis et Hauts lieux de la Résistance, Ed. Presses de la Cité, 1986.— Pierre Montagnon, Les Maquis de la Libération, Ed. Pygmalion, 2000 .— La Montagne, édition Clermont Métropole, 4 juin 2014. — MémorialGenWeb. — La Voix du Peuple, 17 février 1945. — État civil de Prondines et de Cistrières La- Forêt.

Huguette Juniet

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