Né le 21 mars 1900 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), exécuté sommairement le 11 juin 1944 à Pinols (Haute-Loire) ; typographe à la Banque-de-France ; résistant au sein des Forces françaises de l’Intérieur (FFI), Maquis d’Auvergne.

Eugène Riberolle, souvent orthographié Riberolles, est le fils de Jacques Riberolle, cultivateur à Vertaizon, une commune une quinzaine de kilomètres à l’est de Clermont-Ferrand, et de Marie, née Chambige, qui travaillait dans un hôpital. Il s’est marié à Clermont-Ferrand le 22 avril 1922 à Marie-Antoinette Védrine. Le couple eut quatre enfants : Simone (1923), André (1926), Madeleine ( 1928) et Paulette (1930). Cette dernière épousa plus tard André Guérin qui était le fils de Eugénie Perret, résistante (internée d’octobre 1943 à avril 1944 puis déportée jusqu’en juin 1945) et sœur de Nestor Perret. Sa fille Simone partageait ses opinions. Pour avoir publiquement désigné et insulté une collaboratrice de la Milice, la jeune sportive fut arrêtée.
Il a effectué son service militaire en 1920 et 1921, en Algérie puis en Turquie.
Riberolle a travaillé comme typographe à l’Imprimerie de Busso puis a été engagé à l’Imprimerie de la Banque de France de Chamalières (Puy-de-Dôme). Il habitait 91 rue de Beaupeyras à Clermont-Ferrand. Mobilisé en 1939, il fut renvoyé dans ses foyers à l’issue de l’Armistice de 1940.
Le 15 octobre 1942, et sur la demande de Nestor Perret, fut créé au sein du personnel de la Banque de France de Chamalières, Vic-Le-Comte un groupe fort d’une centaine de Résistants dont Eugène Riberolle. Le groupe appartenait aux Mouvements Unis de la Résistance (MUR). Il était chargé en particulier de la diffusion de tracts et de journaux clandestins (Libération, Franc-Tireur, etc.), de propagande et de recrutement au sein des FFI, de transports d’armes de guerre parachutées. Il était sous les ordres du capitaine Roger Lauriat, alias Maxime, et Tony Moiroud, alias Latonne.
Le 24 mai 1944, un ordre fut donné : « Tous ceux qui le peuvent doivent rejoindre le Mont Mouchet ». Et c’est ainsi qu’ils laissèrent travail, famille et se trouvèrent très nombreux, en gare de Clermont-Ferrand, direction Saint-Chély d’Apcher (Lozère), et après un longue et pénible marche arrivèrent au Buron de la Sillarde, terme du voyage. Ce fut ensuite l’installation, la familiarisation avec les armes, la logistique et l’incertitude et la longue attente...
Eugène Riberolle partit le 26 mai. C’est au moment de son départ qu’il écrivit son journal, aujourd’hui conservé. Il prit le train jusqu’à Arvant (Haute-Loire) où avec ses camarades il ne put avoir la correspondance et dut se cacher en dehors du bourg.
Ils attendrirent les ordres mais non touchés ils durent attendre dans une grange. Les Michelin étaient eux tous partis par un train le même jour.
Ils sont repartis en train le lendemain, samedi 27 mai, en direction de Talizat via Neussargues. Il retrouva alors d’autres gens partis rejoindre le Mont-Mouchet. Ils purent alors manger et boire un coup et repartirent sur Loubaresse, Saint-Flour, le viaduc de Garabit avant d’arriver à 14 heures. De là, ils partirent à pied pour 20 km où il dut porter son sac ainsi que celui de son ami Robert. En chemin, ils retrouvent un groupe de scouts du lycée Godefroy de Bouillon, de Clermont-Ferrand, avant qu’un camion de charbon accepte de les charger jusqu’à leur point d’arrivée au Poste de commandement (PC). Le 28 mai, Eugène Riberolle, en tant que sous-officier, fut nommé chef de la 1ère section, placée sous les ordres de Streicher. La journée est consacrée à la formation, au ravitaillement dans une ferme proche et à l’installation de la section comme sentinelle pour une première nuit d’alerte. Eugène Besson soufre d’ampoules et du froid. Les hommes ont installé une cagna et s’abritent à 33 sous la tente quand la pluie redouble le 29 mai. Le lendemain, Riberolle reste au campement, souffrant toujours des pieds. Il note à quel point les hommes sont bien nourris, vin et fromage à chaque repas, sucre pour le café, distribution de tabac. Le 31 mai, son ami Robert souhaitant rejoindre le groupe de Riberolle, les deux hommes descendent en faire la demande au PC et doivent alors se mettent en alerte suite à un accrochage à 10 km de là de la 7ème Compagnie. Riberolle prend le commandement du poste avancé jusqu’à la fin de l’alerte. La journée du jeudi 1er juin est calme. Il entend parfois quelques tirs, des signes de nervosités de sentinelles. Le 2 juin, il entend au loin des tirs de canon. On lui apprend que des camions allemands auraient été attaqués et qu’ils se seraient retirés en laissant 50 morts contre 3 blessés chez les FFI. Il avait reçut l’ordre de rejoindre le PC avec ses hommes avant qu’un contre ordre leur demande de se placer en position avancée. La journée du 3 juin est calme. Il en profite pour faire sa lessive et boire un verre de blanc avec son adjudant et le soir un vin chaud avec ses camarades. Le 4 juin, il prend un tour de garde pour soulager ses hommes et retrouve d’autres camarades de la Banque de France, dont son ami Robert, prenant position devant eux. Le 5 juin il écrit que les bruits les plus diverses courent sur le débarquement et qu’il a appris la prise de Rome. Le lendemain, on leur annonce le débarquement anglo-américain. Ce sont des cris de joie, des tirs en l’air qui saluent cette annonce. On distribue un supplément de vin à tous pour fêter cela. Il insiste sur le bon accueil des fermiers alentours à leur égard. Le mercredi 7 juin, il note que des renforts arrivent de partout. Le soir, ils sont placés en alerte car on annonce l’arrivée de 500 Allemands et des tanks. L’alerte sera maintenant jusqu’au lendemain 14 heures. Le 8 juin est consacré à la vérification des munitions et à un nouveau repas à la ferme. Le 9 juin, après une patrouille, il change de secteur et passe au fusil-mitrailleur (FM). Le 10 juin, levé à 4 heures. Les hommes sont en alerte, casqués et couverts. Il pleut et il fait toujours froid. Les hommes partent se ravitailler à la ferme et entendent au tour les tirs de FM, mitrailleuses, mortiers mais ne sont pas concernés par les combats. On leur dit qu’il y aurait 2 000 Allemands, avec chars, qu’ils ont brûlé le village de Clavières (Cantal) et que les hommes ont un peu reculé.
Avec ses camarades de la Banque de France, il était sous les ordres du capitaine Bertrand et membres de la 14éme Compagne du Maquis du Mont-Mouchet.
Le 11 juin 1944, lors de l’assaut Allemand, 15 volontaires furent postés au pont du Crépoux, sur la route de Pinols (Haute-Loire) pour interdire et bloquer le passage des chars allemands, qui se dirigeaient vers le Mont-Mouchet. Un journée entière, ils réussirent à bloquer le passage de l’ennemi, mais malheureusement trois volontaires de la Banque de France de Chamalières furent massacrés lors de cette opération : Ferdinand Jacquemin, parfois orthographié Jacqmin, Didier Legland et Eugène Riberolle.
Selon l’enquête pour crimes de guerre une trentaine de FFI furent ainsi exécutés à Pinols.
Eugène Riberolle, alias El Dib dans la Résistance, fut reconnu « Mort pour la France, homologué FFI pour la période du 26 mai au 11 juin 1944 et reçut la Médaille militaire, la Croix de guerre et la Médaille de la Résistance. Le 14 mai 1960, il a reçu à titre posthume la carte de combattant volontaire de la Résistance (CVR).
Son nom est inscrit sur le Monument aux Morts 1939-1945 à La Glacière, quartier de Clermont-Ferrand et à la Stèle commémorative de la Banque de France à Paris.
Sources

SOURCES : AVCC Caen, AC 21 P 139932, dossier Eugène Riberolle (nc). — SHD Vincennes : GR 16 P 508549, dossier résistant d’Eugène Riberolle (nc). — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 908 W 496 : liste des fusillés, des massacrés dans la région du Puy-de-Dôme, 1er mars 1945. — Arch. Dép. du Puy-de-Dôme : 2546 W 8678, dossier de demande de la Carte de Combattant Volontaire de la Résistance pour Eugène Riberolle. — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 908 W 93 : crimes de guerre à Pinols et Auvers. — Livre d’Or édité par les Maquisards et Résistants de la Banque de France, Chamalières, Vic-Le-Comte, Clermont-Ferrand, Imprimerie Egullion, 1971. — Eugène Martres, L’Auvergne dans la tourmente, 1939-1935, Ed. de Borée, 2000. — Manuel Rispal, Tout un Monde au Mont-Mouchet, 1940-1945, Ytrac, Editions Authrefois, 2014. — Journal personnel d’Eugène Riberolle au Mont-Mouchet (archives privées Laura Artusi). — Sophie Leclanché, "Portraits de deux combattants des maquis d’Auvergne", La Montagne [en ligne]. Publié le 19/06/2015. — Mémoire des Hommes. — MémorialGenWeb. — État-civil Clermont-Ferrand.

Huguette Juniet, Eric Panthou, compléments par Marie-Cécile Bouju

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